France

Scandale des eaux minérales : l’UFC Que Choisir exige le retrait de Perrier

Ce mercredi, à Nanterre, Nestlé comparaît devant le tribunal suite aux révélations fracassantes de Radio France et du Monde en janvier 2024. L’UFC-Que Choisir demande des mesures d’urgence : retrait des bouteilles, rappel et suspension du label « eau minérale naturelle » jusqu’à ce que Nestlé obtienne une nouvelle autorisation d’exploitation, déposée en juillet 2025.


Ce mercredi, à Nanterre, Nestlé est jugé par le tribunal suite aux révélations de Radio France et du Monde en janvier 2024, selon France Bleu. La polémique concerne la pollution des sources de Perrier et l’utilisation de filtres interdits pour purifier une eau soi-disant « naturellement pure ». L’UFC-Que Choisir réclame le retrait des bouteilles, leur rappel et la suspension du label « eau minérale naturelle ».

Dès octobre 2023, l’Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses) alertait sur une “contamination régulière” des eaux brutes et un “niveau de confiance insuffisant” quant à leur qualité sanitaire. En avril 2025, des hydrogéologues confirment que tous les puits exploités par Nestlé à Vergèze ont perdu leur pureté originelle, avec des contaminations microbiologiques observées sur une décennie.

### 300.000 bouteilles détruites

Nestlé est également critiquée pour l’utilisation de microfiltres, interdits pour les eaux minérales naturelles qui doivent être pures sans traitement. L’entreprise soutient que ces dispositifs ne corrigent pas une eau polluée, mais les autorités sanitaires le contestent. En août 2024, l’Agence régionale de santé (ARS) d’Occitanie note une « qualité d’eau brute insuffisante » et des contaminations « inacceptables ». Le préfet du Gard, Jérôme Bonet, déclare même : « La pureté originelle n’a pas été préservée. » Nestlé a remplacé ses filtres de 0,2 µm par des filtres à 0,45 µm, mais sans autorisation préalable, augmentant ainsi les suspicions.

L’UFC-Que Choisir, par la voix de son avocat Alexis Macchetto, évoque une « fraude massive » et de « possibles risques sanitaires ». En juillet 2022, l’Inspection générale des affaires sociales (IGAS) avait déjà alerté sur une maîtrise insuffisante des risques. En 2023, le directeur général de la Santé, Jérôme Salomon, recommandait d’arrêter les forages. Pire encore, au printemps 2025, 300.000 bouteilles de Perrier ont été détruites après la découverte de bactéries pathogènes. Nestlé minimise la situation, arguant que ses contrôles sont efficaces, mais la réglementation exige une pureté à la source, et non un tri des lots contaminés.

### Nestlé défend son eau

En réponse à ces accusations, Nestlé assure que l’eau de Perrier reste « pure à la source » et que les nouveaux filtres sont conformes. Cependant, les rapports officiels contredisent cette version. L’ARS envisage même un arrêt de la production et suggère un « autre usage alimentaire » pour l’eau de Vergèze. La multinationale met également en avant sa campagne d’information, imposée par la préfecture en mai 2025, pour informer les consommateurs de la non-conformité. Toutefois, pour l’UFC, cette communication reste insuffisante : avec 78 millions de bouteilles en circulation, de nombreux consommateurs demeurent dans l’ignorance de la situation.

L’UFC-Que Choisir appelle à des mesures d’urgence : retrait des bouteilles, rappel et suspension du label « eau minérale naturelle » jusqu’à ce que Nestlé obtienne une nouvelle autorisation d’exploitation, déposée en juillet 2025. « On ne peut pas attendre une catastrophe comme celle de 2016 en Espagne, où 4.000 personnes ont été intoxiquées par une eau contaminée », insiste Me Macchetto. Le verdict de ce référé, qui ne juge pas le fond, pourrait avoir un impact significatif sur l’avenir de Perrier.