Donald Trump pourrait-il utiliser le shutdown pour ne pas purger l’administration ?
Ce 1er octobre marque le début de l’exercice fiscal 2026 aux États-Unis, et les élus du Congrès avaient jusqu’à hier 30 septembre pour adopter un budget. Lors d’un shutdown, le versement de nombreuses aides sociales est aussi perturbé, et cette paralysie budgétaire pourrait toucher quatre millions de personnes.
Littéralement, « shutdown » en anglais signifie « fermeture ». Cette situation est prévue par la loi américaine en cas de non-vote du budget par le Congrès. C’est précisément ce qui vient d’arriver.
Le 1er octobre marque le début de l’exercice fiscal 2026 aux États-Unis. Les membres du Congrès avaient jusqu’au 30 septembre pour adopter un budget, même temporaire. L’objectif était de voter un projet de loi de financement à court terme, valable jusqu’au 21 novembre, afin de prolonger le délai pour finaliser les douze lois de financement annuelles. Aux États-Unis, certaines dépenses publiques, comme celles liées à la sécurité sociale, sont considérées comme obligatoires et, par conséquent, autorisées en permanence. Les autres dépenses, qualifiées de discrétionnaires, doivent être validées chaque année par le Congrès à travers douze lois de crédits. Ces dernières représentent un tiers des dépenses publiques fédérales.
Pour que le projet de loi de financement à court terme soit adopté, les Républicains avaient besoin de quelques voix des Démocrates, manquant notamment de sept voix au Sénat, où une « super » majorité de 60 voix sur 100 est requise pour approuver un texte budgétaire. En retour, les Démocrates exigeaient que des centaines de milliards de dollars en dépenses de santé soient rétablies. Cependant, aucun accord n’a été trouvé.
Au début de cet exercice fiscal, il n’y a donc ni projet de loi de financement à court terme ni aucune des douze lois de budget prévus pour les ministères et agences fédérales. Cela entraîne un shutdown, avec une interruption des activités gouvernementales jusqu’à ce qu’un accord budgétaire soit atteint.
**Que se passe-t-il lors d’un shutdown ?**
On sait ce qu’entraîne un shutdown, car ce n’est pas le premier que le pays traverse. Quatorze shutdowns ont eu lieu depuis 1981, durants de quelques heures à plusieurs semaines.
Concrètement, cela signifie que 750 000 fonctionnaires, allant des inspecteurs des impôts aux employés de la NASA, en passant par ceux des parcs nationaux, ne seront temporairement plus payés et seront mis à pied. Temporairement, car dès que le financement de leur agence ou département aura été voté, ils reprendront leur travail avec un paiement rétroactif.
Toutefois, certains fonctionnaires jugés « personnel essentiel », comme les forces armées ou les aiguilleurs du ciel, devront continuer à travailler sans salaire.
Le versement de nombreuses aides sociales sera également affecté : cette paralysie budgétaire pourrait toucher environ quatre millions de personnes, une situation très mal vue, que les Démocrates comme les Républicains tentent généralement d’éviter tout en se renvoyant mutuellement la responsabilité.
**Des effets directs et indirects de cette paralysie des administrations**
Cette réduction temporaire des dépenses publiques a des conséquences économiques.
D’abord, cela entraîne une diminution temporaire des services publics, ce qui influence le produit intérieur brut (PIB). On estime qu’un mois de shutdown pourrait diminuer le PIB trimestriel réel de 0,5 % à 1,5 %. Bien qu’il y ait un effet de rattrapage, lorsque les fonctionnaires seront de nouveau rémunérés, il est peu probable que toute consommation perdue soit entièrement compensée, par exemple les dépenses de repas que les fonctionnaires auraient effectuées s’ils avaient travaillé, ou leurs frais de transport.
**Message politique avant les élections de mi-mandat**
Un shutdown envoie aussi un message de profonde division au sein de la classe politique sur des questions budgétaires, créant ainsi un climat d’incertitude.
Cette situation déprime tout le monde : consommateurs, chefs d’entreprises, investisseurs. Ces dysfonctionnements résultent également de stratégies politiques : chaque camp pense en tirer un avantage en montrant sa détermination à défendre des positions extrêmes, essentielles pour mobiliser leurs électeurs en vue des prochaines échéances.
Les élections de mi-mandat auront lieu en novembre 2026, remettant en question la majorité présidentielle au Congrès.
**Un shutdown plus sévère que d’habitude aux États-Unis : une stratégie de Trump ?**
Selon la presse américaine, la Maison-Blanche a déjà évoqué la possibilité de licenciements massifs et permanents au sein des agences gouvernementales, poursuivant ainsi les purges commencées depuis le retour de Trump à la Maison Blanche.
Pour Donald Trump, un shutdown aujourd’hui serait une manière de séduire les libertariens et les partisans de la réduction de l’État fédéral. Cependant, il est peu probable qu’il souhaite que cette paralysie dure trop longtemps, car cela impliquerait moins de personnel pour des tâches essentielles, comme la gestion du Bureau ovale ou la surveillance de l’économie. Trump a déjà vécu un shutdown de 34 jours, le plus long de l’histoire américaine, lors de son premier mandat en 2018.

