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Guerre à Gaza : Trump évoque un plan de paix, le Hamas entre deux feux

Le Hamas doit fournir une réponse au plan de paix à Gaza proposé lundi par les États-Unis, qui comprend 20 points, dont le retour de tous les otages dans les 72 heures. Selon le ministère de la Santé du Hamas, plus de 66.000 personnes ont perdu la vie à Gaza.


Le Hamas a annoncé que sa décision pourrait prendre plusieurs jours, en raison de la complexité de la situation. Toutefois, le mouvement palestinien est contraint de répondre au plan de paix pour Gaza proposé lundi par les États-Unis. Soutenu par le Premier ministre israélien, Benyamin Netanyahou, ce projet est composé de 20 points. Parmi ceux-ci figurent le retour de tous les otages dans un délai de 72 heures et la stipulation qu’« Israël n’occupe ni n’annexe Gaza ». La question demeure : le Hamas va-t-il accepter ce plan ?

La « meilleure chance d’aboutir à la fin de la guerre à Gaza », selon Berlin, reste « très imprécise », souligne Alain Gresh, journaliste et spécialiste du conflit israélo-palestinien. Il note ainsi que « Benyamin Netanyahou a expliqué mardi matin qu’il n’y aurait pas d’État palestinien, alors que c’est pourtant mentionné dans le plan ! », détaille l’auteur de Palestine, *Un peuple qui ne veut pas mourir* (Éd. Les Liens Qui Libèrent). Ce plan utilise pourtant le conditionnel : « À mesure que le redéveloppement de Gaza progresse […], les conditions pourraient enfin être réunies pour ouvrir une voie crédible vers l’autodétermination et la création d’un État palestinien », indique le point 19.

La question du retrait des troupes israéliennes demeure également floue. Le point numéro 3 du plan précise que « les forces israéliennes se retireront jusqu’à la ligne convenue pour préparer la libération des otages ». En parallèle de ce retrait progressif, il prévoit le déploiement d’une « force de stabilisation internationale ». Cependant, Benyamin Netanyahou a affirmé mardi dans une vidéo que « Tsahal restera dans la majeure partie de Gaza ». De plus, « il ne semble pas y avoir de mécanisme permettant d’arrêter ou de faire pression sur Israël », souligne Alain Gresh.

Par ailleurs, la section dédiée aux otages stipule le retour de toutes les personnes toujours retenues dans la bande de Gaza (soit 47 individus aujourd’hui, dont une vingtaine seraient encore en vie) dans un délai de 72 heures. Or, Alain Gresh souligne que « la seule carte que possède le Hamas [responsable des massacres du 7 octobre], c’est le chantage lié aux otages, et le Hamas le sait ».

D’autres signaux pourraient également susciter des inquiétudes au sein du mouvement palestinien, comme la nomination de Tony Blair, ancien Premier ministre britannique, pressenti pour intégrer un comité chargé de la transition à Gaza. « Tony Blair a été coordinateur du Quartet pour le Moyen-Orient durant près de huit ans [destiné à relancer le processus de paix israélo-palestinien], mais ses positions ont été perçues comme tellement pro-israéliennes qu’elles n’ont jamais abouti », rappelle Alain Gresh.

Le Hamas se trouve donc « entre deux feux : d’un côté, ils désirent que cela s’arrête, alors que la situation est absolument terrible à Gaza [où plus de 66 000 personnes ont perdu la vie selon des chiffres jugés fiables par l’ONU, d’après le ministère de la Santé du Hamas]. De l’autre, ils redoutent d’être mis de côté, voire anéantis dans ce processus », explique Alain Gresh. Par ailleurs, « dans la bande de Gaza, on se demande qui est encore en charge au Hamas vu l’ampleur des destructions », précise l’expert. Le Hamas en exil, moins directement concerné, pourrait se révéler plus flexible.

Bien que le plan promette une amnistie aux membres du Hamas s’ils rendent les armes ou s’exilent, ils sont pourtant explicitement exclus de l’avenir politique de la Palestine. Le point 13 stipule ainsi : « le Hamas et les autres factions s’engagent à ne jouer aucun rôle dans la gouvernance de Gaza, directement, indirectement ou sous quelque forme que ce soit ». De son côté, l’Autorité palestinienne a salué les « efforts sincères et déterminés » du président américain, ajoutant qu’elle « accorde sa confiance en sa capacité à trouver un chemin vers la paix ».

« Le Hamas a donc le choix entre le mauvais et le pire de son point de vue », analyse Alain Gresh. « Il est coincé. Il a perdu de nombreux chefs militaires, de ses capacités militaires et est soumis à des pressions des pays arabes qui souhaitent la fin de ce massacre. » Le Qatar a d’ailleurs annoncé qu’une réunion était prévue mardi soir avec le Hamas et la Turquie, promettant que le mouvement palestinien examinera la proposition de manière « responsable ».

Donald Trump a accordé « trois ou quatre jours » au mouvement, avertissant que s’il ne donnait pas son feu vert, « cela se finira de manière très triste ». Bien qu’il soit peu optimiste, Alain Gresh ne ferme pas la porte à un dénouement heureux : « Tous les acteurs souhaitent que cette guerre cesse. C’est tellement abominable ce qu’il se passe à Gaza. Si cet espoir existe, il faut s’y accrocher. »