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Droits de douane : Nouveaux produits taxés aux États-Unis, dont médicaments et camions.

Jeudi, Donald Trump a annoncé de nouveaux droits de douane allant jusqu’à 100 % pour les médicaments, touchant également les camions et les meubles produits hors des États-Unis, avec une entrée en vigueur fixée au 1er octobre. Selon la Commission du commerce international des États-Unis, en 2022, les importations de meubles représentaient 60 % de tous les meubles vendus, dont 86 % de tous les meubles en bois et 42 % de tous les meubles rembourrés.


Et revoici le sujet des droits de douane américains. Jeudi, Donald Trump a en effet annoncé de nouveaux droits pouvant atteindre 100 % sur les médicaments, ainsi que sur les camions et les meubles fabriqués en dehors des États-Unis.

Ces droits toucheront tous les médicaments brevetés importés à partir du 1er octobre, impactant directement le premier marché mondial de ce secteur. Cette mesure choc, qui inclut des exemptions et reste encore sujette à interprétation, impose un délai d’adaptation très court à l’industrie, ayant été exonérée de droits de douane pendant plus de 30 ans.

En tant qu’homme d’affaires avant tout, Donald Trump a précisé qu’il n’y aurait « pas de droits de douane » pour les entreprises qui établissent des sites de production aux États-Unis.

Quels sont les produits concernés ?

Le président Trump a mentionné les médicaments « de marque ou brevetés » importés, ce qui semble exclure de facto les génériques, qui remplacent les médicaments dont le brevet est expiré et dont le coût est nettement inférieur à celui des originaux. Cette exemption devrait, selon Neil Shearing, économiste chez Capital Economics, avoir un « impact limité » sur le montant total des droits de douane aux États-Unis, ces médicaments représentant « qu’environ 10 % des dépenses en valeur » en consommation de médicaments, bien qu’ils constituent 90 % des volumes.

« La plupart des grands producteurs pharmaceutiques fabriquent déjà leurs médicaments destinés au marché américain aux États-Unis », souligne Kathleen Brooks, experte de marchés chez XTB, même si « plusieurs médicaments anticancéreux sont également produits en Europe, et en particulier en Suisse ».

En 2024, les États-Unis ont importé près de 252 milliards de dollars de médicaments et produits pharmaceutiques, faisant de cette catégorie la deuxième en valeur après les véhicules à moteur, selon le département américain du Commerce.

Quels pays pensent être épargnés ?

Un accord commercial signé cet été entre l’Union Européenne et les États-Unis protège les médicaments européens de toute nouvelle surtaxe douanière, a indiqué un porte-parole de la Commission européenne, Olof Gill. Selon cet accord, la plupart des exportations européennes, y compris les médicaments, ne peuvent être taxées au-delà de 15 %, garantissant ainsi que « aucun droit supplémentaire ne sera appliqué ». Pour la fédération européenne des industries pharmaceutiques (Efpia), ces droits de douane « créeraient la pire des situations » en augmentant les coûts, perturbant les chaînes d’approvisionnement et compliquant l’accès aux traitements vitaux. Elle appelle l’UE et les États-Unis à « poursuivre les discussions ». « Des discussions urgentes sont désormais nécessaires pour éviter toute taxation des médicaments », a ajouté l’IPHA, l’un des organismes représentant le secteur pharmaceutique en Irlande, un acteur majeur des exportations pharmaceutiques européennes.

En Allemagne, la fédération du secteur (VCI) se montre « très préoccupée » par ce « nouvel affront » et estime que l’accord de 15 % doit s’appliquer aux médicaments. Le gouvernement britannique engage « un dialogue actif avec les États-Unis », selon un porte-parole.

En Asie, « Singapour, focalisé sur des médicaments brevetés à forte valeur ajoutée, est exposé au risque le plus élevé », estime Louise Loo, responsable de l’économie asiatique chez Oxford Economics.

Que font les laboratoires ?

Pour anticiper la politique protectionniste américaine, les grands groupes pharmaceutiques ont annoncé environ 300 millions d’euros d’investissements aux États-Unis ces derniers mois. « Bien que de nombreuses entreprises pharmaceutiques s’engagent à établir des sites aux États-Unis, les travaux pourraient ne pas avoir encore démarré, ces installations étant complexes à mettre en place. Ainsi, cette taxe pourrait avoir un impact important sur le secteur », observe Kathleen Brooks.

Cependant, l’exemption ne s’applique que « si la construction a commencé », selon Donald Trump, qui avait menacé début juillet d’imposer des surtaxes de 200 % si la production de produits pharmaceutiques n’était pas rapidement rapatriée sur le sol américain. « Des travaux sont en cours et nous prévoyons d’annoncer cinq nouveaux sites en construction d’ici la fin de l’année », a réagi le suisse Novartis, qui a annoncé 23 milliards de dollars d’investissements aux États-Unis sur cinq ans. Quant à l’allemand Bayer, il se dit prudent et « évalue la situation », tout comme le britannique GSK qui indique continuer « à dialoguer de manière constructive avec l’administration américaine ».

Même feuille de route pour les camions ?

Dans une autre annonce, le président américain a également prévu des droits de douane de 25 % sur « tous les poids lourds fabriqués dans d’autres régions du monde ». Une mesure destinée à soutenir les fabricants américains de camions tels que Peterbilt, Kenworth, Freightliner ou Mack Trucks. Parmi les entreprises étrangères concurrentes sur le marché américain figurent le suédois Volvo et l’allemand Daimler. Les actions de ces deux sociétés ont fortement chuté après la clôture des Bourses européennes jeudi soir. Pour justifier cette décision, Donald Trump a déclaré que ces droits de douane sur les poids lourds étaient motivés par « de nombreuses raisons, mais surtout, à des fins de sécurité nationale ! »

Les meubles aussi ?

Pour compléter ses mesures, le magnat de l’immobilier prévoit également d’imposer des droits de douane sur de nombreux meubles. « Nous appliquerons une taxe de 50 % sur tous les meubles de cuisine, les lavabos de salle de bains et les produits associés », à partir du 1er octobre, et « une taxe de 30 % sur les meubles capitonnés », a-t-il mentionné.

Selon la Commission du commerce international des États-Unis, en 2022, les importations, principalement en provenance d’Asie, représentaient 60 % de tous les meubles vendus, dont 86 % de tous les meubles en bois et 42 % de tous les meubles rembourrés. En conséquence, les titres des détaillants Wayfair et Williams Sonoma, qui dépendent de ces produits importés, ont chuté à la clôture après cette annonce.