« Valérie Glatigny alerte sur la gravité des finances de la Fédération Wallonie-Bruxelles »
Le gouvernement de la Fédération Wallonie-Bruxelles doit trouver 300 millions d’euros d’économies d’ici 2029 pour réduire le déficit. Les experts mandatés ont proposé d’augmenter le nombre d’heures prestées en classe par les enseignants du secondaire, suggérant l’ajout de deux heures supplémentaires.
Le gouvernement de la Fédération Wallonie-Bruxelles (FWB) commence ses travaux budgétaires. Il doit trouver 300 millions d’euros d’économies pour réduire le déficit d’ici 2029. Le secteur de l’enseignement sera affecté. « Nous sommes tous conscients au niveau du gouvernement de la FWB de la gravité de la situation », souligne Valérie Glatigny (MR). Pour maîtriser le déficit, la ministre de l’Éducation et de l’Enseignement pour Adultes ajoute que « chaque ministre devra faire des efforts » et que « chaque secteur devra contribuer ». En effet, « chaque euro compte ». « Il n’y aura pas de petite économie. »
Le groupe d’experts missionnés par le gouvernement de la FWB propose diverses recommandations pour réaliser des économies. Parmi les suggestions : augmenter le nombre d’heures de cours pour les enseignants du secondaire, dont deux heures supplémentaires pourraient être envisagées. Valérie Glatigny précise que des études internationales, comme celles de l’OCDE, montrent que les enseignants du secondaire supérieur travailleraient un peu moins « face à la classe » par rapport à d’autres pays. Cependant, rien n’est encore décidé, insiste la ministre. « Il est trop tôt pour se prononcer sur l’une ou l’autre piste. »
Les syndicats demandent également un cadastre des heures réellement travaillées, car bien qu’il soit possible de comptabiliser les heures de cours, beaucoup d’activités (corrections, préparation des cours, etc.) se déroulent hors de la classe. La ministre de l’Éducation remarque à ce sujet qu’il existe des données internationales, mais que ce type d’étude est complexe à réaliser « précisément parce qu’il y a une partie du travail qui n’est pas objectivée. »
Les experts ont également évoqué les DPPR (Disponibilité Précédente la Pension de Retraite), un mécanisme permettant à certains enseignants de partir plus tôt en retraite, qui serait devenu trop coûteux face à la pénurie actuelle d’enseignants. Valérie Glatigny ne peut pas se prononcer ce matin sur ce sujet (le budget 2026 est en cours d’élaboration), mais elle note que les priorités du gouvernement incluent la qualité des apprentissages et la résolution de la pénurie de personnel enseignant, en travaillant par exemple sur les structures : « On l’a fait dans le cadre de la réforme du qualifiant […] On travaille sur des redondances d’offres (des formations qui existent deux fois). »
Les experts estiment également que certaines réformes programmées par le gouvernement de la FWB sont trop coûteuses. C’est le cas de la fin de la nomination des enseignants remplacée par un système de CDI (contrat à durée indéterminée). Abandonner les nominations pourrait rendre les pensions plus coûteuses pour la FWB. Face à cette situation, un auditeur de Matin Première a demandé à la ministre si elle « va continuer dans cette voie ultralibérale, parce que c’est vraiment une réforme idéologique. Ou, si elle va revenir à la raison ». Valérie Glatigny souligne qu’il n’existe pas de modèle à discuter actuellement, précisant que le coût dépendra du modèle choisi. Elle rappelle que « la majorité de la population travaille sous CDI. Ce n’est pas vraiment une réforme ultralibérale ». « Il faudra faire attention à la question budgétaire […] Quand on analysera cette question, il faudra choisir le modèle le moins coûteux. »
Le Pacte pour un Enseignement d’excellence prévoit de mettre en place un tronc commun de la 1re maternelle à la 3e secondaire, permettant, selon le rapport des experts, d’économiser 44 millions d’euros. La ministre de l’Éducation envisage d’accroître le nombre d’activités orientantes dans le secondaire et de différencier les parcours des élèves. Cela soulève la question d’un éventuel retour en arrière. Valérie Glatigny rappelle que les économies liées à l’allongement du tronc commun s’accompagnent de pertes d’emplois, soit 1400 équivalents temps plein (ETP) d’enseignants de l’enseignement qualifiant. « Et donc oui, permettez-moi d’avoir une attention particulière à ces pertes d’emplois et d’avoir une réflexion sur ce sujet. »
Si les recommandations du rapport sont mises en œuvre, des actions seront nécessaires. C’est ce que déclarait le 25 septembre le secrétaire général de la CSC-Enseignement, Roland Lahaye. Comment la ministre de l’Éducation compte-t-elle éviter cela ? « Je comprends l’émotion que crée le rapport. Il ne fait qu’objectiver ce que nous avions dit précédemment. On est tous conscients de la gravité de la situation. Je comprends l’inquiétude. On va essayer de faire le plus de pédagogie possible et de expliquer les décisions lorsqu’elles seront prises. » « Je pense qu’il faut regarder la réalité en face, vu la gravité de la situation. »

