Mes Humeurs : La légende du cinéma ne s’éteint pas dans les étoiles.
Claudia Cardinale a vécu en Tunisie jusqu’à l’âge de 17 ans, où elle a effectué ses études au lycée de Carthage et à Paul Cambon à Tunis. Née en 1937 dans une famille sicilienne à La Goulette, elle a eu une carrière de plusieurs décennies au cinéma et a rencontré de nombreux grands noms du milieu, dont Alberto Moravia.

La presse — Tous les médias s’accordent à parler du décès de l’actrice Claudia Cardinale. Les pages Culture des journaux se remplissent d’éloges et de célébrations, les chaînes de télévision, principalement européennes, rediffusent de vieux documents, et les radios suivent le mouvement en diffusant des témoignages et des extraits de sa vie ainsi que des extraits de ses films, où elle savait faire preuve d’une incroyable polyvalence : un flot d’informations sur sa carrière émerge, accompagné de nombreuses références à son enfance à Tunis ou à la Goulette.
Ses amis et voisins la surnommaient « la Berbère », mais elle se voyait plutôt comme institutrice dans le désert que comme actrice de cinéma. « C’est ma sœur blonde aux yeux bleus, qui rêvait de faire du cinéma », confiait-elle.
Claudia a grandi en Tunisie jusqu’à l’âge de 17 ans, elle a étudié au lycée de Carthage, puis à Paul Cambon à Tunis, avant de partir avec sa mère pour Venise à l’occasion d’un festival, où un photographe la surprit en bikini sur la plage, arborant l’écharpe de Miss Tunisie. Sa carrière prend son envol. Quel est le secret de son succès ? « J’ai eu la veine de commencer ma carrière dans les moments magiques du cinéma », répondait-elle (France Culture).
Le cinéma l’accueille pour l’éternité et elle est bientôt enveloppée de gloire. En 1958, elle signe un contrat « à l’américaine » qui la contraint à ne prendre aucune décision seule, que ce soit pour les films, les vêtements, le maquillage, la coiffure ou l’alimentation. Le producteur Franco Cristaldi nourrit de grandes ambitions pour elle, ambitions qui se réalisent sans difficulté : « Ce sont les réalisateurs qui sont venus me chercher, j’ai eu la chance de jouer avec les grands », affirmait-elle.
Sa carrière, s’étalant sur plusieurs décennies, a données lieu à des films dans lesquels personne n’échappe au regard de celle qui a contribué à la renommée (bien que toute relative) du village de la Goulette où elle est née en 1937 dans une famille sicilienne. En tant que Tunisienne, elle représentait plusieurs identités.
L’espace ici est insuffisant pour parler de Claudia (vous pouvez l’imaginer), qui a côtoyé des personnalités influentes, dont Alberto Moravia, auteur de sa biographie, ainsi que les meilleurs cinéastes, de Visconti à Fellini, de Valerio Zurlini à Werner Herzog et Sergio Leone, pour n’en nommer que quelques-uns : « Normalement, tu ne vis qu’une vie, moi j’en ai cent trente », soulignait-elle en faisant référence au nombre de rôles qu’elle a incarnés.
Dès l’annonce de son décès, les tunisiens qui l’avaient croisée ou connue se sont enfermés dans leurs archives, retrouvant des photos d’eux avec Cardinale, souvent photographiée avec des lunettes. Et quand elle s’exprimait, sa voix rauque, reconnaissable de loin, remerciait avec les mêmes mots affectueux : « bacci grandi, grazie cara, etc. ».
Apparemment heureuse en société, elle avait une remarquable qualité d’écoute, que j’ai moi-même remarquée. Septembre 1991. J’étais invité pendant quelques jours avec mon ami H.H, chez le regretté Abderrazak Cheraït, paix à son âme, à Tozeur, où Claudia, sa fille et sa sœur étaient également invitées. J’ai pris grand plaisir à partager ces moments inoubliables.
Dans la salle du musée au sous-sol, elle a longuement admiré les peintures d’Adel Meghdiche (une belle collection). « Je pense que j’aurais eu ma place dans ces harems… ». Rires. Un déjeuner (forcément couscous à l’agneau) dans la palmeraie des Cheraït : conversations variées sur le cinéma, l’Italie, la Goulette de son enfance, le patrimoine, les souvenirs, entre sourires et rires naturels. Elle a marqué le cinéma du XXe siècle et l’esprit des amateurs qui ont eu la chance de la connaître.

