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Légionellose : Pourquoi les cas n’augmentent pas en France depuis 2017 ?

Depuis la mi-septembre, 45 cas de légionellose ont été signalés dans le secteur d’Albertville, en Savoie, dont une personne est décédée. En 2024, 1.939 cas de légionellose ont été notifiés à l’agence Santé publique France, correspondant à un taux de notification de 2,8 cas par 100.000 habitants.


Flambée de cas de légionellose dans le secteur d’Albertville, en Savoie, depuis la mi-septembre. Le nombre total de cas a atteint 45 après la confirmation de 28 nouveaux cas, a annoncé mercredi la préfecture de Savoie. Une personne est décédée. En Haute-Saône, à Port-sur-Saône, six cas de légionellose, dont deux mortels, ont été détectés entre le 13 août et le 22 septembre, selon les informations communiquées mercredi par la préfecture et l’Agence régionale de santé (ARS) Bourgogne-Franche-Comté.

Ces chiffres doivent être compris dans un contexte national. En 2024, le nombre de cas de légionellose, transmissible chez l’homme par inhalation de gouttelettes d’eau contenant des légionelles, s’élevait à 1.939 cas signalés à l’agence Santé publique France, soit un taux de notification de 2,8 cas pour 100.000 habitants.

Ce chiffre, qui se situe dans la moyenne des dernières années, est en hausse depuis environ vingt ans. « Après un plateau entre 2005 et 2017, on observe depuis cette date une claire tendance à la hausse, avec un nombre de cas fluctuants entre 1.800 et 2.200 notifiés en France », précise Christine Campese, épidémiologiste en charge du dossier légionellose à Santé publique France (SPF). Cette tendance à la hausse est constatée en France, mais aussi en Europe.

Plusieurs facteurs peuvent expliquer cette augmentation. Ils sont « probablement » de nature météorologique, selon la scientifique. « Il a été démontré, par plusieurs études, que l’humidité liée à une hausse des températures favorise la recrudescence des cas de légionellose, très vraisemblablement en raison de la multiplication de la légionelle dans l’environnement », mentionne Christine Campese.

L’épidémiologiste souligne également un facteur lié à l’amélioration des méthodes de diagnostic. En plus d’un test urinaire spécifique introduit en 1995 pour dépister les cas de légionelloses à *Legionella pneumophila* sérogroupe 1, les chercheurs disposent, depuis quelques années, de tests PCR sur prélèvements respiratoires. Ces derniers permettent de détecter des cas liés à d’autres espèces et sérogroupe de légionelles. « Grâce à ces tests respiratoires, nous pouvons diagnostiquer des cas qui n’auraient pas été identifiés par les antigènes solubles urinaires », indique la scientifique en charge du dossier légionellose.

Les personnes touchées par la maladie sont généralement âgées et fragiles. « Les taux de notification augmentant avec l’âge, il est probable qu’avec le vieillissement de la population, le nombre de cas de légionellose soit en augmentation », souligne Christine Campese. La maladie touche plus particulièrement les individus de plus de 60 ans et ceux présentant des facteurs de risque, « représentant en moyenne 72 % des cas », comme le tabac, le diabète, ou des maladies respiratoires ou immunodépressives.

Concernant la létalité de cette maladie, elle s’établit « autour de 10 % depuis plusieurs années », d’après l’épidémiologiste, et ne diminue pas. « Ce chiffre est global, alors que les personnes malades de la légionellose souffrent souvent d’autres affections », précise l’épidémiologiste. Il est difficile de déterminer si une personne fragilisée décède de sa maladie concurrente ou de la légionellose.

Alors que les sources de contamination sont variées, les scientifiques éprouvent des difficultés à les identifier. « Avec la comparaison des souches, nous arrivons à déterminer la source des contaminations dans seulement 2 % des cas », indique l’épidémiologiste. Pour améliorer ce bilan, plusieurs études sont actuellement en cours.

Une recherche veut savoir si les domiciles représentent des sources de contamination significatives. Les scientifiques s’efforcent également de mieux comprendre le comportement des légionelles dans l’air. Comme l’affirme Christine Campese, « les travaux portent principalement sur un test antigène soluble rapide qui identifierait toutes les espèces de légionelles et leurs sérogroupes, facilitant ainsi le diagnostic de tous les cas de légionellose ».

Pour prévenir la légionellose, les particuliers peuvent adopter des gestes simples : entretenir leur système d’eau chaude, laisser régulièrement couler de l’eau très chaude, surtout après une absence prolongée. Il est également conseillé de nettoyer et de désinfecter les flexibles de douche, pommeaux de douche et embouts des robinets au moins une fois par an, en utilisant une solution de vinaigre blanc.