Belgique

Réforme des allocations familiales : pistes à l’étude du gouvernement.

Georges-Louis Bouchez a exprimé en mars 2025 que des interrogations subsistent quant à la prise en charge des allocations familiales par l’État pour les familles ayant plus de quatre enfants. Actuellement, le régime des allocations familiales représente trois milliards d’euros sur les 22 milliards d’euros de budget de la région wallonne.

« Il faut préserver les allocations familiales. C’est un vrai soutien nécessaire aux familles. Mais à un moment donné, quand vous avez plus de quatre enfants, est-ce que l’État doit systématiquement assumer vos choix personnels ? » s’interrogeait déjà Georges-Louis Bouchez en mars 2025 à propos des allocations familiales. Alors que la région wallonne, fortement endettée, doit faire l’objet d’un vaste assainissement budgétaire, une réforme doit aujourd’hui être lancée selon le MR. Le régime des allocations familiales pèse trois milliards sur les 22 milliards d’euros de budget de la région. Le sujet sera même abordé lors du conclave budgétaire wallon qui démarre ce 29 septembre.

Quelques jours auparavant, les propos du président du parti libéral, révélés par le Vif, faisaient trembler toutes les familles du sud du pays : « Les allocations familiales, on va être obligé d’y toucher dans le budget wallon. Donc j’essaie de préparer l’état d’esprit et de tester un peu les idées« . La Ligue des Familles s’inquiète aussi de cette mesure qui touche à un fondement de la sécurité sociale et qui nous renverrait à un système archaïque « où l’État va vouloir d’une manière ou d’une autre, soit favoriser, soit défavoriser les naissances« .

Le MR, par l’intermédiaire de Pierre-Yves Jeholet notamment, veut rassurer la population. Il n’est pas question de suppression, mais d’optimisation.

Un régime différent selon les régions : tout est question d’idéologie politique

Transférées depuis 2014 aux régions, les allocations sont octroyées aujourd’hui sur base de deux principes précise Maxime Fontaine : les revenus des parents, et le versement d’une somme identique pour chaque enfant membre d’une famille.

Mais il y a des différences selon l’orientation politique du gouvernement :

  • En Wallonie et à Bruxelles, le montant de base pour chaque enfant est moins élevé qu’en Flandre, mais les suppléments donnés aux familles plus précarisées, si l’un des parents touche le chômage par exemple, sont plus conséquents.
  • Dans ces deux mêmes régions, l’indexation des allocations familiales repose sur l’indice santé, à savoir « une indexation qui va suivre le coût de la vie et donc les familles » indique encore le chercheur de l’ULB. Avec l’inflation de ces dernières années, il y a eu un coût supplémentaire de 500 millions d’euros dans les finances publiques pour suivre cette indexation. La Flandre quant à elle, a opté pour une indexation à la carte. « Elle a beaucoup plus lissé. Donc ça veut dire que le coût des allocations familiales, en réalité, en Flandre, a augmenté beaucoup moins vite alors que le montant de base était plus élevé« .
  • En Flandre et en Wallonie, on a choisi de laisser les enfants nés avant la dernière réforme de 2019-2020 dans l’ancien système, où le rang prévalait. C’est-à-dire que pour les familles concernées, elles touchaient plus d’argent pour le deuxième enfant que pour le premier, et ainsi de suite. Résultat, ces familles-là perdent sur les deux tableaux si elles ont un enfant né dans l’ancien système et un deuxième né après l’instauration de cette réforme : le montant alloué est moindre dans les deux cas. À l’inverse, à Bruxelles, tous les enfants ont basculé dans le nouveau système. « Et on a même fait mieux. On a dit ceux qui perdraient dans le nouveau système, on leur laisse l’argent qu’ils avaient dans l’ancien système« .

Les avantages diffèrent donc entre les familles, si elles sont flamandes, wallonnes ou bruxelloises, ou germanophones, car cette dernière est restée communautaire pour les cantons de l’Est.

Les pistes de réformes des allocations familiales

La question au centre du débat aujourd’hui, c’est celle de la suppression des allocations familiales à partir du quatrième enfant. Mais ce n’est pas si simple au vu des situations familiales très variées que l’on rencontre, avec en tête, les grossesses non désirées.

Concrètement, il existe pour l’instant plusieurs pistes pour aboutir à une réforme des allocations familiales :

  • Le soutien ne se ferait plus qu’aux familles en dessous d’un certain revenu comme en France.
  • La fin de l’indexation des allocations familiales pendant plusieurs années. Mais « il y a de nombreuses études qui montrent que sur les familles pauvres, ça aurait des conséquences assez fortes » informe le chercheur en finances publiques.
  • Une indexation hybride en fonction des salaires. Cela signifierait le maintien de l’indexation des suppléments, mais pas du montant de base, pour les familles plus précarisées, et la fin de l’indexation pour les « personnes qui gagnent 5000€ par mois« .
  • Maxime Fontaine ajoute même son idée : fiscaliser les allocations familiales : « Toutes les familles continueraient à toucher les allocations familiales qu’elles touchent actuellement. Par contre, à la fin de l’année, on les a intégrées dans ses revenus« . Donc les familles précarisées, déjà plus épargnées par l’impôt, ne seraient presque pas imposées sur les allocations familiales. À l’inverse, les familles les plus aisées, qui ont « un taux marginal de l’impôt à 50% » payeront 50% d’impôts sur ces allocations. « C’est une façon que tout le monde reçoive toujours, mais qu’en réalité, le coût soit beaucoup moins élevé et que les plus riches payent plus que les plus pauvres« .

Quelle solution sera privilégiée par le gouvernement ? Tout dépend de l’objectif sociétal retenu avec ces allocations : veut-on encourager les naissances ? Lutter contre la pauvreté infantile ? Ou s’assurer qu’avoir un enfant n’aura pas de conséquences financières sur une famille ?

► Quel est le montant des allocations familiales ailleurs en Europe ? Découvrez-le ci-dessus en écoutant la suite du podcast Les Clés ou sur Auvio.