Belgique

Interdiction de l’alcool à Bruxelles : près de 600 P-V en dix mois.

Il y a eu 594 constats en l’espace de dix mois relatifs à des personnes qui consommaient de l’alcool dans l’espace public. Selon les autorités de la Ville de Bruxelles, « la période qui s’achève s’inscrit dans la lignée de la précédente avec un taux de verbalisation important » notamment durant les mois d’été.


Il y a eu 594 constatations en dix mois concernant des individus consommant de l’alcool dans l’espace public. Depuis février 2020, en raison de la pandémie de Covid-19, il est interdit de boire des boissons alcoolisées dans le centre de Bruxelles, et cette zone a constamment été élargie. Actuellement, elle s’étend de la place Fontainas à Sainctelette, en passant par le piétonnier, Sainte-Catherine et le Béguinage.

Selon les autorités de la Ville de Bruxelles, « la période qui s’achève s’inscrit dans la lignée de la précédente avec un taux de verbalisation important », particulièrement pendant les mois d’été. Ce bilan pourrait s’alourdir avec les données d’août et septembre qui seront publiées. À titre de comparaison, lors de l’exercice précédent, entre octobre 2022 et septembre 2023, 576 constats avaient été réalisés.

**Une approche répressive et sociale**

« Au-delà des P-V, c’est une règle qui rentre de plus en plus dans les mentalités », indique le bourgmestre Philippe Close (PS). « C’est un règlement qui permet à la police d’agir. Ce n’est pas pour autant que les nuisances ont disparu. Et donc, il faut avoir une double approche : parfois répressive mais aussi sociale car beaucoup de ces publics sont appelés ‘bas seuil’. Ce sont des personnes en errance. Raison pour laquelle nous disposons d’une brigade spécialisée (NDLR : Herscham) pour traiter ce type de public. »

Sa mission est de rappeler la norme et d’accompagner les personnes interpellées. « Elle est là pour dire : ‘Attention, boire dans l’espace public est interdit. Mais est-ce que vous avez besoin d’aide ? Voulez-vous être redirigé vers le CPAS, vers l’office des étrangers ?’ C’est ce double travail qu’il faut faire. »

D’après le bourgmestre, les commerçants du centre sont en faveur de cette approche. Cependant, sur le terrain, certains commerçants se montrent sceptiques. Rue du Midi, une commerçante déplore, en quittant sa boutique, de croiser régulièrement « des gens alcoolisés, qui se vautrent et se bagarrent. » Le règlement impose des sanctions pouvant atteindre 500 euros pour ceux qui consomment sur la voie publique. « Mais ils ne paieront jamais cette amende », précise notre interlocutrice. « Ils ont juste assez pour payer leurs boissons. »

**Deux P-V par jour, ce n’est pas représentatif**

Un autre commerçant se plaint des nuisances causées par ces publics : bagarres, cris, déchets jetés, urines dans les espaces privés, y compris dans son garage. « Et puis, 600 P-V, ça fait environ deux par jour. Pour moi, ce n’est pas représentatif de la quantité de personnes qui consomment de l’alcool et qui provoquent des incivilités. »

Pour Philippe, qui se spécialise dans la vente d’alcools de marque et raffinés, les problèmes liés à la consommation d’alcool se produisent « en fin de journée, le soir, la nuit… Ce règlement est une bonne chose, d’autant plus que les personnes qui consomment dans la rue nuisent à l’Horeca qui propose une offre en terrasse. »

**Des personnes alcoolisées agressives, on en croise**

Sophie, dont le commerce est situé en face du commissariat central de l’Amigo depuis plusieurs années, ignorait l’existence de ce règlement. « En même temps, je ne bois pas dans la rue donc je ne suis pas directement concernée », sourit-elle. « Mais je suis pour avoir un minimum de contrôle sur ce qui se passe dans le centre-ville. J’ai deux enfants et j’habite aussi dans le centre-ville. Je ne suis ni contre la fête ni contre la consommation d’alcool, sinon je n’habiterais pas ici. Cependant, je me suis déjà retrouvée plusieurs fois dans des situations avec mes enfants face à des personnes, bouteilles de whisky à la main, en train de boire et de crier sur tout le monde. Ce n’est pas évident. Les gens alcoolisés agressifs, on en croise. »

Ce lundi soir, le conseil communal doit voter la prolongation d’une année du règlement en question. Dans le périmètre concerné, ce texte ne s’applique pas à la consommation d’alcool en terrasse d’un café ou d’un restaurant ou lors d’événements autorisés.