Elections municipales 2026 à Lyon : Jean-Michel Aulas candidat « sans étiquette » ou de droite ?
Le 4 septembre dernier, Jean-Michel Aulas a convoqué une conférence de presse pour annoncer qu’il officialiserait sa candidature aux élections municipales « dans quelques jours ». Selon Paul Bacot, Jean-Michel Aulas n’avait « pas besoin d’aller chercher les LR », car il bénéficiait déjà d’un point positif auprès d’un électorat de droite.
Le 4 septembre dernier, dans un café de la Presqu’île de Lyon, Jean-Michel Aulas a suscité l’étonnement. L’ancien président de l’Olympique lyonnais a organisé une conférence de presse de dernière minute pour annoncer qu’il officialiserait sa candidature aux élections municipales « dans quelques jours ».
Lors de cette annonce, il était accompagné de deux personnalités de la droite. Pierre Oliver, maire Les Républicains du 2e arrondissement, a exprimé son soutien à Aulas, tout comme Laurent Wauquiez, député LR, qui est convaincu que l’homme d’affaires pourra « remettre [la] ville dans la bonne direction ». Cela soulève la question : Jean-Michel Aulas peut-il vraiment être considéré comme un candidat « sans étiquette » comme il le soutient, ou est-il déjà soutenu par la droite ?
Homme d’affaires prospère et ancien dirigeant de l’OL, Aulas entretient une proximité reconnue avec Gérard Collomb et est un entrepreneur ancré dans la société civile. Depuis plusieurs mois, il met en place une stratégie de candidature fondée sur « son parcours », « son histoire ancrée localement » et « sa réputation ». « Son profil pouvait presque se suffire à lui-même et permettait de ratisser large, du centre gauche à la droite », observe Paul Bacot, professeur en science politique. Cela pourrait être perçu comme une menace pour la municipalité actuelle.
Cependant, sa présence publique aux côtés de Laurent Wauquiez a brouillé ce message. « Je suis étonné de la façon dont l’annonce a été faite et de comment ça s’est traduit depuis », souligne Paul Bacot, également chercheur au laboratoire Triangle (CNRS/ENS-Lyon). Selon lui, les images de Jean-Michel Aulas, souriant et serrant la main de Laurent Wauquiez, donnent l’impression qu’il est « le candidat » de l’ancien président de la région Auvergne-Rhône-Alpes, voire plus largement des Républicains.
Pourtant, son projet reposait sur « un rassemblement multiforme ». En se présentant « sans autre appui notable local », il diminue ses chances de l’incarner. « Il casse l’image qu’il était en train de construire », analyse le politologue.
Cette proximité avec la droite soulève des interrogations. Jean-Michel Aulas n’avait « pas besoin d’aller chercher les LR », affirme-t-il. « Il bénéficiait déjà d’un point positif auprès d’un certain électorat de droite pour qui le succès dans le monde économique est un critère décisif, plus que d’autres types de succès », ajoute-t-il.
Cette stratégie est même considérée comme « triplement curieuse » par Paul Bacot. « D’abord, parce que les LR ne sont pas en très bon état. Ensuite, parce que Laurent Wauquiez n’est pas dans une phase très positive non plus. Enfin, parce que la sociologie électorale de Lyon fait qu’un appui marqué à droite ne garantit en rien le succès », précise-t-il.
Romain Meltz partage cette analyse. « On voit bien que l’électorat lyonnais n’a pas voté à droite ces dernières années, en tout cas, pour les municipales. Et rien n’indique que les électeurs de Grégory Doucet vont se détourner de lui. »
Pourquoi alors s’être affiché avec Laurent Wauquiez ? Les experts de la politique locale avancent une explication commune : les refus de ralliements. « Jean-Michel Aulas avait vraiment l’intention de se positionner sans étiquette, c’est-à-dire le plus au centre possible, en allant chercher des soutiens aussi bien à gauche qu’à droite », explique le chercheur au CNRS. Mais les discussions avec certaines figures locales n’ont pas abouti. Résultat : il s’est retrouvé poussé vers la droite.
En résumé, faute d’accords avec des personnalités de centre gauche comme Georges Képénékian ou Nathalie Perrin-Gilbert, Jean-Michel Aulas s’est retrouvé entraîné par un camp qui avait besoin d’un candidat. « La droite a tout à gagner à préempter sa candidature. Mais, plus elle s’approprie son annonce, plus la gauche devient réticente à le rejoindre », ajoute Romain Meltz.
Malgré une fortune estimée à plusieurs centaines de millions d’euros, Jean-Michel Aulas ne se considère « pas comme un homme de droite ». Il se voit plutôt comme « le continuateur de Gérard Collomb », qu’il a côtoyé lorsque l’ex-maire était socialiste. « Difficile de le classer à gauche quand on a bâti un stade à plusieurs centaines de millions d’euros, qu’on est multimillionnaire. Mais lui se sent au centre, proche d’une gauche parcimonieuse, créatrice de richesse mais soucieuse de redistribution », résume Romain Meltz.
Pour cette raison, Jean-Michel Aulas retarde encore l’annonce officielle de sa candidature. « Il cherche désespérément à rééquilibrer sa liste par des gens de la société civile et des gens de gauche », assure-t-il. Reste à savoir si Jean-Michel Aulas pourra élargir son socle d’ici le 26 septembre, date à laquelle il a promis d’« officialiser » sa candidature.

