Belgique

Économies en Fédération Wallonie-Bruxelles : experts suggèrent mesures pour crèches.

La Fédération Wallonie-Bruxelles vise 300 millions d’euros d’économies d’ici à 2029, tout en notant que le secteur de la petite enfance représente près de 5% de son budget, avec une enveloppe de 719 millions d’euros. Malgré une augmentation du budget de la petite enfance de 78% entre 2020 et 2025, 1700 places ont été perdues entre 2019 et 2023, notamment dans les crèches non-subventionnées.


300 millions d’euros d’économies d’ici 2029 : tel est l’objectif fixé par la nouvelle majorité MR-Engagés en Fédération Wallonie-Bruxelles pour la fin de la législature actuelle. Bien que l’enseignement représente le plus gros poste de dépenses de l’ex-communauté française (10,65 milliards d’euros, soit 70 % du budget de la FWB), d’autres secteurs doivent également réduire leurs coûts.

C’est le cas du secteur de la petite enfance, qui représente aujourd’hui près de 5 % du budget de la FWB avec un total de 719 millions d’euros. Selon des experts sélectionnés par le gouvernement, des économies significatives pourraient être réalisées, notamment en optimisant les crèches pour augmenter leur capacité d’accueil.

Cependant, pour les parents, cela pourrait avoir des répercussions concrètes si les mesures sont adoptées par le gouvernement Azur de la FWB. Ils pourraient être amenés à payer la crèche de leur enfant sur une base mensuelle plutôt que quotidienne, ce qui signifierait qu’ils devraient s’acquitter des frais même en cas d’absence de leur enfant due à une maladie.

### Constats principaux : un manque de places dans les crèches

Les experts notent que « des milliers de familles sont aujourd’hui dans l’angoisse de ne pas trouver de place pour accueillir leur enfant à naître, et que, dans près d’une famille sur quatre, l’un des parents – généralement la maman – a dû réduire ou arrêter de travailler pour pallier ce manque de places ». Pour eux, lorsque « l’offre d’accueil n’est pas à la hauteur du besoin », des conséquences graves se répercutent sur « une série de politiques sociales essentielles comme la lutte contre les inégalités sociales, l’emploi et l’égalité entre les hommes et les femmes ».

Alors qu’en Flandre le taux de couverture des crèches est de 45,7 places pour 100 enfants âgés de 0 à 2,5 ans, Bruxelles et la Wallonie affichent des chiffres bien inférieurs, avec seulement 37 enfants accueillis sur 100 en Fédération Wallonie-Bruxelles. Le gouvernement de la FWB espère atteindre un taux de couverture de 50 places pour 100 enfants en créant 16.000 nouvelles places.

### Baisse des places malgré une augmentation du budget

Malgré une hausse significative du budget alloué à la petite enfance (+ 78 % entre 2020 et 2025, passant de 235 millions à 418 millions d’euros), 1.700 places ont été perdues entre 2019 et 2023. Ce paradoxe est attribué à une crise au sein des crèches non-conventionnées.

Dans les établissements subventionnés (financés par l’ONE, où les parents paient selon leurs revenus, représentant 76 % des places), 875 places ont été créées. En revanche, 2.575 places ont disparu dans les crèches non-subventionnées (24 % des places). Ainsi, le nombre total de places a diminué.

Les experts estiment que les nouveaux financements pourraient permettre de créer, au mieux, 4.800 places subventionnées d’ici 2029, ajoutant que « les mécanismes actuels de soutien sont insuffisants pour pérenniser les structures non-subventionnées existantes ».

Des fermetures de crèches subventionnées sont également dues à la hausse des coûts : « Il y a eu une énorme augmentation des prix des combustibles avec la crise énergétique, ainsi qu’une forte hausse résultant de l’indexation des salaires des puéricultrices », révèle Delphine Binet, membre de la Fédération des milieux d’accueil de la petite enfance (FeMAPE).

Elle note : « À un moment donné, on ne pouvait pas trop augmenter le prix demandé aux parents. Certaines crèches ne parvenaient plus à maintenir un équilibre financier pour faire face à ces hausses, ce qui les a amenées à fermer. »

### Disparités de financement des structures

Les financements des structures d’accueil varient considérablement. Une crèche communale subventionnée reçoit en moyenne deux fois plus de fonds par place par an (plus de 20.000 euros par place dont plus de 80 % proviennent de ressources publiques) qu’une crèche non-subventionnée, qui dépend à plus de 90 % des paiements des parents.

« Sans modification du cadre de subventionnement, il est fort probable que la perte de places dans les milieux d’accueil non-subventionnés continue de dépasser la création de nouvelles places subventionnées, aggravant la pénurie actuelle avec toutes les conséquences qui en découlent », concluent les experts.

### Quatre propositions d’optimisation

Pour inverser la tendance, les experts proposent quatre pistes :

1. **Reconsidérer le financement Milac** : Ce financement de 106 millions d’euros devrait permettre à l’ONE de couvrir le coût de 1,5 puéricultrice pour 7 enfants dès 2026, alors que la norme actuelle est d’1 puéricultrice pour 7 enfants. Les experts estiment qu’en tenant compte des subventions, on atteint déjà 1,7 puéricultrice pour 7 enfants financés. Ils redoutent que ce budget serve à alléger les charges financières d’autres pouvoirs publics, sans résoudre le problème de la pénurie de places.

2. **Modifier la facturation des absences** : Les experts recommandent de passer d’une facturation journalière à une facturation mensuelle dans les crèches subventionnées, ce qui pourrait générer environ 20 millions d’euros de recettes supplémentaires. Actuellement, les parents ne paient que pour les jours de garde, et les absences justifiées ne sont pas facturées.

3. **Rationalisation des services numériques de l’ONE** : La dotation annuelle de 37 millions d’euros dans le budget informatique devrait être utilisée uniquement en cas de besoin réel pour des outils et services numériques.

4. **Soutenir le maintien et la création de nouvelles places** : Les experts affirment qu’il est essentiel d’investir dans les crèches non-subventionnées, estimant qu’il faudrait investir 4.500 euros par place et par an pour assurer leur viabilité, notamment en utilisant les économies réalisées par d’autres mesures.

### Et dans les faits ?

Du côté de la ministre wallonne de la petite enfance, Valérie Lescrenier (Les Engagés), aucun commentaire n’est fait sur les recommandations des experts. Il est néanmoins confirmé que « les crèches sont un enjeu de société fondamental pour la ministre et que c’est un sujet prioritaire pour le cabinet ».

Ainsi, de nombreuses options seront discutées au sein du gouvernement. Ce rapport des experts représente des pistes potentielles d’économies et d’optimisation, mais les mesures concrètes devront encore être négociées, avec un budget 2026 attendu courant octobre.