Précision sur la biodiversité : la Belgique ne serait-elle pas à la traîne ?
L’Europe ambitionne de restaurer au moins 30% des écosystèmes dans un bon état, selon Grégory Mahy. En Belgique, moins de 5% du territoire a une qualité écologique suffisante pour accueillir des écosystèmes avec une biodiversité élevée ou originale.
À travers son règlement sur la restauration de la nature, l’Europe ambitionne de restaurer au moins 30 % des écosystèmes dans un bon état, c’est-à-dire « avec de la biodiversité, avec des sols en bonne santé qui contribuent également à l’adaptation au changement climatique », précise Grégory Mahy. Toutefois, cette volonté se traduit-elle par une feuille de route claire pour la Belgique et ses régions ?
« On n’a pas vraiment une vision belge. C’est plutôt un agrégat de contributions des régions », constate-t-il. Selon lui, les régions n’ont pas encore véritablement avancé : « Elles n’ont pas fixé réellement leurs objectifs, ni les méthodes pour y arriver. Et on ne peut pas dire que les acteurs essentiels du redéploiement de la nature soient réellement impliqués dans la réflexion ». Dans son rapport quinquennal, l’agence européenne de l’environnement critique l’organisation institutionnelle de la Belgique, qui freine la mise en œuvre des politiques nécessaires.
Les performances de la Belgique demeurent insuffisantes pour mettre un terme à la perte de biodiversité, améliorer la qualité de l’eau et la santé des sols, et réduire les pratiques agricoles intensives, conclut l’agence européenne. « Les politiques qui sont mises en œuvre au niveau gouvernemental ne passent pas réellement pour l’instant par le biais de la transformation des productions agricoles, des méthodes de production », ajoute-t-il. Un point crucial pour Grégory Mahy : « Plus de 40 % du territoire wallon dépend de ces méthodes de production agricole ». Pourtant, déplore-t-il, « les budgets consacrés spécifiquement au redéploiement de la biodiversité ont été très significativement diminués dans cette législature ».
Malgré ses efforts dans la lutte contre le changement climatique, l’Europe est confrontée à un déclin de la biodiversité et doit faire beaucoup plus pour sauver la nature, constate l’Agence européenne pour l’environnement. Ce rapport n’est pas le premier signal d’alerte et les choses évoluent peu, ou dans un sens négatif. « Notre lien avec le monde vivant et sa diversité est vraiment fondamental. Malheureusement, nous ne le percevons plus au quotidien, ni politiquement », observe-t-il.
Il est à noter que pour deux tiers des citoyens belges, l’impact personnel du changement climatique reste « modéré », soulevant des questions sur le sentiment d’urgence, selon l’Agence européenne de l’Environnement. Grégory Mahy souligne que l’ampleur de la menace n’est pas suffisamment perçue : « Nous sommes habitués à vivre dans un monde qui est peu diversifié. Nous sommes dans un monde globalement pauvre en espèces et en écosystèmes diversifiés, donc nous ne voyons plus vraiment ce qui se passe ». En effet, moins de 5 % du territoire belge a une qualité écologique suffisante pour accueillir des écosystèmes avec une biodiversité élevée ou spécifique. « On est vraiment très très loin de ce dont on a besoin comme surface et comme qualité biologique pour pouvoir renverser la tendance ».
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