Belgique

Frédéric De Gucht : « Un ministre ne doit pas décider des organisations radicales. »

Frédéric De Gucht a rejeté la solution sur la table pour former un gouvernement bruxellois à quatre partis sans la N-VA. Il estime que le gouvernement De Wever a fait grimper le déficit à 40 milliards d’euros.


Le président des libéraux bruxellois flamands, Frédéric De Gucht, s’est fait remarquer sur la scène francophone en rejetant la proposition de formation d’un gouvernement bruxellois regroupant quatre partis, sans la N-VA. Invité sur Matin Première, il a abordé le sujet avec prudence.

Fils de l’ancien président des libéraux flamands et candidat à la présidence de l’Open VLD, Frédéric De Gucht défend l’importance d’un parti libéral fort dans le nord du pays. En accord avec une politique d’économies à tous les niveaux de l’État, il s’est néanmoins opposé fermement au gouvernement fédéral concernant la liberté d’expression. « Il y a certaines mesures qui sont prises par le gouvernement Arizona que je ne trouve pas libérales », a-t-il déclaré.

« Nous avons trois pouvoirs en Belgique et ce n’est pas à un ministre de décider qui est une organisation radicale. Pour ça, on a les juges », a affirmé le bruxellois Karel De Gucht.

### « On dépense plus d’argent qu’il n’en rentre »

Frédéric De Gucht a insisté sur la nécessité de réduire les dépenses de l’État : « Il faut dégraisser, il faut que l’État se repose de nouveau sur ses tâches principales. Et pour l’instant, le même défi se pose en Flandre, en Wallonie et au niveau gouvernement fédéral. On dépense plus d’argent qu’il n’en rentre. On peut tenir ça pendant un certain moment mais pas l’éternité. » Il estime que le gouvernement De Wever a porté le déficit à 40 milliards d’euros.

« On finance trop de structures. Je vais peut-être vous étonner, mais l’Open VLD peut être un partenaire de l’Arizona pour faire ses économies, au niveau fédéral. On n’est pas là pour faire l’opposition par principe », a-t-il ajouté.

« Le but d’un libéral, c’est que le gouvernement soit au service des citoyens et des entreprises et j’ai l’impression que pour l’instant, c’est plutôt les citoyens et les entreprises qui sont là pour faire tourner le gouvernement », a avancé le libéral flamand bruxellois.

### Bientôt un gouvernement à Bruxelles ?

Frédéric De Gucht a rejeté la dernière proposition de compromis pour former un gouvernement bruxellois alors que l’impasse persiste depuis les dernières élections. L’approche de l’élection interne pour la présidence de l’Open VLD, à laquelle il se présente, pourrait-elle enfin débloquer la situation ?

Le leader des libéraux flamands à Bruxelles reste prudent. Il confirme que le défi budgétaire – plus d’un milliard d’économies à réaliser – est un préalable à toute nouvelle initiative. « Normalement, il n’y aura pas de nouvelles taxes », a-t-il affirmé, soulignant la prise de conscience nécessaire pour remettre la région sur les rails budgétaires. « Tout le monde connaît très bien le défi de la sécurité, les fusillades et la propreté. Ce sont, pour moi, trois défis principaux à mettre en œuvre. Et on démarre d’abord avec le budget, on verra bien où ça nous amène. »

### Le même franc-parler que Georges-Louis Bouchez « mais pas le même style »

« J’ai un style particulier, mais peut-être pas le même style que Georges-Louis Bouchez », a noté le libéral flamand, qui avait commenté que le président du MR « prend des allures de Trump ». Frédéric De Gucht ne se sent pas menacé par les ambitions du MR en Flandre. « C’est même positif parce qu’il nous met un peu de pression pour changer. Moi aussi, je trouve qu’on a besoin d’un parti libéral fort », a-t-il ajouté en riant.

« Hormis les mathématiques, gérer trois ou quatre partis sur le même groupe cible dans le système belge ne facilite pas l’accès à des sièges », a-t-il conclu.

### Rigueur économique et libre choix : le credo de Frédéric De Gucht

Quel avenir pour l’Open VLD en Flandre, où le Vlaams Belang et la N-VA dominent à droite ? « La N-VA, tout le monde essaie de me convaincre que c’est un parti libéral, mais cela n’a rien à voir. Pour un parti nationaliste, l’État c’est le but. Pour un libéral, l’État c’est un moyen pour faire évoluer les citoyens et entreprises. Donc il y a une très grosse différence entre nous. »

Quel discours séduira l’électeur flamand ? « Je trouve que l’Open VLD doit de nouveau se concentrer sur un public cible : ce sont les citoyens qui ont envie de faire évoluer les choses positivement. Nous ne sommes pas conservateurs. Nous sommes un parti qui veut mettre de nouveau en avant la liberté et le libre choix de chacun. »

Défendant une « opposition constructive » autour de la rigueur budgétaire, Frédéric De Gucht a critiqué le projet de loi visant à interdire certaines organisations radicales : « Pour poursuivre une organisation, on a les juges. Il faut porter plainte. Ce n’est pas à un ministre de faire cela. »

### Quel profil du candidat à la présidence de l’Open VLD ?

Entrepreneur et CEO d’une société de production de verre à Sprimont, Frédéric De Gucht souhaite « faire de l’entrepreneuriat en politique ». Il entre en lice pour diriger l’Open VLD, qui a souffert lors des dernières élections.

Sans désavouer les réalisations de l’ancien Premier ministre Alexander De Croo, il considère qu' »on doit oser remettre cet échec en question », citant l’exemple de la sortie du nucléaire, qu’il juge erronée : « On a pris des mesures qui étaient bonnes pour le pays. D’autres, moins intéressantes, ont conduit les électeurs à estimer qu’il n’était plus à nous de reprendre les rênes. »

### Un héritage familial : atout ou désavantage ?

« Tu peux être un supporter qui se plaint toujours de l’entraîneur ou tu peux essayer de devenir l’entraîneur. J’ai décidé qu’il était temps de m’engager en politique pour faire une différence », a déclaré Frédéric De Gucht.

À 44 ans, il est le fils de Karel De Gucht, ancien président de l’Open VLD et commissaire européen. Interrogé sur cette « dynastie libérale », il répond en l’abordant sans détour : « Je suis fier de mon nom, de mes parents. Ça peut être un atout, ça peut être un désavantage. »

Il compare son parcours à celui d’un boulanger de quatrième génération en vantant son héritage : « Tout le monde est fier, tout le monde dit que ce sera un très bon pain. »

### À revoir : Frédéric De Gucht (Open VLD), invité de Matin Première

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