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Guerre en Ukraine : Les avions de l’Otan survolent-ils le territoire russe ?

Les intrusions de drones sur le territoire de pays membres de l’Otan se multiplient ces dernières semaines, et les Russes ont été clairement identifiés comme initiateurs dans certains cas. La Russie n’est plus partie du traité « Open skies » depuis 2021, année où elle a annoncé son retrait en réaction à celui des Etats-Unis.


Pologne, Norvège, Estonie… Les récentes intrusions de drones sur le territoire des pays membres de l’Otan se sont multipliées. Tous les regards se tournent vers la Russie, notamment lorsque l’origine de ces vols est identifiée comme étant russe dans certains cas.

Ces situations posent un défi aux dirigeants de l’Otan, qui s’interrogent sur la réponse adéquate à apporter à ce qu’ils considèrent comme des menaces. Dans un discours aux Nations unies, Donald Trump a suggéré qu’il vaudrait mieux abattre les appareils russes qui entrent dans l’espace aérien de l’Otan.

Cependant, la diplomatie russe, via son ambassadeur en France, a averti : « Ça serait la guerre. » Alexey Meshkov, interrogé sur RTL à ce sujet, a précisé : « Vous savez, il y a beaucoup d’avions de l’OTAN qui violent l’espace aérien russe, […] ça arrive assez souvent. Après, ils ne sont pas abattus. »

Alexey Meshkov parle de « violation de l’espace aérien », car un survol non déclaré n’est pas légal. Un pays ne peut pas entrer dans l’espace aérien d’un autre sans autorisation, que ce soit avec un avion ou un drone. Le traité « Open skies » permet des vols de surveillance non armés sur l’ensemble du territoire des pays signataires. Mais la Russie en a annoncé son retrait en 2021, en réponse au retrait des États-Unis l’année précédente.

La « zone interdite » comprend donc les frontières du pays, ainsi qu’une partie des mers et océans environnants. Les espaces non couverts sont considérés comme l’espace aérien international et échappent à la même réglementation. La situation des vols commerciaux est distincte.

Les avions de l’Otan peuvent-ils vraiment survoler le territoire russe ? En théorie, cela ne devrait pas se produire et entraînerait sans aucun doute un incident diplomatique majeur, compte tenu du contexte actuel de la guerre en Ukraine. C’est pourquoi les intrusions de drones présumément russes suscitent autant de discussions.

Concernant les vols de reconnaissance et de surveillance près des frontières, aucun rapport ne documente d’intrusions de l’Otan dans l’espace aérien russe. Aucun rapport russe n’aborde cette question non plus, tandis que l’Otan publie régulièrement des déclarations sur les interceptions.

L’Otan réalise des vols de reconnaissance et de surveillance à proximité des frontières russes, dans l’espace aérien des pays membres, ainsi que dans l’espace aérien international. « Il n’est pas impossible qu’il y ait des erreurs de navigation. Cela peut arriver, mais doit être microscopique », indique un diplomate français.

Comment déterminer si ces incidents sont dus à des erreurs ? « On suppose toujours que l’avion s’est perdu », explique-t-il. « Mais si le transpondeur est éteint, alors on peut penser qu’il y a une intention hostile. » Le transpondeur est le dispositif électronique qui envoie une réponse, permettant aux radars secondaires de détecter la présence de l’avion.

Néanmoins, l’affirmation de l’ambassadeur russe en France s’apparente davantage à un discours politique qu’à des faits avérés. Le récit reste le même depuis le début du conflit : le Kremlin se défend, ici face à l’Otan, qu’il critique fortement.