Restauration et ouverture du Palais Ahmed Bey : d’une demeure oubliée à un joyau culturel.
Le Palais Ahmed Bey a rouvert ses portes le 14 septembre2023 pour la présentation du dernier livre de l’écrivain et journaliste Hatem Bourial. Les travaux de restauration ont actuellement avancé à 40%, comme l’a indiqué M. Redissi.

Le projet est centré sur trois axes principaux. En premier lieu, un espace culturel polyvalent destiné à accueillir des événements littéraires, des expositions d’art, un théâtre et un atelier de création artistique.
Un restaurant sera également installé sur le toit, offrant une vue panoramique sur les alentours. Des suites d’hébergement de luxe compléteront l’ensemble, associant patrimoine et confort moderne.
La Presse — Rénové avec soin, le Palais Ahmed Bey a enfin rouvert ses portes, retrouvant son éclat d’autrefois. Il a attiré un public nombreux le 14 septembre pour la présentation du dernier livre de l’écrivain et journaliste Hatem Bourial.
Cet événement culturel inaugural marque le début d’une nouvelle phase après plus d’un demi-siècle d’abandon.
Situé à La Marsa, en face du célèbre café SafSaf, le palais a été édifié en 1847 par le comte Giuseppe Raffo, beau-frère d’Ahmed Bey. Par la suite, il a été acquis par le domaine beylical et a servi de résidence à la dynastie husseinite.
À l’origine, cette somptueuse demeure était située sur un espace beaucoup plus vaste d’environ 14 hectares, incluant des jardins au bord de la mer.
Après l’Indépendance, le bâtiment a peu à peu été abandonné à l’usure du temps, comme de nombreux monuments séculaires. Il a été occupé illégalement pendant de longues années. En l’absence d’entretien, la façade et l’intérieur étaient dans un état de délabrement désastreux.

Certaines parties avaient commencé à se détériorer et le palais était menacé de démolition, avec l’idée d’exploiter son emplacement stratégique pour construire un centre commercial moderne.
En 2016, la demeure a été classée monument historique, constitutive d’une première étape vers sa préservation.
Trois ans plus tard, en 2019, elle a été mise en vente. Cependant, la procédure a rencontré des retards car toute reconversion était rigoureusement encadrée.
L’acheteur potentiel n’était pas autorisé à en modifier la destination, ce qui limitait considérablement la rentabilité du projet et freine son attrait financier.
C’est finalement M. Mahmoud Redissi qui a acquis le palais et a entrepris sa renaissance sous la supervision de l’Institut national du patrimoine. Grâce à des efforts soutenus, il a redonné vie à ce fragment d’histoire en danger.
Le nouveau propriétaire n’a aucun lien de parenté avec la famille beylicale, comme il nous l’a expliqué. Il a grandi à proximité du palais, qui est fortement associé à des souvenirs de son enfance.
«C’est par nostalgie et par amour pour ce lieu chargé de souvenirs, symbole de mes origines, que j’ai choisi de m’engager dans cette initiative». Le projet est structuré autour de trois vecteurs principaux.
En premier lieu, un espace culturel polyvalent destiné à des événements littéraires, des expositions d’art, un théâtre et un atelier de création artistique. Un restaurant sera également aménagé sur le toit, offrant une vue panoramique sur les environs.
Des suites d’hébergement haut de gamme viendront compléter l’ensemble, alliant patrimoine et confort moderne.
Les travaux sont actuellement avancés à 40%, a indiqué M. Redissi. «Nous avons faire de notre mieux pour restaurer fidèlement l’architecture et la décoration d’origine. Nous nous sommes basés sur d’anciennes photographies.
Le plafond a été entièrement reproduit à l’identique, avec les mêmes peintures et ornements. Même le marbre a été disposé en diagonale, exactement comme dans la version initiale».
Les pièces richement décorées incarnent le luxe passé du palais, tandis que les halls présentent des portraits des beys évoquant la grandeur de cette dynastie.
En ce qui concerne le financement du projet, il repose sur des ressources propres de M. Mahmoud Redissi qui a également recours à des crédits bancaires. «Je n’ai reçu aucune subvention ni soutien financier de la part d’organismes tunisiens ou étrangers», souligne-t-il. «Quelques commerçants nous ont offert des matériaux de construction pour encourager le projet».

Le chemin reste long pour atteindre le résultat final espéré. Monsieur Redissi demeure attaché à son rêve et se montre fier de la dynamique qui commence à s’installer progressivement.
«Nous allons bientôt accueillir une galerie d’art ainsi qu’une exposition d’architecture italienne. Ce sont ces événements qui nous permettront de finaliser les travaux de restauration».
Un nouveau pôle touristique et culturel se dessine ainsi à partir d’une demeure historique en ruine. Cette initiative privée pourrait faire figure de modèle, étant donné le nombre important de monuments séculaires menacés d’effondrement dans toute la Tunisie.
Une grande partie de ces édifices est squattée par des délinquants ou laissée à la dégradation progressive, sans réaction réelle de la part des autorités ou de la société. Plutôt que d’abandonner ces bâtiments à leur triste sort, ces édifices d’une valeur historique indéniable pourraient être préservés par de nouveaux propriétaires, toujours en collaboration avec l’Institut national du patrimoine.
Ils pourraient être réintégrés dans le circuit culturel et même économique. Si rien n’est fait, l’effondrement est inéluctable. Il est donc plus que jamais urgent d’agir, avant que ces témoins du passé ne soient perdus à jamais.

