Colère au Conseil de sécurité de l’Onu après veto américain sur cessez-le-feu
Le Conseil de sécurité de l’Onu a été confronté jeudi à un véto américain sur un projet de résolution concernant Gaza, lequel appelait à un cessez-le-feu « immédiat, inconditionnel et permanent » et à la levée des restrictions sur l’aide humanitaire. Avant le vote, l’ambassadrice danoise Christina Markus Lassen a averti qu’« une génération risque d’être perdue, pas seulement à cause de la guerre mais aussi de la faim et du désespoir ».
C’est non. Encore une fois. Le Conseil de sécurité de l’Onu a une nouvelle fois été confronté jeudi au véto américain concernant la situation à Gaza. Washington a bloqué une résolution qui demandait un cessez-le-feu « immédiat, inconditionnel et permanent » ainsi que la levée des restrictions qui entravent l’arrivée de l’aide humanitaire dans cette enclave palestinienne.
Le texte, qui appelait également à la libération immédiate et sans condition des otages, a reçu le soutien de 14 des 15 membres du Conseil. Mardi, une commission d’enquête internationale indépendante, ne parlant pas au nom de l’Onu, avait franchi une étape en accusant Israël de commettre à Gaza un « génocide » visant à « détruire » le peuple palestinien.
Ce nouveau blocage a provoqué de vives réactions. L’ambassadeur du Pakistan, Asim Iftikhar Ahmad, a qualifié cela de « moment sombre pour ce Conseil », appelant à la conscience collective face aux souffrances des civils. « Les pleurs des enfants devraient nous percer le cœur, l’angoisse des mères devrait secouer notre conscience », a-t-il déclaré.
De son côté, l’ambassadeur algérien, Amar Bendjama, s’est adressé directement à la population de Gaza en disant : « Pardonnez-nous parce que ce Conseil n’a pas pu sauver vos enfants. Pardonnez-nous parce que le monde parle des droits mais nie les vôtres, à vous Palestiniens ».
Cette résolution était en préparation depuis fin août, après que l’Onu a officiellement reconnu l’existence d’une famine à Gaza. La première version du texte se concentrait uniquement sur l’accès humanitaire, mais plusieurs pays, dont la France, le Royaume-Uni et la Russie, avaient exprimé des réserves quant à l’efficacité d’un texte jugé trop limité et qui, de toute façon, serait rejeté par les États-Unis. Le projet final, rejeté jeudi, combinait donc plusieurs aspects : aide humanitaire, cessez-le-feu et libération des otages.
Washington a justifié son véto en affirmant que la résolution « échoue à reconnaître la réalité sur le terrain » et en soulignant l’absence de condamnation explicite du Hamas. Pour l’ambassadeur israélien, Danny Danon, ce texte ne relevait pas de la diplomatie mais d’une « capitulation ».
Avant le vote, l’ambassadrice danoise, Christina Markus Lassen, a expliqué que cette démarche visait à envoyer « le message que le Conseil de sécurité ne tourne pas le dos à des civils qui meurent de faim, aux otages et à l’exigence d’un cessez-le-feu ». Elle a averti qu’« une génération risque d’être perdue, pas seulement à cause de la guerre mais aussi de la faim et du désespoir ».
Israël subit une pression internationale croissante pour mettre fin au conflit déclenché après l’attaque du Hamas sur son territoire, le 7 octobre 2023. La question sera au centre des débats du sommet annuel de l’Onu, qui se déroulera la semaine prochaine à New York.

