France

Reconnaissance de la Palestine : Israël pourrait attaquer quatre sites religieux français.

La reconnaissance de l’État de la Palestine par la France a été critiquée par le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahou, qui a annoncé ne pas exclure des représailles envers les pays concernés, notamment la France. Selon Gérard Araud, ancien ambassadeur de France en Israël, « il y aura, je pense, des représailles » diplomatiques de la part d’Israël.


La reconnaissance de l’État de la Palestine par la France suscite des réactions mitigées. Avant même le discours d’Emmanuel Macron aux Nations Unies ce lundi soir, le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahou avait déjà signalé qu’il ne comptait pas exclure des représailles contre les pays concernés, tels que le Canada, le Royaume-Uni, le Portugal, la Belgique, le Luxembourg et Monaco.

Ces mesures de représailles pourraient toucher en premier lieu la Cisjordanie, avec une intrusion potentielle dans une grande partie du territoire ainsi qu’un assèchement organisé de son économie et de son système bancaire, qui dépend d’Israël. Les pays ayant reconnu la Palestine, avec la France en tête, ne seraient pas à l’abri non plus.

Cette hypothèse a été corroborée par Gérard Araud, ancien ambassadeur de France en Israël et aux États-Unis, lors d’une interview avec France Info mardi matin. Il a affirmé : « Il y aura, je pense, des représailles », en précisant que des mesures diplomatiques pourraient être envisagées par Israël. Les autorités israéliennes considèrent la France comme responsable de la nouvelle vague de reconnaissance de l’État palestinien.

L’option la plus directe pour Benyamin Netanyahou serait de fermer le consulat de France à Jérusalem. Cependant, une telle décision pourrait entraîner des répercussions diplomatiques sévères et nuire aux plus de 25.000 Franco-Israéliens vivant dans la région. Une alternative plus plausible serait l’expulsion de diplomates ayant des liens directs avec l’Autorité palestinienne, une voie déjà explorée par la Norvège, ou encore la suspension des relations avec l’ambassadeur français en Israël.

D’autres « sites » français à Jérusalem pourraient également devenir des cibles. En effet, plusieurs enclaves françaises existent dans la ville, en particulier quatre domaines nationaux situés sur le sol israélien : l’église du Pater Noster sur le mont des Oliviers à Jérusalem-Est, le monastère d’Abou Gosh à Jérusalem-Ouest, le Tombeau des Rois et la basilique Sainte-Anne.

Cette dernière est déjà au cœur des tensions entre la France et Israël, comme en témoigne la célèbre réaction de Jacques Chirac en 1996 avec son « This is not a method! This is a provocation », ainsi que celle d’Emmanuel Macron en 2020, lors de l’intervention de soldats israéliens près de la basilique, un territoire français à Jérusalem.

Le premier site, considéré comme un vieux refuge de Jésus-Christ, souligne le rôle protecteur de la France pour les communautés catholiques en Terre sainte, un rôle hérité de François Ier par le biais du traité de 1535 avec Soliman le Magnifique, réaffirmé par l’État en 2024 après une incursion israélienne non autorisée sur le site, qui avait abouti à l’arrestation de deux gendarmes français sous statut diplomatique.

Concernant le Tombeau des Rois, Frédérique Schillo, historienne citée par Le Figaro, indique que « si Israël ne s’en prendra pas forcément aux trois sites chrétiens, il pourrait en revanche lorgner le Tombeau des rois », à la fois site archéologique majeur pour la France et lieu de culte juif. Elle souligne également les intentions des ultraorthodoxes israéliens qui désirent s’approprier « L’Eleona » pour intensifier la judaïsation de la partie orientale de Jérusalem.

Ces sites sont en effet vulnérables, car leur valeur diplomatique peut être contestée sur le plan juridique, Gérard Araud ayant signalé que « les actes de propriété n’existent pas forcément ou sont contestables », même si leur signification symbolique est forte.

D’après l’ancien ambassadeur, Israël pourrait tenter de forcer la France à payer un impôt sur ces possessions. Benyamin Netanyahou pourrait également choisir de restreindre l’accès à ces sites en limitant leurs horaires ou en régulant le nombre et la qualité des visiteurs, voire en séquestrant complètement ces lieux. Pire encore, l’État hébreu pourrait envisager de les saisir, ce qui provoquerait un incident diplomatique majeur.