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Gaza : Israéliens endeuillés réclament la reconnaissance d’un État palestinien

Après la mort de ses parents dans l’attaque du Hamas le 7 octobre 2023, Maoz Inon a choisi la voie de la réconciliation pour cicatriser ses blessures. Selon une enquête du Pew Research Centre, seulement 21 % des adultes israéliens pensent qu’Israël et un Etat palestinien peuvent coexister en paix, soit le taux le plus bas depuis le début de ces sondages en 2013.


Après le décès de ses parents lors de l’attaque du Hamas le 7 octobre 2023, Maoz Inon a choisi de privilégier la réconciliation plutôt que la vengeance pour guérir ses propres blessures ainsi que celles de son pays. À 49 ans, il fait partie des milliers d’Israéliens qui demandent une reconnaissance internationale d’un État palestinien, avec plusieurs pays devant l’officialiser lors de la prochaine Assemblée générale de l’ONU à New York.

Engagé depuis environ vingt ans dans le mouvement pour la paix, Maoz Inon estime que la reconnaissance, le dialogue et le pardon des deux côtés sont primordiaux pour garantir un avenir paisible dans la région. « En nous vengeant de leur mort, nous ne les ramènerons pas à la vie. Et nous n’allons que renforcer le cycle de violence et de vengeance dans lequel nous sommes piégés, pas seulement depuis le 7 octobre, mais depuis un siècle », déclare-t-il. Il ajoute qu’il n’a pas été surpris par l’attaque du Hamas, après des décennies d’« occupation, d’oppression et de murs entre nous et l’autre camp ».

« Je savais que cela allait nous exploser à la figure », confie-t-il à l’AFP à Tel-Aviv, tout en ajoutant qu’il n’imaginait pas en subir les conséquences. Maoz Inon, actif dans le secteur du tourisme, figure parmi ceux soutenant l’établissement d’un État palestinien.

Une enquête du Pew Research Centre révèle que seulement 21 % des adultes israéliens estiment qu’Israël et un État palestinien peuvent vivre en paix, ce qui constitue le pourcentage le plus bas depuis le début de ces sondages en 2013. Une pétition intitulée « Non à la guerre – Oui à la reconnaissance » a été signée par plus de 8 500 Israéliens, sur une population d’environ 10 millions. Les organisateurs espèrent atteindre 10 000 signatures pour l’apporter à l’Assemblée générale de l’ONU. « Reconnaître un État palestinien n’est pas une punition pour Israël, mais un pas vers un avenir plus sûr et meilleur, basé sur la reconnaissance mutuelle et la sécurité pour les deux peuples », lit-on dans la pétition.

L’initiative a été lancée par le mouvement Zazim Community Action, qui a distribué des milliers de tracts et installé un panneau à Tel-Aviv dans le cadre de sa campagne. Raluca Ganea, cofondatrice du mouvement, estime qu’« au 8 octobre 2023, il était déjà clair que nous avions deux options. Soit la destruction complète de l’autre camp, soit une solution à deux États ».

La crise humanitaire dans le territoire palestinien devrait dominer l’Assemblée générale qui s’ouvre lundi, près de deux ans après l’offensive israélienne à Gaza déclenchée en réponse à l’attaque du Hamas. Ce rassemblement devrait voir des pays comme la France, le Royaume-Uni, la Belgique, le Canada et l’Australie reconnaître un État palestinien.

Selon Raluca Ganea, cela constituerait un pas vers la fin de ce qu’elle qualifie de « déshumanisation » des Palestiniens, leur octroyant ainsi le même « statut que les autres nations dans le monde ». Maoz Inon insiste sur le fait que la reconnaissance doit s’accompagner de mesures concrètes pour s’assurer que cet État soit véritablement établi. « Toute personne agissant contre une solution à deux États doit être sanctionnée », affirme-t-il, insistant sur le fait que ces sanctions devraient cibler des politiciens, des responsables militaires ou même des civils. Il propose également que des investissements de la communauté internationale aillent de pair avec ces sanctions. En revanche, le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahou a rejeté toute forme d’État palestinien, alors que des membres d’extrême droite de son gouvernement réclament une expansion des colonies en Cisjordanie occupée.