Belgique

L’ONU en crise prévoit un large plan social pour 2026.

Le plan nommé ONU80 fait référence à l’âge de l’institution, née en 1945, visant à préserver la paix, défendre les Droits de l’Homme et promouvoir la coopération internationale. Pour 2026, le budget révisé a été fixé à 3,2 milliards de dollars, en baisse de 15%, ce qui conduira à la suppression de 2700 postes.


Le plan dénommé ONU80 fait référence à l’anniversaire de l’institution, fondée en 1945. À la fin de la Seconde Guerre mondiale, 51 États, dont les États-Unis en tête, avaient pour but de préserver la paix, de défendre les Droits de l’Homme et le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes, ainsi que de promouvoir la coopération internationale dans tous les domaines.

Quatre-vingts ans plus tard, les États-Unis, qui s’éloignent de plus en plus des Nations Unies, pourraient être ceux qui pousseront l’organisation à repenser son fonctionnement.

Donald Trump, lors de son discours à l’Assemblée générale, a exprimé des critiques sévères à l’égard des Nations Unies. « Les deux choses que j’ai eues des Nations Unies, c’est un escalier mécanique défaillant et un téléprompteur défaillant », a-t-il ironisé.

Depuis 1945, l’ordre multilatéral s’emploie à résoudre un dilemme essentiel : comment inciter des nations libres et indépendantes à s’unir pour préserver des biens communs tels que la paix, la stabilité financière ou le patrimoine culturel. Cette mission fondamentale reste pertinente. Cependant, le cadre dans lequel elle s’inscrit est aujourd’hui fortement contesté.

## ONU : une crise de légitimité et une crise budgétaire

Au-delà de la fragilité des bases de l’institution, l’ONU fait également face à une crise budgétaire. Ce problème n’est pas nouveau, mais il s’aggrave.

Pour mieux comprendre, la « galaxie ONU » comprend un peu plus de 110.000 personnes sur le terrain, dont 36.000 œuvrent pour le Secrétariat des Nations Unies, l’un des principaux organes chargé de nombreuses missions attribuées par l’Assemblée générale ou le Conseil de sécurité. Ce dernier devra réduire son budget, qui finance les dépenses de personnel, d’investissement et de fonctionnement du Secrétariat ainsi que dans divers bureaux de l’Organisation : New-York, Genève, Vienne ou Nairobi.

## Un budget en baisse et des pertes d’emplois

Pour 2026, le budget révisé est fixé à 3,2 milliards de dollars, soit une diminution de 15 %. Cela représente une réduction de 500 millions de dollars entraînant la suppression de 2700 postes.

Cette mesure vise à faire face à une crise de liquidités causée par le fait que certains États membres ne paient pas l’intégralité de leur contribution obligatoire ou ne la versent pas à temps.

Le budget de l’ONU est constitué de contributions volontaires et obligatoires, calculées en fonction du PIB de chaque État. Les États-Unis restent le plus gros contributeur, représentant 22 % du total.

Concernant les contributions volontaires, celles-ci ont augmenté de manière significative au cours des dix dernières années, devenant très majoritaires dans certains organismes comme l’Organisation mondiale de la santé ou l’agence des Nations Unies pour les réfugiés, ce qui pourrait être qualifié d' »ONU à la carte » puisque les États donateurs obtiennent de plus en plus de liberté quant aux programmes qu’ils souhaitent financer. Cela est particulièrement visible avec l’administration Trump qui se retire progressivement, mettant en danger les missions de certaines agences.

## Des règles budgétaires complexes

Des règles budgétaires complexes rendent l’institution particulièrement vulnérable.

L’ONU ne peut pas emprunter sur les marchés financiers et doit dépenser l’argent l’année où elle le reçoit, souvent avec beaucoup de retard.

En 2024, la Chine a payé sa contribution le 27 décembre, laissant seulement quatre jours à l’ONU pour utiliser les fonds avant qu’elle soit contrainte de les restituer. Les États-Unis, quant à eux, ont un arriéré de 1,5 milliard de dollars. Ces retards de paiement américains ne sont pas récents et se prolongent depuis l’ère Reagan, se répétant également sous Bush Junior, Obama, et Biden.

## Que prévoit le plan social « ONU80 » ?

Dans le passé, pour limiter les dépenses, des mesures avaient déjà été prises, comme l’arrêt des escalators, la fermeture des bars à 17h, la réduction du chauffage ou la mise hors service du four à pizza du siège de Genève. Cependant, la crise de trésorerie à l’ONU dépasse ces ajustements.

Pour réduire les coûts, le secrétaire général de l’ONU envisage des relocalisations loin des lieux de travail les plus chers, comme New York et Genève, deux villes parmi les plus onéreuses au monde.

Il est également question d’une rationalisation afin d’éviter les doublons, avec une redistribution des dizaines d’agences de l’ONU sous quatre départements principaux.

La proposition de budget sera discutée par les États membres avant son adoption prévue par l’Assemblée générale d’ici la fin de l’année.

L’avenir de l’ONU, face à ces crises successives, dépendra de sa capacité à obtenir le soutien politique nécessaire pour ces réformes.