Belgique

Plusieurs pays, dont la France et la Belgique, reconnaîtront l’État de Palestine à l’ONU ce lundi.

Lors d’un sommet organisé par la France et l’Arabie saoudite, Emmanuel Macron a obtenu l’adoption par l’Assemblée générale de l’ONU d’un texte soutenant un futur État palestinien, excluant le mouvement islamiste Hamas. Au moins 145 des 193 États membres de l’ONU reconnaissent désormais l’État palestinien, sans que cela ne change leur statut d’observateur à l’ONU.


Cette reconnaissance, qui a un caractère essentiellement symbolique, sera annoncée lors d’un sommet organisé par la France et l’Arabie saoudite, portant sur l’avenir de la solution à deux États, avec un Israël et un État palestinien vivant côte à côte en paix et en sécurité. Elle résulte d’un processus mené pendant plusieurs mois par Emmanuel Macron.

Cette initiative a conduit à l’adoption par une écrasante majorité de l’Assemblée générale de l’ONU d’un texte soutenant un futur État palestinien, en excluant clairement le mouvement islamiste Hamas, condition imposée par de nombreux pays occidentaux.

Les Palestiniens « veulent une nation, ils veulent un État et nous ne devons pas les pousser vers le Hamas. Si nous ne leur offrons pas de perspective politique et une telle reconnaissance (…), ils seront coincés avec le Hamas comme unique solution », a expliqué le président français dans l’émission Face the Nation sur CBS ce dimanche. « Si nous voulons isoler le Hamas, le processus de reconnaissance et le plan de paix qui l’accompagne est une précondition », a-t-il ajouté.

Avant même cette réunion à l’ONU, le Royaume-Uni, le Canada, l’Australie et le Portugal ont formellement reconnu ce dimanche l’État palestinien.

Au moins 145, sur 193 États membres de l’ONU

Le nombre de pays reconnaissant l’État palestinien s’élève désormais à au moins 145 sur 193 États membres de l’ONU, selon les vérifications et le décompte de l’AFP. Cela ne modifie pas le statut d’observateur des Palestiniens à l’ONU, leur demande d’adhésion pleine et entière ayant été bloquée par les États-Unis.

D’autres pays devraient rejoindre cette initiative lundi, parmi lesquels, en plus de la France, Andorre, la Belgique, le Luxembourg, Malte et Saint-Marin, selon la présidence française.

Ces annonces interviennent alors que l’armée israélienne intensifie son offensive à Gaza, suite à une attaque meurtrière du Hamas en 2023, et que la pression sur Israël augmente face à la situation humanitaire critique dans le territoire palestinien assiégé.

Un pas important et nécessaire vers la concrétisation d’une paix juste et durable

Le président palestinien Mahmoud Abbas, qui s’exprimera lundi par vidéo au sommet, étant privé de visa par les États-Unis, a salué les nouvelles reconnaissances comme « un pas important et nécessaire vers la concrétisation d’une paix juste et durable ». Cependant, certains diplomates craignent des représailles israéliennes.

Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a réaffirmé dimanche qu’il n’y aura pas d’État palestinien et a menacé d’étendre la colonisation en Cisjordanie. Deux ministres israéliens d’extrême droite, Itamar Ben Gvir et Bezalel Smotrich, ont appelé à l’annexion de ce territoire palestinien occupé.

Néanmoins, Antonio Guterres, le secrétaire général de l’ONU, a insisté sur le fait que « nous ne devons pas nous sentir intimidés par le risque de représailles, parce que, quoi que nous fassions, ces actions vont continuer », en faisant référence à la guerre à Gaza et à « l’annexion insidieuse de la Cisjordanie ».

Dans ce contexte, le discours de Benjamin Netanyahu à l’Assemblée générale de l’ONU vendredi est très anticipé, de même que celui de Donald Trump mardi, alors que les États-Unis, principal allié d’Israël, se sont clairement opposés à cette démarche de reconnaissance, ne considérant pas l’Autorité palestinienne comme un partenaire crédible pour la paix.

Privilégier une diplomatie sérieuse

Le département d’État a critiqué dimanche des annonces « pour la galerie », déclarant qu’il fallait « privilégier une diplomatie sérieuse ».

Max Rodenbeck, de l’International Crisis Group, estime que toute initiative diplomatique visant à soutenir les droits des Palestiniens est « bienvenue », mais qu’en l’absence de « mesures concrètes », ces reconnaissances pourraient « distraire de la réalité, qui est l’effacement accéléré de la vie des Palestiniens sur leur terre natale ».

L’attaque du 7 octobre 2023 contre Israël par le Hamas a causé la mort de 1 219 personnes du côté israélien, majoritairement des civils, selon des données officielles.

D’après le ministère de la Santé du gouvernement du Hamas à Gaza, les représailles israéliennes ont entraîné la mort de 65 062 Palestiniens, pour la plupart des civils, dans la bande de Gaza, où le Hamas a pris le pouvoir en 2007.

Alors que la guerre à Gaza risque de faire oublier d’autres crises dans le monde cette semaine à l’ONU, certains sujets devraient tout de même trouver leur place, comme les négociations sur le nucléaire iranien, ou la guerre en Ukraine, ainsi que les tensions dans le reste de la région, avec dès lundi une réunion d’urgence du Conseil de sécurité concernant l’incursion d’avions russes dans l’espace aérien de l’Estonie.