Le coût du mariage explose : on ne pensait pas dépasser 20.000 euros.
Manon, 28 ans, a dépensé près de 40.000 euros pour son mariage avec Flo, son compagnon depuis dix ans, alors que le budget initial était estimé à 20.000 euros. Christine Delattre, responsable presse du Salon du Mariage à Paris, observe que « le budget moyen par mariage est passé à 16.000 euros par couple en 2025, contre 13.000 euros il y a dix ans ».
« On savait qu’on voulait un beau mariage, alors on a attendu d’avoir les moyens avant de se lancer », confie Manon. À 28 ans, cette responsable des ressources humaines à Lyon a dit oui à Flo, son compagnon depuis dix ans, après plusieurs mois de préparation méticuleuse… et un budget qui a doublé. Malgré une aide familiale, la robe offerte par sa mère, le photographe et vidéaste pris en charge, ainsi que les boissons fournies par son beau-père, ils ont dépensé près de 40.000 euros au lieu des 20.000 euros initialement estimés.
Les attentes étaient élevées : « une grande famille, un joli film, un bon repas, une belle déco ». Au final, « on ne regrette rien. On a eu le mariage qu’on voulait ». Pour elle, certaines dépenses semblent secondaires au départ, mais deviennent ensuite essentielles : « la déco, les fleurs, les bougies, la chanteuse… ça compte vraiment ». Avec le budget du voyage de noces inclus, le couple n’a pas été mis dans le rouge : « Flo avait anticipé avec un plan épargne et avait bénéficié d’une prime mariage avec son travail ».
Comme de nombreux futurs mariés, Manon a constaté que la barre symbolique des 20.000 euros est aujourd’hui facilement franchie. « Quand on compare nos chiffres avec ce qu’on voit dans les salons spécialisés, on se rend compte qu’on est presque dans la moyenne haute… alors qu’on pensait être raisonnables », déplore-t-elle.
« Le budget moyen par mariage est passé à 16.000 euros par couple en 2025, contre 13.000 euros il y a dix ans », observe Christine Delattre, responsable presse du Salon du Mariage à Paris. Avec plus de vingt ans d’expérience dans le secteur, elle remarque une dynamique inédite depuis deux décennies : 270.000 mariages sont attendus cette année, soit 22.000 de plus qu’en 2023.
« C’est historique. On n’avait pas vu autant de mariages depuis plus de 20 ans », souligne-t-elle. Le profil des mariés évolue également : ils sont plus âgés, souvent entre 25 et 37 ans, et financent eux-mêmes leur cérémonie. « Avant, c’étaient les parents qui payaient. Aujourd’hui, ce sont les couples. »
Dans un contexte incertain, le retour en force du mariage revêt également une dimension plus symbolique. « Le mariage est perçu comme une valeur refuge. On se sent plus fort à deux », analyse Christine. Par ailleurs, le secteur du mariage représente désormais 3,5 milliards d’euros en France, un montant équivalent à celui du marché du jouet.
Maëlys, 32 ans, a ressenti directement cette dynamique. Chargée de communication, elle et son mari ont financé eux-mêmes leur mariage, qui a coûté 25.000 euros, sans aide familiale. « On s’était dit qu’on ne dépasserait pas 20.000 euros, mais on a fini par ajouter 5.000 euros. Je savais que je devrais faire des concessions. » Dans un souci d’équilibre, elle a favorisé les occasions, la débrouille et le local. « Je ne voulais pas rentrer dans la spirale du toujours plus. »
Plutôt que de passer par les canaux habituels comme mariages.net, Maëlys a choisi de sortir des circuits traditionnels. Elle a organisé son mariage dans un petit village de l’Indre, mobilisant les habitants via un groupe Facebook local. Elle a loué des meubles à des particuliers, acheté de la déco de seconde main et sollicité les commerçants du coin, comme le pâtissier pour le gâteau. « Je ne voulais pas rentrer dans la spirale du toujours plus. » Elle critique la course au grandiose, évoquant des raisons sociales et « un désastre écologique ». « Nous, on voulait un bon moment, pas une démonstration pour les réseaux », conclut-elle.
Le rapport aux réseaux sociaux transforme profondément les mariages. « Chacun veut devenir les Squeezie du mariage ! » s’amuse Fabiola, wedding planneuse. Elle évoque ces couples qui engagent non seulement un photographe mais aussi un créateur de contenu pour produire des contenus pour les stories, les réels, TikTok. À la tête de six agences, elle a vu les budgets grimper au cours de la dernière décennie. « Les mariés veulent des prestations sur mesure. J’ai monté en gamme parce que mes clients avaient de plus en plus d’attentes et de moyens », se félicite-t-elle.
« Chacun a sa raison de se marier : pour former une famille, pour célébrer une victoire sur la vie, pour se recentrer sur le couple. C’est une revanche intime que certains prennent, un temps suspendu », raconte celle qui a aussi écrit le livre « Préparer la plus belle des cérémonies laïques ». Elle insiste sur les nouvelles attentes des mariés : « ils veulent quelque chose d’inoubliable, pas forcément pour en mettre plein la vue, mais pour marquer leur histoire ».
C’est ce qu’ont souhaité faire Isabelle* et son mari pour leur mariage, qui a coûté 120.000 euros au lieu des 50.000 euros prévus. Pour eux, faire plaisir à leurs proches était la priorité. « On nous vend du rêve sur les réseaux, mais ce rêve-là est difficilement accessible pour ceux qui n’ont pas les moyens », affirme Isabelle, 36 ans, responsable marketing. Elle se remémore son mariage comme un rêve, « un moment suspendu »… et un choc financier. « Je ne m’étais jamais dit que ça pouvait coûter autant. Au fur et à mesure, on s’est fait dépasser, » se désole la Parisienne.
Le mariage a duré trois jours, avec des poneys pour les enfants, un bar à vinyles, une danse du lion, des fleurs coûteuses et un traiteur à plus de 20.000 euros. « On a mis un argent démesuré. Mais je ne regrette rien. C’était un moment suspendu, un cadeau pour nos proches », détaille-t-elle. Cependant, le lendemain, elle ressent une déception : « on s’est dit : wow, tellement d’argent pour si peu de temps ». « C’était intense, magique, mais il y a une redescente. Et parfois, une forme de culpabilité », confie cette mère.
*Le prénom a été modifié.

