France

Yvelines : Dentistes soupçonnés d’escroquer patients et CPAM avec des montres de luxe et de l’argent liquide.

Les quatre chirurgiens-dentistes, installés près de Mantes-la-Jolie dans les Yvelines, devront s’expliquer en mars 2026 devant le tribunal de Versailles concernant des montres de luxe achetées avec de l’argent d’origine suspecte. Selon la gendarmerie, le bénéfice criminel présumé de cette escroquerie était évalué à 2,3 millions d’euros pour un préjudice de la CPAM de plus de 500.000 euros.


Rolex, Patek Philippe ou Audemars Piguet. Ces chirurgiens-dentistes, situés près de Mantes-la-Jolie dans les Yvelines, avaient une préférence pour les montres de luxe suisses. Cependant, une enquête de gendarmerie, menée sur une durée d’un an, a mis en lumière que ces montres étaient acquises avec des fonds dont l’origine est douteuse. Les dentistes devront s’expliquer devant le tribunal de Versailles en mars 2026. « Je salue l’aboutissement de cette enquête dont le montant du préjudice est exceptionnel », a déclaré à 20 Minutes le colonel Denis Hebinger, commandant de la section de recherches de la cité royale.

L’enquête débute en octobre 2024, lorsque le cabinet dentaire attire l’attention de la CPAM pour « un nombre anormalement élevé de soins médicaux onéreux », selon le communiqué de la gendarmerie. Il est rapporté que les dentistes posaient cinq à six fois plus d’implants dentaires que la moyenne. Un enquête est alors ouverte par le parquet de Versailles, confiée aux gendarmes de la section de recherche.

Un nombre excessif d’implants posés

Les gendarmes effectuent de nombreuses perquisitions et interrogent les suspects. Ils découvrent rapidement que les praticiens surfacturent certains patients. « On vient pour une carie et on ressort avec un implant », confie à 20 Minutes une source proche du dossier. Les quatre dentistes sont également soupçonnés d’avoir falsifié les données transmises à la CPAM, en établissant une double comptabilité. Grâce à cela, ils auraient obtenu « des remboursements qui n’auraient pas dû être faits », ajoute cette même source.

Les gendarmes les soupçonnent également d’avoir utilisé l’argent de la société pour financer leur train de vie luxueux, avec l’aide présumée de leur expert-comptable. Par ailleurs, afin d’attirer un plus grand nombre de patients et d’augmenter leurs revenus, ils auraient confié à des assistants la réalisation de certains actes médicaux sans les qualifications nécessaires.

Paiements en liquide

Les patients étaient incités à régler leurs factures en espèces, argent utilisé par les suspects pour acquérir des montres de luxe, dont le prix se situe entre 20 000 et 80 000 euros chacune. « À l’issue des investigations, le bénéfice criminel présumé de cette escroquerie était évalué à 2,3 millions d’euros pour un préjudice à la CPAM de plus de 500 000 euros », a déclaré la gendarmerie dans son communiqué. Les enquêteurs ont saisi plus d’1,4 million d’euros d’avoirs criminels.

Agés d’une trentaine d’années, les suspects ont racheté leur cabinet il y a presque six ans. L’année 2022 a marqué un tournant avec l’arrivée d’un nouvel dentiste, qui, selon nos informations, aurait initié ses confrères aux méthodes leur permettant de s’enrichir aux dépens de leurs patients et de la CPAM. Après plusieurs gardes à vue, les suspects nient les accusations portées contre eux.

Les cinq suspects ont été présentés au parquet de Versailles vendredi. Ils seront jugés dans cinq mois pour escroquerie en bande organisée au préjudice de la CPAM, faux et usage de faux, abus de biens sociaux, travail dissimulé, complicité d’exercice illégal de la profession de chirurgien-dentiste et blanchiment de crime ou délit. En attendant leur procès, ils ont été placés sous contrôle judiciaire avec interdiction d’exercer leur profession et de quitter le territoire.