SportTunisie

SN – Sections rugby et football envisagent de quitter le club : le Stade Nabeulien à l’aube de ses 89 ans sera-t-il disloqué ?

Les sections rugby et football du Stade Nabeulien souhaitent faire scission en raison d’un refus catégorique du président du club, Me Hichem Hajri. Le Stade Nabeulien a tenu le 8 décembre 2023 une assemblée générale extraordinaire pour discuter d’amendements à son statut et présenter un règlement intérieur, après le report de celle du 5 septembre 2023 en raison d’un manque de quorum.

Les sections rugby, la plus titrée du club, et football envisagent une scission malgré le refus catégorique du président du club, Me Hichem Hajri. Une lutte acharnée, presque sécessionniste, a pris forme dans un contexte de tensions internes au sein du bureau et de divisions au sein de l’entourage du club emblématique de la cité des Potiers.

La Presse — Le 8 décembre prochain, le Stade Nabeulien, une association sportive omnisports, fêtera son 89e anniversaire dans une ambiance tendue, avec la menace persistante de certains dirigeants et supporters de deux de ses quatre sections d’en faire sécession.

En effet, le Stade Nabeulien a organisé vendredi dernier, à 16h00, dans la salle de réunion du complexe des jeunes à Nabeul, une assemblée générale extraordinaire (AGE) pour présenter un projet d’amendement de plusieurs articles de son statut et adopter un règlement intérieur pour le soumettre au vote des 188 membres du club.

Il est important de noter que cette AGE fait suite au report de celle qui s’est tenue le 5 septembre dernier, dans le même lieu, en raison d’un manque de quorum.

Cependant, au cours de l’AG extraordinaire du 19 septembre convoquée par le président du Stade Nabeulien, Me Hichem Hajri, plusieurs membres du club ont manifesté leur volonté d’inscrire à l’ordre du jour le débat sur l’avenir de certaines sections et de soumettre au vote la dissolution des sections rugby et football.

Selon une déclaration du président de la section rugby, M. Alaya Landolsi, à la radio locale « Radio Med », le Stade Nabeulien a déjà dissous « la section athlétisme ainsi que celles de handball et de basketball féminins » et que d’autres clubs omnisports participant au championnat national de rugby ont dû se séparer de leurs sections rugby pour permettre la création de nouveaux clubs spécialisés, comme le Rugby Club Béja, l’Avenir sportif de Jemmal, l’Avenir sportif de M’saken, le Club Rugby Sfax et le Rugby Club Ettahrir.

« Aujourd’hui, avec les difficultés financières des clubs omnisports, une association sportive ne peut répondre aux besoins de plusieurs sections simultanément. Dissoudre les sections rugby et football est la solution idéale pour tous, afin que ces deux sports puissent se développer dans de meilleures conditions », a déclaré M. Landolsi, tout en critiquant le partage inéquitable des subventions publiques qui favorise la section basketball.

« Bien que la section rugby soit la seule à avoir enrichi la vitrine à trophées du club ces dernières années avec des coupes nationales et des titres de champion de Tunisie, alors que la section basketball n’a pas gagné depuis 2010, la majorité des subventions publiques lui sont destinées. La section rugby du Stade Nabeulien n’a d’ailleurs pas bénéficié cette saison de l’intégralité de son quota de 25% des subventions publiques », a-t-il ajouté.

De même, certains dirigeants, membres et sympathisants de la section football, dont l’équipe senior stagne depuis des années en 5e division, envisagent de quitter le Stade Nabeulien pour rejoindre l’Union sportive nabeulienne (USN), club fondé en 2017, car la loi tunisienne n’autorise pas la coexistence de deux clubs de la même discipline dans une seule délégation.

C’est l’avis de l’ancien joueur et légende du Stade Nabeulien, M. Ayed El Kamel, qui est aussi membre fondateur de l’USN.

« Le football a toujours été négligé par les dirigeants du Stade Nabeulien au profit d’autres sections. La scission est un mal nécessaire pour permettre à ce sport de se réinventer et de prospérer loin de l’ombre des autres sections, et pour obtenir plus d’autonomie financière », a exposé M. El Kamel.

Fondée en 1952, la section football du Stade Nabeulien a connu son apogée dans les années 1970 et 1980, notamment avec la qualification historique de l’équipe première en 1984 pour les barrages de promotion en Ligue 1 nationale.

« Cette démarche profitera à tout le monde. Le Stade Nabeulien n’aura plus à supporter le poids des charges financières de la section football et ses exigences matérielles, et les amateurs de football pourront espérer avoir un club capable d’accéder aux divisions supérieures et de viser l’élite du football tunisien un jour », a ajouté un membre soutenant cette initiative de scission.

Il convient de rappeler que les membres du club avaient déjà voté le 1er septembre 2023 pour dissoudre la section football et céder la place à une nouvelle entité sportive nommée le « Stade Nabeulien Football Club », arborant les mêmes couleurs. Cependant, cette décision a été rapidement annulée après le vote, dix-huit jours plus tard, en faveur de la réintégration de la section football au sein du Stade Nabeulien.

Néanmoins, le président actuel du club, soutenu par la majorité des membres de son bureau, reste ferme et s’oppose à toute initiative visant à dissoudre les sections football et rugby, arguant que ce point ne figure pas à l’ordre du jour de l’AGE et que, pour des raisons juridiques et éthiques, il ne peut accepter une telle demande.

« On ne peut pas inclure dans l’ordre du jour de l’AGE un point qui n’était pas prévu, d’autant plus après le report de la première assemblée générale. Juridiquement, cela doit venir soit du bureau directeur soit des deux tiers des adhérents par une demande écrite », a précisé le président, Me Hichem Hajri.

Dans une ambiance électrique, la tension a atteint son summum lorsque la majorité des deux tiers des membres présents, sous l’impulsion de M. Alaya Landolsi, a voté pour inclure cette question délicate à l’ordre du jour.

Face à cette situation, le président a choisi de quitter la réunion et de reporter l’assemblée générale à une date ultérieure.

« Ma sécurité physique étant menacée, j’ai dû interrompre les travaux, car les conditions n’étaient pas réunies pour un débat serein », a déclaré Me Hajri.

Des accusations démenties par M. Landolsi, qui assure que les travaux de l’AGE se sont poursuivis après le départ du président, en présence des représentants des autorités locales.

« La scission des deux sections ainsi qu’une motion de retrait de confiance visant le bureau actuel ont été votées par la majorité des deux tiers des 188 adhérents présents. Nous avons des vidéos et des témoignages qui peuvent corroborer mes propos », a conclu M. Landolsi.

Parallèlement, le bureau directeur du Stade Nabeulien a convoqué ses membres à une assemblée générale ordinaire (AGO) aujourd’hui, dans la même salle, pour examiner et valider les rapports financier et moral de la saison 2024-2025, ainsi que celui du commissaire aux comptes.

Ce nouvel assemblée s’annonce tendue, mais il est certain que cette tempête ne manquera pas d’affecter le début de la saison 2025-2026, notamment de la section basketball, un des hauts lieux de ce sport en Tunisie, qui vient de retrouver l’élite, ainsi que les projets de montée des handballeurs en Division 1 et le sort incertain de la section rugby qui doit encore s’acquitter des frais de son engagement dans le championnat.

Dans ce bras de fer entre sécessionnistes et unionistes, la question demeure : le Stade Nabeulien sera-t-il disloqué à l’aube de ses 89 ans ? C’est la préoccupation qui hante les supporters nabeuliens.