À 60 ans, Pascale découvre l’apnée et devient championne.

Pascale Gigon, âgée de 61 ans, pratique l’apnée depuis un an et demi et a récemment remporté une médaille d’or ainsi qu’un record du monde lors des championnats du monde de la discipline. Elle et sa coach ont pour projet de créer une association afin d’encourager la pratique de l’apnée chez les seniors, soulignant que le choix d’activités sportives chez les personnes âgées est souvent limité.

Quand nous lui posons la question traditionnelle qui ouvre l’interview : « Pouvez-vous vous présenter à la caméra et expliquer en quelques mots pourquoi vous venez témoigner ? », Pascale répond presque timidement : « Je m’appelle Pascale Gigon, j’ai 61 ans, je pratique l’apnée depuis un an et demi… Et ça marche plutôt bien. » En réalité, cela fonctionne très bien, car Pascale revient des derniers championnats du monde de la discipline avec une médaille d’or et un record du monde, excusez du peu !

Tout a commencé quand une amie de Pascale, Julie, lui a demandé de l’accompagner à un cours d’apnée. Julie, qui sort d’un combat contre un cancer du sein, souhaite essayer ce sport. Les cours se tiennent le soir, loin de chez elle. Julie se déplace à vélo et craint d’avoir à rentrer dans le froid alors que son état de santé est encore fragile. Pascale accepte et, lorsque l’instructrice demande aux participants pourquoi ils sont présents, Pascale répond : « Pour rendre service à mon amie. Moi, l’apnée, non ! »

Elle participe malgré tout à un exercice qui consiste à nager une largeur sous l’eau. Avec le bonnet sur la tête et le bruit de l’eau, Pascale ne comprend pas bien les consignes, qui consistent à atteindre le bord d’en face et s’arrêter. Elle fait donc l’aller-retour sans reprendre sa respiration. Marie-Lorraine, une des coachs, se rend compte que Pascale a manifestement certaines facilités. Elle l’invite rapidement à quitter le groupe « loisir » pour rejoindre celui qui participe à des compétitions.

À cette époque, Pascale n’a aucune idée qu’elle allait participer à un championnat du monde d’apnée quelques mois plus tard, mais elle apprécie de plus en plus ce sport. Elle traverse une période particulièrement difficile de sa vie, et l’apnée lui apporte une forme d’apaisement. « Mon homme m’avait quittée. On avait détecté un cancer à mon fils quelques mois après celui de mon amie Julie. J’étais très déprimée. L’apnée, c’était méditatif, c’était thérapeutique, c’était pouvoir pleurer sous l’eau aussi… Et être forte en sortant du bassin, forte pour mon fils. » L’apnée lui permet aussi d’être occupée trois soirs par semaine en rejoignant son équipe, « Les Concombres », qu’elle décrit comme particulièrement bienveillante et solidaire.

« La solitude me faisait peur. Je me demandais comment j’allais la vivre. Une femme qui se retrouve seule, à 60 ans, c’est violent. Je me disais que je n’étais plus désirable. Et le fait de me retrouver sous l’eau, sans respirer, trois fois par semaine, c’était le meilleur remède, la meilleure thérapie ! L’apnée, c’est choisir la vie quelque part. On choisit de remonter pour reprendre sa respiration. »

Les mois passent, les entraînements s’enchaînent et l’une des coachs propose à Pascale de participer aux championnats du monde d’apnée. « Elle me dit : ‘Tu vas venir à Athènes, et tu vas nous ramener une médaille’. Je n’y croyais absolument pas. Mais j’y suis allée. Cette médaille, ce n’était pas pour moi. C’était pour mes deux coachs, pour les remercier d’avoir cru en moi, à un moment où je ne parvenais plus à le faire moi-même. »

Cette médaille est également l’occasion pour Pascale de faire passer un message. Continuer à faire du sport en vieillissant, c’est possible. Selon elle, le choix est relativement restreint quand on atteint un certain âge. « On nous dit souvent que c’est bon, qu’on peut se reposer. Puis, on a peur des blessures, on a peur que le sport ne soit pas adapté aux personnes âgées, et en général, vers 50-55 ans, on arrête d’en faire, » déplore-t-elle. Pascale et sa coach ont d’ailleurs pour projet de développer une association pour encourager la pratique de l’apnée chez les seniors. Elle incite toutes les personnes qui souhaitent relever un défi à se lancer : « À 61 ans, ma vie est super belle ! Allez-y ! Faites ce que vous voulez ! Essayez ! Tentez ! C’est vraiment beau. »