Transferts de la diaspora : un levier essentiel pour l’Afrique
Un atelier de deux jours a démarré, hier, à Tunis sur le thème « Trasferts de fonds des Tunisiens résidant à l’étranger, investissements et contributions au financement du développement en Tunisie ». Les transferts de revenus des Tunisiens résidant à l’étranger ont représenté 8.817 MDT en 2023, avec une progression annuelle de 5,4% par rapport à 2022.
Un atelier de deux jours a débuté hier à Tunis, portant sur le thème « Transferts de fonds des Tunisiens résidant à l’étranger, investissements et contributions au financement du développement en Tunisie ».
Dans un contexte économique marqué par des difficultés d’accès aux financements, les transferts de fonds des résidents à l’étranger se révèlent être une solution privilégiée pour faire face aux problèmes de financement et surtout dynamiser le développement et les investissements dans les pays d’origine.
Cet atelier, organisé par la Commission économique pour l’Afrique (CEA), regroupe environ soixante experts et représentants des différentes administrations impliquées dans les affaires de la diaspora. Son objectif est d’évaluer les travaux réalisés depuis novembre 2024, date à laquelle un programme pilote a été lancé pour six pays : Tunisie, Égypte, Côte d’Ivoire, Ghana, Lesotho et Comores, des pays où les transferts de la diaspora représentent une part importante du PIB.
L’atelier permet également de présenter et de discuter de l’expérience tunisienne en matière de planification nationale pour une meilleure utilisation des envois de fonds de la diaspora en vue de soutenir le développement du pays. En outre, il a pour but d’échanger sur l’analyse du cadre réglementaire et institutionnel en lien avec la contribution des envois de fonds des Tunisiens résidant à l’étranger à l’investissement en Tunisie, tout en examinant des expériences internationales et en proposant des pistes de réformes.
Ce séminaire offre aussi l’occasion de partager les expériences et bonnes pratiques des pays membres du programme concernant l’optimisation de la contribution des transferts de fonds de la diaspora comme source alternative de financement du développement, selon une note diffusée à l’issue de l’atelier.
Les transferts de fonds des migrants vers les pays en développement représentent des flux financiers significatifs. Malgré les diverses crises économiques internationales et leurs impacts négatifs sur les flux de capitaux privés, le volume des transferts de fonds est resté relativement stable, enregistrant même une tendance à la hausse, comme le souligne le document.
À l’échelle mondiale, les envois de fonds à destination des pays à revenu faible et intermédiaire ont atteint 656 milliards de dollars en 2023, et leur impact réel est encore plus important si l’on considère les fonds transitant par des canaux informels (Banque mondiale, 2024), rappelle la même source.
De plus, les transferts de fonds ont montré une plus grande résilience durant les crises financières que d’autres flux tels que la dette privée, les capitaux propres et les investissements directs étrangers. En effet, les envois de fonds des migrants dépassent le montant des Investissements directs étrangers (IDE) et de l’Aide publique au développement (APD), et il est prévu que les remises migratoires creusent davantage l’écart avec les IDE dans les prochaines années. Au cours de la dernière décennie, ils ont progressé de 55 %, alors que les IDE ont enregistré une baisse de 48 %, précise la note.
En ce qui concerne la Tunisie, le pays compte plus de 1,8 million de personnes domiciliées à l’étranger (soit 14,4 % de la population tunisienne), dont plus de 84 % résident en Europe, avec 55 % en France, suivie par l’Italie et l’Allemagne.
La diaspora tunisienne joue un rôle essentiel dans l’économie nationale, notamment grâce aux transferts de fonds, qui constituent une source significative de devises. Les envois de fonds des Tunisiens à l’étranger ont connu une hausse constante, illustrant les liens étroits entre la diaspora et leur pays d’origine.
Dans ce cadre, les transferts de revenus, ou économies sur salaires et autres revenus du travail rapatriés par les Tunisiens résidant à l’étranger, ont atteint 8.817 MDT en 2023, enregistrant une progression de 5,4 % par rapport à 2022, contre 3.721 MDT en 2013, représentant ainsi une augmentation significative de plus de 136 % au cours de la dernière décennie, souligne la même source.
Cette dynamique s’est poursuivie durant le premier semestre 2024 avec des transferts s’élevant à 4,5 milliards de dinars (dont 3,7 milliards sous forme de flux financiers), comparativement à 4,3 milliards de dinars durant le premier semestre 2023, soit une hausse de 3 % (BCT, 2025).
Les derniers indicateurs monétaires et financiers de la Banque centrale de Tunisie révèlent que ces transferts ont augmenté de 4,6 % fin décembre 2024 par rapport à la même période de l’année précédente. Sur l’ensemble de l’année 2024, les seuls transferts financiers de la diaspora tunisienne ont atteint 8,2 milliards de dinars, représentant près de 6,5 % du PIB.
S’exprimant lors de l’atelier, Lotfi Fradi, directeur de cabinet du ministre de l’Économie et du plan, a souligné l’intérêt que porte le gouvernement à la diaspora.
« Le gouvernement a investi dans cette diaspora, veillant, au cours des dernières années, à développer son savoir-faire et ses compétences pour mieux la préparer aux marchés du travail, tant local qu’international », a-t-il déclaré.
Il a également rappelé le rôle crucial des différents acteurs à l’échelle nationale pour optimiser la contribution des transferts des Tunisiens résidant à l’étranger en termes de développement et de création de richesses, mentionnant les diverses rencontres organisées durant l’été pour informer cette catégorie des avantages et opportunités d’investissement en Tunisie.
Lotfi Fradi a ajouté qu’il est essentiel de continuer les efforts pour simplifier les procédures administratives et de change pour cette diaspora.

