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Réponse du Hamas à l’annonce du plan Trump pour Gaza attendue

Le Hamas doit encore faire connaître sa réponse au plan de paix pour Gaza de Donald Trump, approuvé publiquement par le Premier ministre israélien. Après bientôt deux ans de guerre, l’offensive israélienne menée en représailles à Gaza a fait 66.055 morts, en majorité des civils, selon les chiffres du ministère de la Santé du gouvernement du Hamas.


Le Hamas doit encore communiquer sa réponse au plan de paix pour Gaza proposé par Donald Trump, soutenu publiquement par le Premier ministre israélien. Ce dernier a cependant précisé mardi que l’armée continuerait d’être présente « dans la majeure partie » du territoire palestinien.

Après près de deux ans de conflit, la Maison Blanche a dévoilé une proposition en 20 points censée mettre fin à la guerre déclenchée par l’attaque violente du 7 octobre 2023, orchestrée par le Hamas contre Israël, ayant causé des dizaines de milliers de morts et réduit Gaza à un champ de ruines.

Le plan inclut un cessez-le-feu, la libération sous 72 heures des otages détenus par le Hamas, le désarmement du groupe islamiste au pouvoir à Gaza depuis 2007, ainsi qu’un retrait progressif de l’armée israélienne avant l’établissement d’une autorité de transition.

Suite à une rencontre à Washington avec le président américain, Benjamin Netanyahu a déclaré lundi soutenir ce plan, tout en précisant qu’il se réservait le droit de « terminer le travail » par les armes si le Hamas le bloquait ou le refusait.

Dans une vidéo diffusée mardi, il a affirmé que les forces armées israéliennes resteraient « dans la majeure partie de la bande de Gaza ». « Nous récupérerons tous nos otages, vivants et en bonne santé, » a déclaré Benjamin Netanyahu, ajoutant que « Tsahal ne se retirerait pas tandis que le Hamas pourrait renforcer son contrôle sur la bande ».

Des médiateurs du Qatar et de l’Égypte ont annoncé avoir transmis ce document aux négociateurs du Hamas, dont la réponse n’était pas connue mardi. Cependant, dans la bande de Gaza, où la quasi-totalité de la population a dû fuir en raison des combats, le plan a été accueilli avec scepticisme, après deux précédentes trêves avortées.

« Inefficace, ce plan a été conçu avec des conditions que les États-Unis et Israël savent inacceptables pour le Hamas, » a déclaré Ibrahim Joudeh, ingénieur informatique de 39 ans.

En Israël, le Forum des familles d’otages a salué « un accord historique ». Isolé sur la scène internationale et confronté à des manifestations en faveur du retour des otages, Benjamin Netanyahu subit également des pressions de ses alliés d’extrême droite au sein du gouvernement, qui sont opposés à tout accord mettant fin à la guerre.

Un ministre, Bezalel Smotrich, a qualifié mardi le plan de Trump d' »échec diplomatique retentissant » et d’oubli « des leçons du 7 octobre ».

L’attaque a causé la mort de 1.219 personnes en Israël, majoritairement des civils, selon un bilan de l’AFP basé sur des données officielles. Sur les 251 personnes enlevées lors de cette attaque, 47 sont toujours retenues à Gaza, 25 d’entre elles étant décédées selon l’armée israélienne.

L’offensive israélienne de représailles à Gaza a fait 66.055 morts, également majoritairement des civils, selon les chiffres du ministère de la Santé du gouvernement du Hamas, jugés fiables par l’ONU.

Selon le plan américain, une fois les otages libérés, Israël libérerait 1.700 Gazaouis emprisonnés après l’attaque du 7 octobre, ainsi que 250 Palestiniens condamnés à perpétuité. La bande de Gaza serait dirigée par une autorité temporaire excluant le mouvement islamiste. Ce gouvernement serait sous la supervision d’un « comité de la paix » présidé par Donald Trump, avec Tony Blair, ancien Premier ministre britannique, comme membre. Blair a qualifié le projet d' »audacieux et intelligent ».

Parmi les mesures clés du plan, les États-Unis s’engageraient à travailler avec des « partenaires arabes et internationaux pour établir une Force internationale de stabilisation (ISF) qui serait déployée à Gaza à mesure du retrait de l’armée israélienne ». « Personne ne sera contraint de quitter Gaza, » précise le texte, bien que Donald Trump ait évoqué auparavant l’idée d’évacuer le territoire de ses habitants.

Les membres du Hamas qui renonceront à la violence et accepteront une « coexistence pacifique » avec Israël seraient « amnistiés ». Ceux souhaitant quitter Gaza pourraient bénéficier d’un droit de passage « protégé » vers d’autres pays.

Benjamin Netanyahu a également affirmé lundi que l’Autorité palestinienne, basée à Ramallah, en Cisjordanie occupée, n’aurait « aucun rôle à jouer » à Gaza, sauf si elle ne procédait pas à « une transformation véritable et radicale ».

De nombreux pays, notamment arabes et musulmans, ont salué lundi le plan de paix proposé par Donald Trump. L’Égypte, la Jordanie, l’Arabie saoudite, le Qatar, les Émirats arabes unis, la Turquie, l’Indonésie et le Pakistan ont exprimé dans un communiqué leur soutien aux efforts du président américain pour mettre fin à la guerre à Gaza. Ils ont réaffirmé leur volonté d’un engagement positif et constructif avec les États-Unis pour finaliser l’accord et garantir sa mise en œuvre.

En Europe, Emmanuel Macron a également remercié Donald Trump pour son « engagement » dans la résolution du conflit et a souhaité qu’Israël s’engage sur cette base. « Le Hamas n’a pas d’autre choix que de libérer immédiatement tous les otages et de suivre ce plan, » a-t-il écrit sur X.

Antonio Costa, président du Conseil de l’Union européenne, a exhorté tous les acteurs à « saisir ce moment pour donner une véritable chance à la paix », qualifiant la situation à Gaza d' »intolérable. »

Le ministre allemand des Affaires étrangères, Johann Wadephul, a affirmé que cette guerre pourrait enfin toucher à sa fin. « Cette occasion ne doit pas être gâchée. Le Hamas doit la saisir, » a-t-il ajouté.

Le gouvernement italien, dirigé par Giorgia Meloni, a évoqué un « projet ambitieux pour la stabilisation, la reconstruction et le développement de Gaza », le qualifiant de « tournant ».

Tony Blair a salué un plan qu’il considère comme offrant la meilleure chance de mettre fin à deux années de guerre.

Pour sa part, l’Autorité palestinienne a mis en avant les « efforts sincères et déterminés » de Donald Trump, affirmant avoir confiance en sa capacité à trouver un chemin vers la paix. En revanche, le Jihad islamique a qualifié ce plan d' »agression » contre les Palestiniens et a dénoncé un accord américano-israélien représentant l’ensemble de l’establishment israélien.

Au sujet de la répartition de 30.000 demandeurs d’asile, l’UE teste son nouveau mécanisme de solidarité. Cette nouvelle politique migratoire fera l’objet de son premier vrai test dans les semaines à venir, alors que les Vingt-Sept redoutent des tractations difficiles.

L’Union européenne a adopté en 2024 une réforme migratoire majeure, qui entrera en vigueur prochainement. Ces mesures incluent un nouveau système pour prendre en charge les demandeurs d’asile. Pour alléger la pression sur les pays le long des routes migratoires, les autres États membres devront se compromettre chaque année à relocaliser un certain nombre de demandeurs d’asile ou, à défaut, à verser une contribution de 20.000 euros par demandeur d’asile aux pays sous pression. Un minimum de 30.000 relocalisations est requis chaque année. Les négociations sur la répartition de ces personnes parmi les 27 pays de l’UE doivent bientôt commencer.

Un diplomate européen souligne que bien qu’il soit logiquement simple d’envoyer 1.000 personnes d’un pays à un autre, la complexité politique est grande. Un autre responsable admet que cette question est « plus difficile que tout », citant les critiques venant de Donald Trump concernant la politique migratoire européenne qui exacerbent la pression sur le continent.

« On devrait rappeler aux États membres qu’ils ont négocié ce texte, » a déclaré l’eurodéputée Fabienne Keller à l’AFP, plaidant pour évaluer les chiffres objectivement, sans céder à la démagogie populiste.

Les négociations pour la mise en œuvre de ce système devraient s’étendre sur tout l’automne. La Commission européenne fera d’ici le 15 octobre une évaluation sur quels pays de l’UE sont considérés comme sous pression migratoire selon plusieurs critères (nombre d’arrivées irrégulières, taille du pays, etc.).

Le débat autour de cette évaluation est déjà sensible, et sur cette base, les États membres discuteront de combien de migrants chacun est prêt à « relocaliser » ou de l’aide financière qu’ils peuvent offrir. Plusieurs cycles de négociations sont prévus avant une décision finale nécessaire d’ici la fin de l’année.

Les États membres s’efforcent également d’améliorer le renvoi des déboutés d’asile, car moins de 20 % des décisions d’expulsion sont actuellement appliquées dans l’UE, une statistique souvent utilisée par ceux qui plaident pour une politique migratoire plus stricte. Trois propositions visant à renforcer les règles en vigueur sont à l’étude. Si elles sont adoptées, elles pourraient permettre aux États membres d’établir des centres en dehors des frontières de l’UE pour y envoyer les migrants dont la demande d’asile a été refusée. Les gouvernements espèrent également parvenir à un accord d’ici Noël.