Bart De Wever, un pilier des fêtes en Wallonie
Jan Peumans, président du Parlement flamand (N-VA), était venu aux Fêtes de Wallonie en 2010. Dès 2010, le MR comprend qu’une opportunité stratégique s’ouvre avec De Wever.
Ce n’est pas inédit qu’un Premier ministre assiste aux Fêtes de Wallonie, ni qu’un nationaliste y soit convié. En 2010, Jan Peumans, président du Parlement flamand (N-VA), s’y était rendu, alors que le PS tentait de négocier un gouvernement avec la N-VA, effort qui s’était soldé par un échec.
Plus qu’un simple Premier ministre ou un nationaliste flamand, De Wever incarne le symbole du renouveau du nationalisme flamand, avec une stratégie gagnante pour accéder au pouvoir. Son discours, jugé hostile aux francophones – voire raciste – par la majorité des partis, dont le PS, Ecolo, PTB, MR et cdH, l’ancêtre des Engagés, faisait de lui une menace perçue de manière consensuelle au sud du pays il y a dix ans.
Dès 2010, le MR réalise qu’une opportunité stratégique se présente avec De Wever : la possibilité de gouverner sans les socialistes, un scénario inédit depuis les gouvernements Martens-Gol des années 80. Bien que les libéraux et les nationalistes flamands aient des visions diamétralement opposées sur l’avenir de la Belgique, ils s’accordent à dire que les socialistes francophones sont responsables de tous les problèmes du pays.
Ainsi, le MR se rapproche de la N-VA lors d’un dîner au restaurant Chez Bruneau en 2010. Cependant, ce rapprochement demeure secret : officiellement, le MR se déclare toujours opposé à gouverner avec la N-VA. Charles Michel évoquera même les relents racistes du parti nationaliste durant la campagne de 2014, avant de changer de cap le lendemain des élections et de devenir Premier ministre, seul parti francophone dans un gouvernement fédéral.
Les Engagés suivent une trajectoire similaire, mais un peu plus tard. Le passage du cdH aux Engagés se caractérise par un revirement de Maxime Prévot, qui change également de position sur la N-VA, lui ouvrant ainsi les portes du pouvoir fédéral.
La présence de Bart De Wever à Namur symbolise donc la consécration de ces changements, tout d’abord celui du MR, puis celui des Engagés. Le discours officiel de la coalition au pouvoir en Wallonie n’exige plus rien et prône désormais une coopération franche entre les différents niveaux de pouvoir, montrant que la Belgique fonctionne bien, contrairement à la situation à Bruxelles où la N-VA est encore rejetée.
Ainsi, Bart De Wever à Namur représente l’aboutissement de cette stratégie de conquête du pouvoir, amorcée dès 2010 avec des pourparlers entre Didier Reynders et Bart De Wever dans un restaurant étoilé.

