Turquie : Un homme pourrait contester Erdogan face à la répression
Le Président turc Recep Tayyip Erdogan est confronté à trois candidats du principal parti d’opposition pour l’élection présidentielle de 2028. Ekrem Imamoglu, emprisonné et inéligible pour trois ans, ne fait plus partie des candidats potentiels.
C’est un affrontement entre le président turc Recep Tayyip Erdogan et trois candidats potentiels du principal parti d’opposition. Le premier, Ekrem Imamoglu, ne fait plus partie du jeu. Avant son arrestation, il était le maire d’Istanbul et l’adversaire principal d’Erdogan, en tête des sondages et annoncé comme le futur président lors des élections présidentielles de 2028.
Derrière lui, Mansour Yavas, maire d’Ankara et également membre du Parti Républicain du Peuple, pourrait devenir le candidat présidentiel. « Jusque-là, Mansur Yavas n’était pas visé par les attaques judiciaires », précise Ahmet Insel, professeur émérite à l’université Galatasaray à Istanbul. « Mais des arrestations ont commencé hier (NDLR : ce mardi) parmi plusieurs personnalités de la mairie d’Ankara. Cela prépare probablement un procès contre le maire lui-même. »
Les regards se tournent déjà vers le troisième homme en popularité au sein du parti d’opposition. Ozgür Ozel, récemment réélu à la tête du parti, vient de remporter une victoire significative face à la répression politique. « C’est une répression judiciaire destinée à invalider les élections dans les différents congrès du parti d’opposition, et ce pour briser la dynamique montante au sein de l’électorat du Parti Républicain du Peuple. Cela vise à empêcher ce parti de mener un travail critique ou de faire campagne en vue des élections présidentielle et législatives. »
L’élection interne avait été fragilisée par un recours en justice. En réponse, le parti a organisé un nouveau congrès extraordinaire, avec un nouveau vote. Une fois Ozgür Ozel réélu une seconde fois, le recours n’avait plus de raison d’être. « Mais c’est une victoire jusqu’à la prochaine attaque du camp Erdogan », avertit Ahmet Insel.
La bataille pour 2028 s’annonce d’abord comme celle d’Erdogan face à la Constitution. Théoriquement, il n’y a pas de débat : Recep Tayyip Erdogan doit quitter le pouvoir en 2028 et ne peut plus se porter candidat à la présidentielle. La Constitution limite la présidence à deux mandats consécutifs. Erdogan lui-même a indiqué ne plus vouloir se présenter. Pourtant, le président cherche à obtenir un changement constitutionnel. Pour l’instant, il n’y a pas de majorité suffisante pour une modification.
« Erdogan pourrait également chercher à annuler ces élections futures en organisant un vote anticipé, ce qui lui permettrait de contourner la règle de limitation. Mais là encore, il n’a pas de majorité actuellement. »
Ce contexte met le président sous pression. Les sondages montrent les trois candidats potentiels du principal parti d’opposition en tête. Ekrem Imamoglu n’est plus un problème pour Erdogan, étant emprisonné et sous le coup d’une inéligibilité de trois ans. Son diplôme universitaire a également été annulé, une obligation pour se présenter à l’élection présidentielle en Turquie.
« Pour la première fois, Erdogan est dans la panique, alors il va s’acharner contre les candidats », prédit Ahmet Insel. Ozgür Ozel et Mansur Yavas risquent d’être les prochaines cibles des polémiques et des procès.

