Trump établit un lien entre autisme et paracétamol, refuse la vaccination des nourrissons contre hépatite B.

Le président américain Donald Trump a vivement déconseillé lundi aux femmes enceintes de prendre du paracétamol, affirmant qu’il était « peut-être associé à un risque très accru d’autisme ». L’action du groupe pharmaceutique américain Kenvue, qui commercialise le Tylenol, chutait lundi en Bourse, avec -6,46% à 17,16 dollars vers 16h05 GMT.

Le président américain Donald Trump a fortement conseillé lundi aux femmes enceintes de ne pas prendre de paracétamol, un analgésique largement utilisé et recommandé, affirmant qu’il pourrait être « peut-être associé à un risque très accru d’autisme ». « N’en prenez pas », a-t-il insisté lors d’un événement à la Maison Blanche consacré à l’autisme, un trouble neurodéveloppemental complexe aux multiples origines.

« Je pense que nous avons trouvé une réponse » à la question de « comment cela se produit », a déclaré le républicain dimanche en Arizona, prédisant que l’annonce à venir serait « l’une des plus importantes » qu’il ait jamais faites.

Au printemps, son ministre de la Santé, Robert Kennedy Jr, avait promis d’établir d' »ici septembre » les causes de l’autisme, un engagement qui avait suscité l’inquiétude des experts en raison de la complexité du sujet et des positions du ministre, qui doute des vaccins et a véhiculé par le passé des désinformations à ce sujet.

L’autisme est un trouble complexe dont l’origine fait l’objet de recherches depuis longtemps. Si la génétique joue un rôle crucial, plusieurs facteurs environnementaux ont été identifiés, tels qu’une neuro-inflammation ou la prise de certains médicaments comme le Dépakine durant la grossesse. Selon des médias américains, les autorités américaines s’apprêtent lundi à incriminer la consommation de paracétamol ou d’acétaminophène par les femmes enceintes.

Ce principe actif se trouve dans des analgésiques très couramment utilisés comme le Doliprane, le Dalfagan ou le Tylenol (américain ou canadien), et est recommandé lors de douleurs ou de fièvre. D’autres médicaments tels que l’aspirine ou l’ibuprofène sont contre-indiqués, notamment en fin de grossesse.

Cette assertion « n’a rien de nouveau », a remarqué David Mandell, professeur en psychiatrie à l’université de Pennsylvanie. « Cela repose sur des travaux scientifiques déjà publiés. Il s’agit d’une analyse de cette littérature scientifique, et c’est une mauvaise analyse », a-t-il déclaré à l’AFP. La question d’un lien entre le paracétamol et le développement de troubles neurodéveloppementaux chez l’enfant a en effet été examinée par de nombreuses études ces dernières années, avec des résultats variés. Une vaste étude menée sur plus de 2 millions d’enfants et publiée en 2024 dans la renommée revue médicale Jama avait ainsi écarté ce risque. Cependant, cet été, une analyse de précédentes études a abouti à une conclusion différente, avertissant toutefois que des recherches supplémentaires étaient nécessaires pour confirmer cette éventuelle implication.

Une des difficultés pour les chercheurs réside dans le fait qu’il est complexe de distinguer les effets de la prise de ce médicament des raisons qui poussent à son utilisation, explique David Mandell. « On sait que la fièvre […] peut augmenter le risque de retard et de troubles du développement neurologique », souligne-t-il. « Il faut donc être très prudent lorsque l’on essaie de déterminer lequel de ces deux facteurs est responsable de l’augmentation du risque d’autisme. »

Établir publiquement un lien entre le médicament et l’autisme serait « très irresponsable et potentiellement dangereux », avaient averti début septembre des dizaines de scientifiques américains spécialisés en autisme, après que le Wall Street Journal ait abordé cette possibilité. « La science est bien plus nuancée et incertaine », avaient-ils insisté, avertissant qu’une telle annonce provoquerait « confusion et peur ».

En raison de ces informations, l’action du groupe pharmaceutique américain Kenvue, qui commercialise le Tylenol, est tombée de -6,46 % à 17,16 dollars lundi vers 16h05 GMT.