Belgique

Le marché de la ménopause : santé préventive ou promesses douteuses ?

Anne reçoit de nombreuses publicités pour des compléments alimentaires censés l’aider à vivre la ménopause plus sereinement. Le docteur Rozenberg estime que « les compléments alimentaires ne servent pas à grand-chose » et privilégie une hygiène de vie saine.

Anne, âgée d’environ cinquante ans, reçoit depuis quelque temps de multiples offres de compléments alimentaires destinés à l’aider à mieux vivre la ménopause et à atténuer les désagréments associés à ce changement hormonal. La variété de ces compléments est remarquable : certains prétendent combattre les bouffées de chaleur, les sueurs nocturnes, les ballonnements, ou la rétention d’eau ; d’autres se concentrent sur la gestion du poids ou la santé du cartilage, sans oublier ceux qui visent à réduire l’anxiété ou les sautes d’humeur fréquentes.

Le prix de ces compléments est également à prendre en compte : il oscille généralement autour de 30 euros, mais peut atteindre jusqu’à 80 euros, selon le format. Anne s’interroge donc : est-ce réellement utile ? Nous avons posé cette question à des médecins.

Des compléments alimentaires ? Bof…

Au CHU Saint-Pierre à Bruxelles, comme dans d’autres établissements hospitaliers, une clinique de la ménopause est en opération. Le docteur Serge Rozenberg, gynécologue et responsable de cette consultation, déclare que l’usage de compléments alimentaires pour accompagner les femmes durant cette période n’est pas jugé efficace : « Les compléments alimentaires ne servent pas à grand-chose. Il faut avant tout une alimentation saine et éviter les excès de tabac, d’alcool, ainsi que les excès glycémiques ou gras. Il n’a jamais été prouvé que prendre des compléments alimentaires servait à quelque chose. La littérature scientifique montre qu’une alimentation saine est utile, mais ne prouve pas l’efficacité des suppléments. »

Mais tout le reste, bof !

Cependant, il nuance son propos concernant le calcium et la vitamine D : « Si on a une densité osseuse faible, au moment de la ménopause, le risque d’ostéoporose augmente du fait de la carence en œstrogènes. Dans ce cas, cela a du sens. Mais tout le reste, bof ! »

Sophia Khoudri, également médecin à la clinique de la ménopause, souligne qu’aucune étude ne prouve formellement l’efficacité de ces compléments, mais qu’ils peuvent bénéficier à certaines femmes : « Elles ressentent que leurs bouffées de chaleur sont atténuées. Est-ce un effet placebo ? On ne le sait pas. Pour d’autres, cela n’a aucun effet, mais cela ne fait pas de mal. »

Le docteur Rozenberg privilégie une hygiène de vie saine. « Ne pas fumer est crucial. Éviter la consommation régulière d’alcool l’est également, car l’alcool augmente le risque de cancer du sein, d’ostéoporose et aggrave les bouffées de chaleur. L’exercice physique est essentiel pour prévenir l’ostéoporose, les maladies cardiovasculaires et le cancer. » Cette approche résulte d’une « médecine basée sur l’évidence, c’est-à-dire une médecine où il est démontré que ceux qui adoptent ces comportements améliorent leur santé ».

Des traitements hormonaux de substitution existent également, consistant en l’administration d’hormones féminines, prescrits par un médecin. « Si vous en avez besoin et qu’il n’y a pas de contre-indication majeure, prenez-le. Si ce n’est pas nécessaire, ne l’utilisez pas », insiste le docteur Rozenberg. Il convient de noter qu’une littérature scientifique antérieure a évoqué des risques accrus : « les mêmes études, lorsqu’elles ont été réanalyées pour des femmes ménopausées entre 50 et 60 ans, plutôt qu’entre 60 et 70 ans, sans contre-indications, ont montré que la balance est plutôt favorable si l’on choisit les bons produits ». Chaque situation étant unique, il est essentiel d’analyser chaque cas individuellement et de le réévaluer régulièrement.

Un cap difficile à passer

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De nos jours, la ménopause est un sujet qui tend à être moins tabou. L’humoriste Michèle Bernier a même écrit une chanson intitulée « le tango de la ménopause », où elle évoque « bouffées, bouffées, chez moi, c’est l’été toute l’année. Je sens que chez Picard, je vais m’installer. » À Paris, une comédie musicale s’intitule simplement « Ménopause ».

Cependant, lors des consultations, Sophia Khoudri observe que les femmes se posent de nombreuses questions. « Quand elles viennent me consulter, les patientes ne savent souvent pas comment aborder cette période difficile : bouffées de chaleur, sécheresse vaginale, prise de poids, regard des autres, irritabilité, elles ne se reconnaissent plus. » Elle ajoute : « Elles viennent me voir pour trouver une solution à ces difficultés. Trop de médecins minimisent encore ces symptômes. Il est possible d’y remédier. »

Le conseil essentiel : aborder le sujet avec un médecin qui saura accompagner les femmes durant cette phase.