France

Affaire Magali Blandin : Analyse de la violence familiale par le cousin du meurtrier

Magali Blandin, mère de quatre enfants, a été tuée le 11 février 2021 à Montfort-sur-Meu (Ille-et-Vilaine) par son mari Jérôme Gaillard. Jérôme Gaillard, après avoir avoué le meurtre, s’est suicidé dans sa cellule dans la nuit du 31 octobre au 1er novembre 2021.


La famille occupe cette année une place centrale dans la rentrée littéraire, marquée par une multitude de romans explorant les figures parentales, entre récits personnels et règlements de comptes. À l’instar d’Emmanuel Carrère, Amélie Nothomb ou Régis Jauffret, Valentin Gendrot dévoile également son album familial dans *Un jour, ça finira mal*, publié début octobre chez Stock. Cet ouvrage, qui s’apparente à une enquête poignante, voit le journaliste, qui avait déjà infiltré la police dans un précédent livre, décrire « la branche pourrie de [son] arbre généalogique ».

L’ouvrage s’ouvre sur un féminicide : celui de Magali Blandin, mère de quatre enfants, tuée à coups de batte de baseball le 11 février 2021 sur le palier de son appartement à Montfort-sur-Meu (Ille-et-Vilaine) par son mari Jérôme Gaillard, parce qu’elle l’avait quitté. « Jérôme est le fils cadet de ma tante, la sœur de mon père. Jérôme est mon cousin, un cousin germain devenu, dans le froid verglacé, un meurtrier », écrit l’auteur en introduction.

Cinq semaines après le drame, Jérôme Gaillard a avoué aux enquêteurs avoir enterré sa femme dans une forêt, après l’avoir recouverte de chaux vive, à deux kilomètres de leur ancien domicile de Montauban-de-Bretagne. Mis en examen et emprisonné, il a mis fin à ses jours dans la nuit du 31 octobre au 1er novembre 2021, retrouvé pendu dans sa cellule. Accusés de complicité de meurtre, ses parents Jean et Monique ont également commis suicide en février 2023, douze ans après le suicide de leur autre fils, suite au départ de sa femme.

« Les parents, les deux enfants, quatre suicides en douze ans. Ce livre raconte l’histoire de ces coupables qui ne seront jamais jugés », résume Valentin Gendrot. Il décrit une famille mortifère avec qui il avait depuis longtemps rompu tout contact, ce qui lui a permis de « mettre de la distance » pour coucher cette terrible histoire sur papier. « Quand cela s’est produit, cela faisait six ans que je n’avais plus vu Jérôme et je savais que je ne le reverrais jamais », explique-t-il en décrivant un cousin « mégalomane, mythomane qui en faisait des caisses pour essayer d’exister », tout comme ses parents, qualifiés de « gens toxiques vivant dans le secret et adeptes des coups tordus ».

À l’opposé se tenait Magali Blandin. « Une femme super gentille, discrète, bienveillante, qui ne cherchait qu’à faire le bien autour d’elle », assure l’auteur, soulignant « des caractères terriblement mal assortis ». À la sortie du mariage de Jérôme et Magali, les parents de Valentin Gendrot avaient même eu une prémonition. « Mon père avait dit dans la voiture qu’un jour ça finirait mal car il ne comprenait pas ce que Magali était venue faire dans ce bourbier. On pouvait imaginer des violences conjugales, des magouilles, une emprise. Mais personne ne pouvait imaginer qu’elle serait tuée à coups de batte de baseball dix-huit ans plus tard. »

Dans son livre, Valentin Gendrot ne vise pas à rendre hommage à Magali Blandin afin de « laisser sa famille tranquille », ni à régler ses comptes avec les Gaillard. « Ils font malheureusement partie de ma famille mais il n’y a aucun lien de cœur », souligne le trentenaire. « Je raconte juste comment la violence est omniprésente dans cette famille et se reproduit de génération en génération. Mon grand-père frappait ma grand-mère, Jean a maintenu Monique sous son emprise pendant un demi-siècle, et leurs deux enfants ont agi de la même manière avec leurs épouses. Cela se termine par un crime de propriété avec une femme qui est la propriété de l’homme. »

Une logique patriarcale est ainsi à l’origine de tant de drames, comme l’actualité nous le rappelle tragiquement. « Cette affaire est close puisque tous les protagonistes ne sont plus de ce monde, explique l’auteur. Mais la question des féminicides reste omniprésente, car une femme est tuée tous les trois jours par son compagnon ou son ex, et je veux remettre ce sujet brûlant sur la table. »

Valentin Gendrot avoue également avoir écrit pour « exorciser » cette tragédie. « Je crois beaucoup à la valeur curative d’écrire pour éradiquer le mal qui rongeait cette famille. » Un mal qui a fini par la détruire, laissant aujourd’hui quatre enfants orphelins.