« Love bombing : conseils et définition pour s’en prémunir »
Le love bombing est remis au goût du jour par la mini-série documentaire « Love Con Revenge » sur Netflix, où Cecilie Fjellhøy et une détective privée aident plusieurs victimes de fraudes sentimentales. Selon Anissa Ali, le love bombing se caractérise par une « communication excessive au début d’une relation amoureuse visant à obtenir le pouvoir et le contrôle sur la vie d’autrui ».
Un piège affectif à éviter. Attisé par l’essor des applications de rencontres ces dernières années, le love bombing refait surface grâce à la mini-série documentaire *Love Con Revenge* sur Netflix. On y suit Cecilie Fjellhøy, l’une des victimes de Simon Leviev, également connu sous le nom de *L’Arnaqueur de Tinder*, qui s’associe à une détective privée pour aider d’autres victimes de fraudes sentimentales. Toutes ont en commun d’avoir perdu des dizaines, voire des centaines de milliers de dollars au cours d’une relation amoureuse qui a toujours débuté par un love bombing classique.
« Une mise sous hypnose émotionnelle »
Être submergé(e) d’amour au commencement d’une relation est-il anormal ? Le cinéma et la littérature ont tellement véhiculé l’idée de la passion d’un premier regard qu’il semble difficile de ne pas y croire. Et c’est tout le problème : les love bombers exploitent cette quête d’un amour fulgurant. « Le love bombing, c’est l’art de vous noyer sous des missiles d’affection pour vous capturer. C’est une mise sous hypnose émotionnelle », explique Anissa Ali, thérapeute conjugale et familiale, auteure du livre *Dating – la grande illusion*.
Cette définition est également présente dans une étude réalisée en 2016 par l’Américaine Claire Strutzenberg, qui qualifiait déjà le love bombing de « communication excessive au début d’une relation amoureuse visant à obtenir le pouvoir et le contrôle sur la vie d’autrui ».
Dire « je t’aime » trois jours après la première rencontre, saturer l’autre de messages du matin au soir, l’inonder de cadeaux, évoquer des enfants dès le deuxième rendez-vous… « Ça ressemble à une romance sous stéroïdes », affirme la spécialiste, mais derrière ce flot d’affection se cache une stratégie manipulatrice. « Cela fonctionne parce que notre cerveau apprécie les récompenses immédiates et répétées, c’est le même mécanisme qui rend accro aux réseaux sociaux. Et cela prospère car nous vivons dans une époque où l’intensité est plus valorisée que la constance ».
Quels signes avant-coureurs ?
Dans *Love Con Revenge*, il est frappant de constater que les victimes expriment toutes des sentiments identiques à propos de la personne qui va bouleverser (et parfois ruiner) leur vie : « un conte de fées », « le partenaire idéal », celui ou celle qui satisfait (absolument) toutes leurs attentes. En d’autres termes, un véritable coup de foudre.
Il n’y a rien d’anormal à être affectueux et attentionné au début d’une relation, mais il convient de se méfier de l’excès, notamment s’il se manifeste sur une courte période. C’est un premier signal d’alerte concernant cette technique bien rodée et calculée, à distinguer du béguin spontané (et partagé). « Le coup de foudre ouvre de l’espace, il invite à la curiosité, à l’envie de prendre le temps de construire. Le love bombing, lui, enferme dans un tempo imposé, créant une cage dorée », prévient Anissa Ali.
Pour éviter de se retrouver prisonnier de cette cage dorée, il est essentiel de garder le contrôle et de ne pas s’abandonner trop rapidement à l’autre. « En inondant l’autre, on court-circuite sa capacité d’analyse. On ne vous laisse pas le temps de juger si c’est adapté, sincère, ou si cela correspond à vos besoins », analyse la thérapeute. Se poser les bonnes questions peut aider à différencier un coup de foudre d’un love bombing. Par exemple, « cette personne cherche-t-elle à me rencontrer ou à me coloniser ? », ou encore, « cette intensité m’ouvre-t-elle ou m’étouffe-t-elle ? ».
Ne pas perdre le contrôle
Si vous pensez que c’est trop beau pour être vrai, il y a de fortes chances que ce soit vraiment le cas. Il est alors crucial de reprendre le contrôle. Une fois l’addiction établie, le love bomber retire tout, permettant ainsi d’exercer davantage son emprise et incitant la victime à franchir ses limites pour retrouver ce débordement d’affection. C’est un véritable cercle vicieux, propice aux escroqueries, mais aussi aux violences psychologiques et sexuelles, dont il est difficile de se libérer.
« La première règle d’hygiène relationnelle est de ne pas confondre vitesse et profondeur », avertit Anissa Ali. La thérapeute recommande d’accorder plus d’importance à « la constance des actes », plutôt qu’à « une intensité ponctuelle ». Pour cela, il faut prendre du recul, ralentir, observer, et mettre en rapport actes et paroles. « Cela demande de résister à la logique du ‘tout, tout de suite’ qu’imposent les applications et les réseaux sociaux ». Dans ses travaux, Claire Strutzenberg associe également le love bombing à un « niveau élevé de narcissisme et une utilisation accrue de SMS dans les relations amoureuses ». Deux autres éléments à surveiller, donc.
Le « work love bombing », une variante
Attention, le love bombing existe aussi dans le milieu professionnel. Le mécanisme reste le même, sauf que le love bomber n’est pas un partenaire amoureux mais… votre manager. « On vous couvre de compliments et de promesses, et vous vous sentez unique, indispensable. Mais derrière, c’est souvent une stratégie pour obtenir plus de disponibilité, plus de sacrifices », analyse la professionnelle. C’est une autre manière d’exploiter les vulnérabilités de chacun, et par-dessus tout, le besoin d’affection et de reconnaissance.

