Ryder Cup 2025 : « Une stupidité totale » des fans américains ?
La 45e édition de la Ryder Cup se déroule au Bethpage Black Course, à Farmingdale, du vendredi jusqu’à dimanche. Les Européens espèrent remporter la compétition sur les terres des Américains pour la première fois depuis 2012.
Les Américains ont leur propre culture. Le drapeau affiché à l’entrée, une arme posée au-dessus de la cheminée, The Star-Spangled Banner entonné à chaque occasion et les chants « USA, USA » poussés à l’extrême… Imaginez cela multiplié par 50 000 et vous aurez un aperçu (sans les armes, normalement) de l’enfer qui attend la Team Europe au Bethpage Black Course, à Farmingdale, pour la 45e édition de la Ryder Cup, qui se déroulera de ce vendredi à dimanche.
Titulaire du titre, l’équipe européenne espère bien contrecarrer les plans de leurs compatriotes de l’Oncle Sam, sur leur sol, pour la première fois depuis 2012 et le miracle de Medinah, où Rory McIlroy et ses coéquipiers avaient mis tout un pays à l’arrêt. La tâche sera toutefois plus ardue durant ces trois jours près de New York, où les organisateurs annoncent à leurs hôtes « le chaos complet » dès ce vendredi. « Je suis totalement pour ça, ça correspond à notre identité, celle des joueurs américains », a exprimé le n° 8 mondial, Collin Morikawa.
Comment se manifestera cette ambiance hostile, comparable à un déplacement en Serbie lors d’un match de Ligue des champions ? « Oh, ça va crier, ça va faire du bruit, il pourrait y avoir des individus poussant les barrières le long des cordes, ça va encourager les joueurs entre les coups », explique Thomas Levet, qui a participé à la Ryder Cup aux États-Unis en 2004 et qui est désormais consultant sur Canal+, chaîne diffusant la compétition. « Il va y avoir des cris, des insultes, le trash talk à l’américaine. Les joueurs peuvent rapidement s’agacer et perdre totalement le contrôle de leur jeu. »
Comme en 1999 dans le Massachusetts, où les Européens avaient perdu leurs moyens, notamment Colin Montgomerie, insulté et agressé par le public, tout comme la femme du capitaine de la Team Europe, sur qui un spectateur avait craché. Certains golfeurs avaient même alors menacé de ne plus jouer aux États-Unis après cette Ryder Cup. « Je ne critique pas entièrement les fans américains, mais ce n’est pas de la passion, c’est juste une stupidité embarrassante et totale », a déclaré en début de semaine Ian Poulter, qui compte cinq Ryder Cup à son actif, sur la chaîne YouTube SportBible. « On ne voit ça nulle part ailleurs. »
« Tout ce bruit qu’on entend, c’est de la folie. « Le trou ! Le trou ! » C’est un par 5 de 600 mètres, espèce d’idiot », a ajouté Poulter. « En fait, j’aimerais juste emprunter le Taser du vigile. En laisser un par trou, ce serait incroyable. Trop bien, juste là entre les yeux. Prends ça. »
« En tant qu’Américain, je pense que beaucoup d’Européens nous trouvent odieux », raconte Sean Sanguansap, spectateur présent lors de la Ryder Cup 2021 au Wisconsin. « Mais moi, j’adore être Américain, nous faisons preuve d’un fort patriotisme durant ces événements et nous sommes fiers de notre pays. » Ce sentiment pourrait être intensifié par la présence de Donald Trump sur le parcours ce vendredi.
Premier président en exercice à assister à la compétition, le leader des partisans de MAGA, on le connaît bien, ne devrait pas hésiter à encourager ses compatriotes contre les Européens. « La présence de notre président ici est extrêmement importante pour nous », a déclaré Scott Scheffler, le n° 1 mondial. « Le président est assez drôle, il adore le golf et soutenir les golfeurs. Parfois, je reçois un appel ou un message de sa part après une victoire. C’est le genre de personne qui inspire confiance à ceux qui l’entourent. »
Dans un contexte diplomatique déjà tendu après ses accusations contre l’UE de « se laisser envahir par des migrants » et de « continuer à acheter du pétrole à la Russie », dans un discours à l’ONU, cela pourrait-il mener à des comportements déplacés sur le Bethpage Black Course ? Thomas Levet ne le pense pas :
« Cela pourrait ajouter un peu de distraction, mais je ne pense pas que cela aura de répercussions. Les spectateurs ont été avertis qu’il y aura des limites à ne pas franchir. Le seuil est déjà assez élevé. Ensuite, la sécurité des joueurs n’est pas remise en question, il y a la police, des gardes du corps. Mais oui, il y aura un public très bruyant, comme à New York dans tous les sports. »
« Je pense que le mot “hostile” est très exagéré dans ce cas », estime Sean depuis Milwaukee. « Il y aura certainement de l’animation, mais elle sera plus liée à la fierté de soutenir son équipe qu’à l’hostilité envers l’autre. » Quoi qu’il en soit, les Européens ont insisté sur l’importance de gérer la pression des supporters américains pour espérer remporter la 14e Ryder Cup de leur histoire. Pour mieux se préparer au public new-yorkais, ils ont ainsi mis en place une préparation adéquate.
Rory McIlroy a clairement expliqué qu’ils se sont équipés de casques de réalité virtuelle pour simuler les bruits, les sons et l’ambiance de la foule en folie. Le Nord-Irlandais est un habitué de ce type d’atmosphère. En 2016, dans le Minnesota, les supporters américains avaient chanté et chanté le tube de Neil Diamond « Sweet Caroline », quelques mois après son divorce avec… Caroline Wozniacki. Aucun souci pour le récent vainqueur du Masters d’Augusta, qui avait utilisé cette énergie pour performer.
« Je sais que 95 % des gens à Bethpage souhaiteront ma défaite et essayeront de me déstabiliser », a confié l’Espagnol Jon Rahm en conférence de presse. « Quand vous savez cela à l’avance, c’est plus facile d’être préparé. Je pense que vous pouvez même apprendre à profiter des insultes que certains lancent et répondre avec humour. Vous pouvez même tirer parti de cette énergie. » Reste à espérer que Trump n’augmente pas les droits de douane à 50 % en cas de victoire européenne dimanche soir.

