ONU : quels pays soutiennent l’appel de la France pour l’État palestinien ?
Dès ce dimanche, le Royaume-Uni, le Canada, l’Australie et le Portugal ont rejoint les États qui reconnaissent la Palestine, portant à au moins 145 le nombre de pays reconnaissant la Palestine sur 193 États membres de l’ONU. Au sein de l’ONU, le statut officiel de l’État palestinien reste celui d’État non-membre observateur, en vigueur depuis le 29 novembre 2012.
## Quels sont les nouveaux pays qui reconnaissent un État palestinien ?
Sur la carte mondiale, la proportion de pays ne reconnaissant pas la Palestine (en gris) a diminué ces derniers mois. À partir de ce dimanche, le Royaume-Uni, le Canada, l’Australie et le Portugal ont rejoint les États ayant reconnu la Palestine, juste avant le sommet. Cela porte à au moins 145 le nombre de pays ayant fait ce choix sur 193 États membres de l’ONU, selon le décompte de l’AFP.
Ce lundi, la France, la Belgique, Malte, le Luxembourg, Andorre et Saint-Marin devraient également suivre cette voie. La France conditionne l’ouverture d’une ambassade en Palestine à la libération des otages pris par le Hamas à Gaza, a déclaré Emmanuel Macron sur CBS. En Belgique, cette reconnaissance annoncée par le gouvernement De Wever vient avec plusieurs conditions.
## Une reconnaissance symbolique
À court terme, la reconnaissance d’un État palestinien par une majorité d’États est principalement symbolique et politique, sans pour autant modifier le statut des Palestiniens à l’ONU. Comme le rappelait en juillet dernier Olivier Corten, professeur de Droit international à l’ULB, « un état existe qu’il soit reconnu ou non ».
Ce principe s’applique à tous les États : « C’est pour ça d’ailleurs qu’Israël existe, même s’il n’est pas reconnu par toute une série d’États. Il y a une sorte de parallélisme entre les deux situations », concluait Olivier Corten.
## Un statut d’observateur inchangé
Au sein de l’ONU, le statut officiel de l’État palestinien reste celui attribué depuis le 29 novembre 2012 : la Palestine a obtenu un statut d’État non-membre observateur. Ce statut a été octroyé par l’Assemblée générale de l’ONU par une résolution adoptée avec 138 voix pour et neuf contre (Canada, République tchèque, États fédérés de Micronésie, Israël, Îles Marshall, Nauru, Panama, Palaos, États-Unis), avec 41 abstentions.
Avoir un observateur à l’ONU permet à l’État palestinien d’interpeller le Conseil de sécurité et l’Assemblée générale. Par exemple, Riyad Mansour, l’actuel observateur permanent, alerte régulièrement sur la situation à Gaza. En mai dernier, il avait prononcé un discours poignant sur les enfants palestiniens devant le Conseil de sécurité et avait déclaré : « Nos enfants sont en train de mourir sous nos yeux […]. C’est insupportable ! Comment cela a-t-il pu arriver ? ».
## La Palestine attend toujours d’être un État membre à part entière de l’ONU
L’État palestinien souhaite obtenir un statut de membre à part entière au sein des Nations Unies, au-delà de son statut d’observateur. Cette demande a été soutenue en mai 2024 par une résolution de l’Assemblée générale demandant au Conseil de sécurité d’examiner favorablement cette demande.
Le Conseil de sécurité de l’ONU est composé de 15 membres, dont cinq permanents (États-Unis, Chine, Russie, France et Royaume-Uni), ainsi que 10 membres élus pour un mandat de deux ans. Actuellement, ceux-ci sont l’Algérie, le Danemark, la Grèce, la Guyane, le Pakistan, le Panama, la République de Corée, la Sierra Leone, la Slovénie et la Somalie.
Rappelons que les membres permanents peuvent utiliser leur droit de veto au sein du Conseil de sécurité. Les États-Unis ont ainsi bloqué en août dernier une résolution soutenue par quatorze membres, qui appelait Israël à cesser son offensive militaire sur le territoire palestinien. Seuls les États-Unis, grand allié d’Israël, n’ont pas signé le communiqué.
À ce jour, aucune décision n’a été prise par le Conseil de sécurité pour accorder à l’État palestinien un statut de membre de l’ONU. La reconnaissance de l’État palestinien par certains pays lors de cette 80e Assemblée générale de l’ONU ne modifiera en rien cette demande palestinienne.
Les États-Unis continuent également à faire preuve d’opposition à la reconnaissance de l’État palestinien et à utiliser leur droit de veto pour bloquer les demandes palestiniennes. Ce jeudi, les États-Unis ont bloqué l’adoption d’un texte réclamant un cessez-le-feu et un accès humanitaire à Gaza, malgré 14 voix favorables. Cet échec est le fruit d’une opposition déjà exprimée plusieurs fois par les États-Unis, notamment en juin.
De plus, les États-Unis ont refusé des visas à environ 80 Palestiniens, membres de l’Organisation de la libération de la Palestine (OLP) ou de l’Autorité palestinienne, qui souhaitaient participer à l’Assemblée générale des Nations Unies. Ce refus concerne notamment le président palestinien Mahmoud Abbas.
Dans une résolution votée par 145 voix contre 5 (avec 6 abstentions), l’Assemblée générale a « regretté » la décision des États-Unis et a demandé son annulation.
Malgré tout, une déclaration enregistrée de Mahmoud Abbas sera diffusée lors du débat général sur la reconnaissance de l’État palestinien.
## Une reconnaissance symbolique : pour quoi faire ?
La reconnaissance de l’État palestinien par certains membres de l’Assemblée générale de l’ONU constitue un geste symbolique. Comme l’expliquait Olivier Corten cet été, « À partir du moment où la reconnaissance de la Palestine devient quasiment universelle, la Palestine n’a plus à négocier son statut d’État. Ça signifie que les négociations peuvent se concentrer sur les véritables problèmes : la sécurité et éventuellement des échanges de territoire ».
Cependant, cette reconnaissance ne prendra de sens que « si les pays qui reconnaissent la Palestine mettent en œuvre d’autres mesures pour faire pression sur Israël afin qu’il mette fin à sa campagne à Gaza », commente également Richard Gowan, de l’International Crisis Group. Mais il craint également des représailles israéliennes, évoquant un risque d’ « escalade » de la part du Premier ministre Benjamin Netanyahou qui a clairement dit qu’ « il n’y aurait pas d’État palestinien ».

