France

Armée : Raids aériens dans le ciel français cette semaine.

L’exercice Volfa a démarré en fin de semaine dernière et se déroule jusqu’au 10 octobre sur l’ensemble de la France, réunissant une cinquantaine d’aéronefs et 1.000 militaires, répartis sur douze bases aériennes françaises. Quatre détachements alliés, comprenant un détachement italien avec des avions de chasse Tornado et un autre grec avec des F-16, sont présents pour s’entraîner auprès des Français.


C’est le grand exercice annuel de l’armée de l’Air et de l’Espace, qui s’inscrit dans le contexte géostratégique actuel. Volfa a débuté en fin de semaine dernière et regroupe jusqu’au 10 octobre, sur l’ensemble du territoire français, une cinquantaine d’aéronefs et 1.000 militaires, répartis sur douze bases aériennes.

Les principales bases de l’exercice grandeur nature seront situées à Mont-de-Marsan, Cazaux, et Orléans. Une vingtaine de raids aériens « complexes » seront effectués dans le ciel du centre de la France, ainsi que sur la façade Atlantique et en Méditerranée.

Quatre détachements alliés sont également présents pour s’entraîner avec les forces françaises : un détachement italien avec des avions de chasse Tornado, un autre grec avec des F-16, des forces canadiennes utilisant des C-130 Hercules, et la RAF britannique avec des A400M.

« Le format de Volfa évolue, puisqu’il y a eu des exercices avec sept ou huit nations, d’autres uniquement français. Cette année, il a été décidé d’inviter uniquement des nations de l’Otan, explique le colonel Jean-Christophe, chef de la division préparation opérationnelle du CDAOA (Commandement de la défense aérienne et des opérations aériennes). Les Etats-Unis avaient prévu de venir également, mais ont finalement annulé leur participation en juin dernier. L’idée est de n’avoir que des nations de l’Alliance, pour proposer un niveau d’entraînement tactique avec un échange d’informations du niveau « secret Otan », ce que ne peuvent pas faire des exercices où des nations extérieures sont invités. »

L’objectif de Volfa est de « simuler une campagne aérienne continue et évolutive, comparable à une opération réelle, avec des raids qui se réalisent de jour comme de nuit, durant les deux semaines et demie d’une campagne intense et agressive », poursuit le colonel Jean-Christophe. Le scénario, conçu pour des entraînements au combat de haute intensité dans un environnement multimilieux multichamps (M2MC), « intègre des missions variées (supériorité aérienne, reconnaissance, déploiement agile et rapide) et toutes les dimensions du combat aérien », ajoute l’armée de l’Air.

Les équipages devront « opérer dans des zones contestées, et donc en conditions dégradées, du fait d’un environnement de brouillage et de guerre électronique particulièrement dense », précise le directeur de l’exercice. Le scénario de l’exercice a été élaboré en collaboration avec l’Air Warfare Center (AWC), expert en guerre tactique aérienne de l’armée de l’Air, et l’Institut français des relations internationales (Ifri), à partir d’une analyse des conflits actuels en Europe de l’Est et au Moyen-Orient. « En particulier, le perçage des défenses multicouches adverses, ainsi que la défense multicouches de nos propres bases arrière, seront exercés. »

« L’armée de l’Air souhaite prendre en compte les impacts d’un conflit de haute intensité en incluant la protection des bases aériennes, leur mise en alerte et leur défense, explique encore le colonel Jean-Christophe. Par exemple, des aéronefs stationnés sur des bases menacées devront se disperser, dès la détection d’agresseurs, vers d’autres sites afin de se prémunir des munitions qui atteindraient leur base, malgré notre défense sol-air multicouches. » Ces dispersions de chasseurs lors d’« attaques saturantes » se réaliseront au plus fort de la campagne, allant de Mont-de-Marsan à Solenzara en Corse.

« Les forces aériennes ainsi redistribuées devront pouvoir opérer depuis leur base de repli, en s’appuyant sur un soutien logistique rustique, et maintenant une condition opérationnelle de combat. Ces déploiements sont directement liés au concept de l’« Agile Combat Employment [ACE]. » Concept de l’Otan, l’ACE doit permettre aux forces aériennes de continuer à opérer même en cas d’attaques ciblées sur leurs infrastructures principales.

Un autre type d’exercice qui sera intégré dans cette séquence de Volfa consiste en un ravitaillement de Rafale par A400M Atlas. « Le couple s’engagera dans la profondeur, et les Atlas délivreront en basse altitude du carburant aux avions de chasse, ce qui augmentera significativement leur autonomie, précise le directeur de l’exercice. Cette opération s’effectuera de jour comme de nuit, nécessitant une grande technicité et un savoir-faire que peu de nations possèdent. »

Les centres de commandement de l’armée de l’Air seront également impliqués, notamment depuis Lyon. « Dans le cadre de missions de destruction de cibles mobiles de haute valeur, comme des systèmes sol-air adverses, le centre de planification et de conduite du CDAOA sera chargé de désigner en temps réel des objectifs aux patrouilles de chasseurs bombardiers. »

Parmi les bases participant à l’exercice, on compte celle d’Istres pour les ravitailleurs en vol MRTT, Avord pour les avions de commandement et de veille avancée AWACS, et Cognac pour les drones Reaper. La Marine nationale sera également présente avec des Rafale M, des appareils de guet aérien avancé E-2C Hawkeye, et des frégates de surface en Atlantique et en Méditerranée. L’armée de terre participera à la défense sol-air et aux opérations aéroportées.