Maroc

L’UE teste un mécanisme de solidarité pour 30.000 migrants.

Au moins 30.000 demandeurs d’asile doivent être répartis d’ici Noël selon la nouvelle politique migratoire de l’UE, qui prévoit un système de prise en charge des demandeurs d’asile et impose aux États membres de relocaliser un certain nombre de ces personnes ou de verser 20.000 euros par demandeur d’asile. La Commission européenne doit déterminer d’ici le 15 octobre quels pays de l’UE sont sous « pression migratoire » selon plusieurs critères, afin que les États membres débattent du nombre de migrants à relocaliser et de l’aide financière à verser.


Au moins 30 000 demandeurs d’asile doivent être répartis d’ici Noël : la nouvelle politique migratoire de l’UE va subir un premier véritable test au cours des prochaines semaines, les Vingt-Sept redoutant des négociations particulièrement délicates sur ce sujet. En 2024, l’Union européenne a adopté une vaste réforme migratoire qui sera mise en œuvre d’ici quelques mois.

Parmi les nombreuses mesures proposées, ce texte institue un nouveau système de prise en charge des demandeurs d’asile sur le continent. Pour alléger la charge des pays situés le long des routes migratoires, tels que la Grèce ou l’Italie, les autres États membres devront s’engager chaque année à relocaliser un certain nombre de demandeurs d’asile sur leur territoire. À défaut, ils devront verser une contribution financière de 20 000 euros par demandeur d’asile aux pays sous pression.

Un minimum de 30 000 relocalisations est exigé chaque année, et les premières discussions sur la répartition de ces personnes parmi les 27 pays de l’UE sont sur le point d’être lancées.

Quels États seront disposés à accueillir des demandeurs d’asile d’autres pays ? Le défi est considérable. « D’un point de vue logistique, c’est assez facile de prendre 1 000 personnes d’un autre pays : tu envoies des bus, des avions », laisse entendre un diplomate européen. « C’est politiquement que c’est très compliqué », précise-t-il sous couvert d’anonymat.

Ce dossier est « plus difficile que tout », ajoute un autre responsable, mentionnant les critiques acerbes formulées par Donald Trump mardi à l’ONU à l’encontre de la politique migratoire européenne, ce qui a encore accentué la pression de l’autre côté de l’Atlantique. « Peut-être faudrait-il rappeler aux États membres qu’ils ont quand même négocié ce texte », répond l’eurodéputée Fabienne Keller à l’AFP.

« Tout l’intérêt de ce nouveau système est de considérer les chiffres de manière objective, sans céder à des démagogies populistes », défend l’élue centriste, qui a plaidé pour l’adoption de cette vaste réforme migratoire au Parlement européen.

Les négociations relatives à la mise en place du nouveau système devraient se poursuivre tout l’automne. Première étape : l’établissement d’une liste. La Commission européenne devra déterminer d’ici le 15 octobre quels pays de l’UE elle considère comme étant sous « pression migratoire », sur la base d’une série de critères (nombre d’arrivées irrégulières, taille du pays, etc.).

Le sujet est si délicat que même la méthode de calcul a suscité des discussions. Sur cette base, les États membres débattront ensuite du nombre de migrants qu’ils sont prêts à « relocaliser » sur leur territoire ou de l’aide financière qu’ils sont disposés à offrir. Plusieurs rounds de négociations sont prévus pour cela. Une décision finale, nécessaire, doit être prise d’ici la fin de l’année.

En parallèle des discussions sur la gestion des arrivées, les États membres travaillent également à améliorer les expulsions des déboutés d’asile. Actuellement, moins de 20 % des décisions d’expulsion de migrants sont effectivement appliquées au sein de l’UE, un chiffre fréquemment cité par les partisans d’une ligne migratoire plus stricte.

Trois propositions sont à l’étude pour renforcer les règles en vigueur. Si elles sont adoptées, elles permettront notamment aux États membres d’ouvrir des centres en dehors des frontières de l’UE pour y envoyer les migrants dont la demande d’asile aurait été rejetée, ces centres étant désignés comme des « hubs de retours ».

Les États membres espèrent, là encore, parvenir à un accord d’ici Noël.