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« Shutdown » : les États-Unis ne sont pas en mesure de sortir de la paralysie budgétaire

Environ 750.000 fonctionnaires vont être mis quotidiennement au chômage technique. Les démocrates dénoncent le manque de volonté de négociation, affirmant que « ce n’est pas une question d’orgueil ».


Plusieurs centaines de milliers de fonctionnaires seront mis au chômage technique, entraînant d’importantes perturbations pour les usagers des services publics. Cette situation, particulièrement impopulaire aux États-Unis, est inédite depuis sept ans et chaque parti s’accuse déjà mutuellement de cette impasse.

Donald Trump a déclaré mardi après-midi que les démocrates « veulent tout fermer, nous ne le voulons pas », adoptant un ton légèrement menaçant. Il a ajouté que « beaucoup de bonnes choses peuvent ressortir des +shutdowns+, on peut se débarrasser de beaucoup de choses dont nous ne voulons pas, et ce seraient des choses démocrates. » Cela fait référence à son intention d’utiliser la suspension de certaines administrations pour intensifier le licenciement de milliers de fonctionnaires fédéraux, un processus déjà commencé avec la commission Doge de son ex-allié Elon Musk.

Les démocrates, à leur tour, dénoncent un manque de volonté de négociation. Chuck Schumer, le chef de la minorité démocrate au Sénat, a affirmé lors d’un point presse que « ce n’est pas une question d’orgueil », mais parce que « les Américains souffrent de coûts plus élevés à travers le pays, que ce soit à cause des droits de douane, des coûts de l’énergie ou des coûts alimentaires, » et il a critiqué les frais de santé qui « grimpent en flèche. »

Environ 750.000 fonctionnaires seront mis quotidiennement au chômage technique. Les services de transport aérien pourraient être affectés et le paiement de certaines aides sociales sera fortement perturbé. De plus, les parcs nationaux seront privés des rangers chargés de leur entretien, à l’approche de la saison des feuilles d’automne, un moment qui attire des millions de touristes aux États-Unis.

Donald Trump est habitué aux « shutdowns » ; le dernier avait eu lieu durant son premier mandat, de décembre 2018 à janvier 2019, et avait duré 35 jours, un record. Russell Vought, directeur du Bureau du budget à la Maison Blanche, a déclaré qu’il n’était pas certain de la durée durant laquelle les démocrates maintiendront leur « posture intenable », rendant difficile la prédiction d’un possible shutdown. Après l’échec d’un vote au Sénat, il a ordonné aux administrations fédérales de « mettre en application leurs plans pour une fermeture ordonnée ».

Le Bureau budgétaire du Congrès estime que cette paralysie pourrait réduire de 0,2 point de pourcentage la croissance annuelle du PIB américain pour chaque semaine de suspension. Cependant, les marchés mondiaux n’ont pas montré d’inquiétude à l’approche de cette échéance ; le Dow Jones à Wall Street a même atteint un nouveau record à la clôture mardi.

Bien que les républicains aient la majorité dans les deux chambres du Congrès, le règlement du Sénat exige qu’un texte budgétaire soit adopté avec 60 voix sur 100, nécessitant au moins sept voix démocrates. Actuellement, les républicains proposent une extension du budget actuel jusqu’à la fin novembre, affirmant qu’aucune autre proposition n’est sur la table. En revanche, les démocrates exigent le rétablissement de centaines de milliards de dollars de dépenses de santé, notamment dans le programme d’assurance santé « Obamacare » pour les ménages à faible revenu, finalement supprimé par l’administration Trump.

En mars, alors que la menace d’un shutdown se profilait, les républicains avaient refusé d’engager le dialogue sur les importantes coupes budgétaires décidées par l’administration Trump. Dix sénateurs démocrates, dont Chuck Schumer, avaient alors voté à contrecœur pour le texte des républicains afin d’éviter la paralysie fédérale, ce qui avait suscité une vive réaction au sein du camp démocrate, où de nombreux militants les accusaient de céder face à Donald Trump et à son programme jugé radical.