Belgique

Exclusion du chômage : intérimaires, travailleurs ou demandeurs d’emploi ?

Le vice-président de la Wallonie et ministre de l’Economie, de l’Emploi, et de la Formation Pierre-Yves Jeholet affirme que les intérimaires sont considérés comme des travailleurs, tandis que Christie Morreale soutient que « si les intérimaires n’ont pas de contrat depuis trois mois, ils sont considérés comme chômeurs de longue durée ». Cette semaine, l’ONEM a averti une première vague de demandeurs d’emploi de la suppression de leurs allocations de chômage à partir du 1er janvier 2026, incluant environ 10.700 personnes dans la troisième période d’indemnisation ayant accumulé au moins 20 ans de chômage complet au cours de leur carrière.


Les intérimaires sont-ils perçus comme des demandeurs d’emploi ou comme des travailleurs ? Cette question a été soulevée mercredi sur le plateau de « QR le débat ». Le vice-président de la Wallonie et ministre de l’Economie, de l’Emploi et de la Formation, Pierre-Yves Jeholet (MR), affirme que les intérimaires sont bien considérés comme des travailleurs. En revanche, la cheffe de groupe PS au Parlement wallon, Christie Morreale, soutient le contraire : « Si les intérimaires n’ont pas de contrat depuis trois mois, ils sont considérés comme chômeurs de longue durée ».

Ces deux affirmations, bien que différentes, revêtent une importance cruciale pour les personnes concernées.

En effet, « le travailleur intérimaire est engagé par une entreprise de travail intérimaire (agence d’intérim) et envoyé en mission dans l’entreprise utilisatrice. Durant la mission, l’intérimaire est sous l’autorité de l’entreprise utilisatrice », explique Eva Van Laere, coordinatrice d’Interim United, l’action syndicale de la CSC dédiée aux travailleurs intérimaires.

« Lorsqu’il n’est pas en mission et donc pas sous contrat, l’intérimaire est par définition inactif et devient un travailleur sans emploi. Il pourra bénéficier d’une allocation de chômage dès lors qu’il a ouvert son droit au chômage, à condition d’avoir encore droit à celle-ci ».

Cette semaine, une première vague de demandeurs d’emploi a été avertie par l’ONEM de la suppression de leurs allocations de chômage à partir du 1er janvier 2026. Cette situation concerne :

– Des demandeurs d’emploi dans la troisième période d’indemnisation, ayant accumulé au moins 20 ans de chômage complet au cours de leur carrière (environ 10.700 personnes, soit un tiers de la première vague) ;
– Des demandeurs d’emploi bénéficiant d’allocations d’insertion depuis au moins un an (environ 18.100 personnes, soit deux tiers de la première vague).

Une deuxième vague de notifications est attendue à la mi-octobre pour le 1er mars 2026, touchant les demandeurs d’emploi dans la troisième période d’indemnisation ayant cumulé entre 8 et 20 années de chômage, et une troisième vague à la mi-novembre pour le 1er avril 2026, visant ceux ayant cumulé moins de huit années de chômage durant leur carrière.

Les intérimaires pourraient donc également recevoir une lettre de l’ONEM. « Sur le tiers des demandeurs d’emploi depuis plus de 20 ans, 10% ont été à l’emploi au cours des six derniers mois », déclare le porte-parole du Forem, Thierry Ney. « Et parmi les deux tiers qui bénéficient d’allocations d’insertion, donc un public plus jeune, 40% ont été à l’emploi durant les six derniers mois ».

Que faut-il faire pour ne plus être considéré comme un demandeur d’emploi lorsque l’on travaille en intérim ? « Selon la législation, il faut avoir travaillé 28 jours non-stop pour sortir de la demande d’emploi. Ensuite, pour que le compteur, qui détermine la catégorie des chômeurs selon les durées de chômage, soit remis à zéro, il faut avoir accumulé plus de trois mois d’activité ininterrompue ».

Des conditions qui ne sont pas toujours faciles à remplir, sachant que les contrats des intérimaires sont souvent « hebdomadaires, voire journaliers, quelle que soit la durée réelle de la mission », rappelle Eva Van Laere.

« Il est aussi important de souligner et de dénoncer qu’un intérimaire qui prend ses congés annuels, auxquels il a évidemment droit comme tout autre travailleur, ne pourra, dans la plupart des cas, pas le faire sous contrat. C’est parce que les entreprises de travail intérimaire ne sont pas (encore) soumises à cette obligation légalement », dénonce-t-elle.

« Ainsi, ces travailleurs intérimaires qui exercent en intermittence (périodes actives suivies de périodes d’inactivité) sont désavantagés en matière de constitution des droits aux jours de congé, d’accès au chômage et au maintien du droit au chômage. Chaque jour travaillé ou assimilé compte ! » conclut-elle.