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James Comey, ex-chef du FBI, irrite Trump encore une fois

James Comey, 64 ans, a été sèchement débarqué en 2017, alors que le FBI enquêtait sur d’éventuelles ingérences russes dans la campagne présidentielle de 2016. Il est désormais poursuivi pour fausse déclaration et entrave à la justice, selon le ministère, et encourt jusqu’à cinq ans de prison.


« C’est un flic véreux, il l’a toujours été« , a réitéré vendredi le président américain, qui nourrit une rancune persistante.

James Comey, âgé de 64 ans, possède la minutie d’un enquêteur et la détermination de celui qui va jusqu’au bout : l’ancien directeur du FBI, longtemps affilié aux républicains, a su irriter tous les courants politiques, sans jamais abandonner son calme.

Il a été limogé en 2017, alors que le FBI enquêtait sur de possibles ingérences russes dans la campagne présidentielle de 2016.

Un mois plus tard, le grand flic – mesurant 2 mètres – a publié une déclaration confirmant que M. Trump lui avait demandé de mettre un terme à l’enquête sur Michael Flynn, son ancien conseiller soupçonné d’être impliqué dans ces ingérences russes.

Un véritable coup de théâtre, survenant peu après que M. Trump, également originaire de New York, ait annoncé la nomination de son successeur au FBI.

L’année suivante, James Comey a publié un livre intitulé « A Higher Loyalty » (Une plus grande loyauté), dans lequel il comparait le milliardaire à un chef mafieux et à un « menteur en série« .

Rompu aux débats politiques de Washington, cet ancien procureur fédéral et vice-ministre de la Justice excelle lors des auditions au Capitole, toujours attentif, avec les sourcils froncés.

Devant une commission du Sénat, il a accusé l’administration Trump de l’avoir diffamé et, « plus important encore, de diffamer le FBI en disant que l’organisation était en désarroi, mal dirigée, que le personnel avait perdu confiance en son leader. C’étaient, purement et simplement, des mensonges« .

A-t-il tiré sa ténacité d’une expérience traumatisante de son enfance ? Il a raconté avoir été brièvement enlevé avec son frère par un prédateur sexuel à l’âge de 15 ans. « À un moment donné, nous nous sommes allongés sur le lit de mes parents avec les pistolets pointés à l’arrière de nos têtes… Je pensais qu’il allait nous exécuter« , a-t-il relaté à CNN.

Après avoir tenté de fuir et d’avoir été repris, les deux garçons ont finalement été secourus par un voisin et son chien.

Durant trois décennies, James Comey a évolué dans les cercles politico-judiciaires fédéraux, distribuant régulièrement des critiques à l’exécutif ou au judiciaire.

Il a réussi à projeter l’image d’un fidèle serviteur du droit, tout en étant aussi un stratège politique aguerri, sans épargner le camp démocrate.

Sous la présidence de Barack Obama, le chef de la police a souvent éclipsé sa supérieure, la ministre de la Justice Loretta Lynch, et a parfois fâché les autorités judiciaires.

Il a, par exemple, déclaré que les policiers étaient devenus réticents à s’impliquer après les nombreuses critiques qui avaient suivi la mort de Michael Brown, un jeune Noir abattu en 2014 dans le Missouri.

En 2016, il a recommandé de ne pas poursuivre l’ex-secrétaire d’État et candidate à la présidentielle Hillary Clinton, suite au scandale de ses emails, tout en soulignant son « extrême négligence« , ce qui lui a valu des applaudissements des républicains.

Son souci du détail l’a amené à rédiger par écrit chacun de ses entretiens en tête-à-tête avec le président Trump durant le premier mandat de ce dernier. Une démarche que ce dernier n’a jamais oubliée.

James Comey a également confronté la Silicon Valley en tentant de persuader Apple de débloquer un smartphone utilisé par l’auteur d’un attentat en Californie, bien que des experts du FBI aient finalement trouvé une solution.

Actuellement, il est poursuivi pour fausse déclaration et entrave à la justice, selon le ministère. Il risque jusqu’à cinq ans d’emprisonnement.

« J’espère qu’il y en aura d’autres« , a déclaré vendredi Donald Trump en réagissant à l’inculpation de l’ancien directeur du FBI James Comey, qu’il avait publiquement exigée.

« Ce n’est pas une liste mais je pense qu’il y en aura d’autres« , a ajouté le président américain avant de quitter la Maison Blanche pour se rendre à un tournoi de golf. Il avait déjà annoncé, durant sa campagne électorale, son désir de se venger de ses adversaires et critiques.