France

Budget 2026 : Le patronat s’organise contre la taxe Zucman

Sébastien Lecornu continue ses consultations afin de préparer le budget 2026, ayant rencontré ce mercredi matin les syndicats et l’après-midi les organisations patronales à Matignon. Selon un sondage Ifop publié le 17 septembre, 86 % des personnes interrogées se déclarent favorables à la mise en place d’une taxe Zucman.


Un Premier ministre sous pression. Sébastien Lecornu poursuit ses consultations pour préparer le délicat budget 2026. Après avoir reçu et déçu les syndicats mercredi matin, le nouveau chef du gouvernement a rencontré les organisations patronales à Matignon en début d’après-midi, en présence des ministres démissionnaires Éric Lombard (Économie) et Catherine Vautrin (Travail). Les patrons, dirigés par Patrick Martin, président du Medef, critiquent depuis plusieurs jours les « théories dangereuses » pour les entreprises, telles que la taxe Zucman, qui alimentent le débat budgétaire.

### Zucman, la taxe provoque des tensions

Depuis la rentrée, une taxation des plus riches suscite des remous au sein de la classe politique. Le Parti socialiste, avec qui Sébastien Lecornu essaie de négocier pour éviter une censure, a dégagé la mise en place de la taxe Zucman comme une ligne rouge pour le prochain budget. « On n’a pas licencié Bayrou pour avoir Bayrou bis », a averti Olivier Faure, le leader du PS. Ce nouvel impôt, qui obligerait chaque année les personnes possédant plus de 100 millions d’euros à s’acquitter de 2 % de leur patrimoine, est mal vu par le grand patronat. « Quelle qu’en soit la forme, un retour de l’ISF serait dévastateur pour notre économie, et nous nous y opposerons », a déclaré Patrick Martin, menaçant d’exil fiscal début septembre lors de la « REF », l’événement annuel de la première organisation patronale française.

La montée en puissance de la taxe Zucman a rapidement exaspéré de nombreux grands patrons français. Le milliardaire Bernard Arnault a brisé son silence habituel pour critiquer personnellement son instigateur, le qualifiant de « pseudo universitaire » et de « militant d’extrême gauche » dans le journal britannique *The Sunday Times*. De son côté, Patrick Martin a annoncé mardi l’organisation prochaine d’un « énorme meeting » du patronat.

### Un grand rassemblement des patrons

Cette initiative est suffisamment rare pour être soulignée. Elle rappelle le grand rassemblement de Villepinte (Seine-Saint-Denis) en 1982, où le patron des patrons de l’époque, Yvon Gattaz, avait dénoncé devant des milliers de personnes la politique économique de François Mitterrand. À l’issue de sa rencontre avec Sébastien Lecornu ce mercredi, Patrick Martin a confirmé la tenue d’un grand rassemblement le 13 octobre. Il s’agit d’une réponse à la pression politique et à la nouvelle journée de mobilisation annoncée par l’intersyndicale le 2 octobre. « Ce n’est pas un meeting contre Sébastien Lecornu ni contre un budget qui n’est pas encore rédigé, mais il nous semble nécessaire d’apporter de la rationalité dans ce débat saturé sur les super-riches », a exprimé le président du Medef, soulignant la « dangerosité » de la taxe Zucman.

D’après une information du *Parisien*, le principal syndicat du patronat a même publié un « kit de mobilisation » d’une quinzaine de pages, sorte de guide pour influencer la position socialiste, incluant des visites d’entreprises pour les élus locaux du PS et des discussions informelles avec des patrons formés aux éléments de discours sur les effets « pernicieux » de la taxe Zucman.

Cette agitation du patronat suggère qu’une forme de contribution des plus riches à l’effort budgétaire est en discussion. « La question n’est pas de savoir si Bernard Arnault va payer, mais comment », a résumé un proche du Premier ministre auprès de BFMTV ce mercredi. L’idée semble également progresser au sein de l’ex-majorité présidentielle. « Cela fait longtemps que nous affirmons qu’il y a un sujet à traiter concernant la taxation des plus aisés. Nous avons déjà formulé des propositions et nous en ferons de nouvelles », a confirmé Erwan Balanant, député MoDem du Finistère. « Mais chacun doit faire un geste, et le PS ne doit pas s’accrocher uniquement à la taxe Zucman », a-t-il prévenu.

Sébastien Lecornu devrait annoncer des premières mesures d’ici la fin de la semaine. Plus mobilisé que jamais ces dernières années, le patronat semble avoir perdu la bataille de l’opinion. Selon un sondage Ifop commandé par le PS et publié le 17 septembre, 86 % des personnes interrogées se déclarent favorables à la mise en place d’une taxe Zucman.