France

JO Paris 2024 : Huit mois de prison pour les cyberharceleurs de Barbara Butch

La procureure du Parquet de Paris a qualifié le « cyberharcèlement parfaitement caractérisé » dont a été victime Barbara Butch de « vague de haine antisémite, grossophobe et sexiste ». Le jugement concernant les cinq hommes jugés pour cyberharcèlement et menaces sera rendu le 21 novembre.


Une « vague de haine antisémite, grossophobe et sexiste » a eu des conséquences graves sur la santé mentale et physique de Barbara Butch, figure des nuits parisiennes LGBT+. C’est ainsi que la procureure du Parquet de Paris a qualifié le « cyberharcèlement parfaitement caractérisé » dont a été victime l’artiste.

Le parquet de Paris a requis jeudi des peines allant de trois à huit mois d’emprisonnement, avec ou sans sursis, contre cinq hommes jugés pour cyberharcèlement et menaces à l’encontre de la DJ. Ces messages « brisent », ils « broient ». Leur objectif est « d’intimider et de faire mal », a affirmé la procureure.

Le 26 juillet 2024, Barbara Butch s’est produite aux platines sur la passerelle Debilly à Paris, entourée de drag queens, de mannequins et du chanteur Philippe Katerine peint en bleu, pour une performance intitulée « Festivité ». Cette prestation avait suscité la colère de milieux conservateurs et d’extrême droite, qui y avaient vu une parodie blasphématoire de la Cène de Léonard de Vinci.

Trois jours plus tard, la DJ a déposé plainte après avoir reçu une avalanche de messages haineux : insultes, menaces de mort et de viol, comme « Crève » ou encore « Tu vas payer ». Sa compagne avait également été la cible de menaces.

Barbara Butch a expliqué avoir sombré dans une profonde détresse, développant de l’agoraphobie, du psoriasis et souffrant d’insomnies et de cauchemars. Elle a précisé prendre des antidépresseurs et avoir pris 30 kg en raison du stress et de la peur. « J’avais juste envie de m’enterrer et de disparaître », a-t-elle confié.

Son avocate, Me Audrey Msellati, a souligné l’impact durable de ce cyberharcèlement, qui a contraint l’artiste à ne plus oser sortir de chez elle pendant plusieurs mois.

Âgés de 24 à 57 ans, les cinq hommes, étudiants, pères de famille et aides-soignants, ont reconnu avoir envoyé des messages mais ont nié leur caractère harcelant ou menaçant. Certains affirment avoir été « profondément blessés » par ce qu’ils considèrent comme une parodie de la religion chrétienne. « Ce qui m’a déplu, c’est le fait de rabaisser une religion et de la tourner en dérision », a déclaré le plus jeune d’entre eux.

Une avocate de la défense a noté que le costume de Barbara Butch « évoquait la Vierge Marie », plaidant l’absence d’intention haineuse. Le directeur artistique de la cérémonie, Thomas Jolly, avait déjà démenti toute volonté de provocation, expliquant que la scène visait à représenter une « grande fête païenne reliée aux dieux de l’Olympe ».

Le parquet a demandé des peines de trois à six mois de prison avec sursis et des stages de lutte contre la haine en ligne pour quatre des prévenus présents, et huit mois de prison ferme pour le cinquième, absent lors de l’audience. Le jugement sera rendu le 21 novembre.

D’autres artistes de la cérémonie, dont Thomas Jolly, avaient également été la cible de cyberharcèlement : en mai dernier, sept personnes avaient déjà été condamnées pour des messages haineux.