Droujba : l’oléoduc européen, symbole de dépendance russe, inquiète Washington.
Le pipeline Droujba, un oléoduc de 4.000 km construit par l’URSS dans les années 60, part de Samara en Russie et est désormais divisé en deux branches, la branche nord fermée dès 2023 et la branche sud traversant l’Ukraine. En 2022, l’Union européenne a interdit la quasi-totalité des importations de pétrole russe, mais la Slovaquie demeure presque totalement tributaire du brut russe.
Un pipeline de la guerre froide
Ce robinet, c’est Droujba, un oléoduc de 4.000 km construit par l’URSS dans les années 60 pour alimenter l’Europe de l’Est socialiste. Il part de Samara en Russie avant de se diviser en deux : la branche nord vers la Pologne et l’Allemagne, fermée dès 2023 ; la branche sud, qui traverse l’Ukraine pour se diriger vers la Slovaquie, la Hongrie et la République tchèque.
En 2022, l’Union européenne a interdit la quasi-totalité des importations de pétrole russe. Cependant, trois pays ont obtenu une dérogation, faute d’accès direct à la mer, le temps de se diversifier. Trois ans plus tard, la Tchéquie a réussi à fermer le robinet. La Hongrie, pour sa part, a fait juste l’inverse. Selon un rapport du CSD (Center for the study of democracy), 86% de son pétrole provient de Russie, contre 68% avant la guerre en Ukraine. Quant à la Slovaquie, elle reste presque totalement tributaire du brut russe.
Une dépendance qui fragilise ces deux pays. Cet été, l’Ukraine a frappé à plusieurs reprises l’oléoduc côté russe, provoquant des arrêts temporaires et une montée des tensions entre Kiev et Budapest.
Des alternatives limitées et coûteuses
Pourquoi Trump s’en mêle
Quels moyens de pression pour l’UE ?
L’Union européenne, quant à elle, n’a pas les moyens de contraindre directement la Hongrie et la Slovaquie. Pour lever la dérogation qui leur a été accordée, il faudrait l’unanimité des 27 États membres. Budapest et Bratislava brandiraient alors leur veto.
Cependant, la Commission européenne envisage une autre solution : imposer des droits de douane accrus sur le pétrole russe, afin de le rendre moins attractif pour ces deux pays importateurs. L’information a été confirmée par un porte-parole ce mardi après-midi : la Commission présentera prochainement une proposition en ce sens. L’avantage d’une telle mesure serait évident, car elle pourrait être adoptée sans vote unanime.
De l’amitié à la fracture
Ironie de l’histoire : Droujba signifie « amitié » en russe. Cela semble paradoxal pour cet oléoduc censé incarner l’unité socialiste, mais qui, 65 ans après sa construction, est devenu le symbole d’une fracture au cœur de l’Europe.

