Hommage à Jean Gol : 400 manifestants à l’ULiège, Bouchez critique « la gauche »
À leur arrivée, quelques dizaines d’invités ont réussi à se frayer un passage à travers la foule, essuyant au passage des jets de pommes pourries et de pétards. « Nous avons été informés par les forces de l’ordre de potentielles perturbations », a annoncé par mail la rectrice de l’Université de Liège, Anne-Sophie Nyssen.
À leur arrivée, plusieurs dizaines d’invités ont réussi à traverser la foule, subissant des jets de pommes pourries et des pétards, comme en ont fait l’expérience Louis Michel, Christine Defraigne et Corentin de Salle, directeur du centre de recherche du MR.
Georges-Louis Bouchez, quant à lui, était attendu dans la cité ardente avec des chants et des slogans tels que : « Tout le monde déteste Georges-Louis Bouchez » et « Tout le monde déteste les fascistes« .
Les manifestants ont également scandé des slogans antifascistes et pro-palestiniens. Selon les organisateurs, qui souhaitaient remettre à Georges-Louis Bouchez le titre symbolique de « docteur infamiae causa« , les propos et le comportement de l’homme politique sont en contradiction avec les valeurs libérales et les idéaux partagés par la communauté universitaire.
Peu avant 20 heures, le président du MR a finalement réussi à pénétrer dans le bâtiment par une autre entrée, évitant l’entrée principale, tandis que les invités attendaient le début des festivités dans la salle académique de l’ULiège. Georges-Louis Bouchez devait prononcer le discours de clôture de la soirée hommage à Jean Gol, cofondateur du PRL, décédé en 1995.
« On ne doit pas se laisser intimider« , a déclaré Georges-Louis Bouchez, qui a finalement réussi à entrer dans les locaux de l’université sans passer par l’entrée principale. « Ils ne nous feront pas taire. » Le président du MR a rapporté qu’une personne avait été frappée au visage, ainsi que des insultes et des gestes déplacés. Des actes « totalement inacceptables« , selon lui.
Le président du MR a accusé « la gauche » d’avoir le « monopole de la violence« , reprochant à ses opposants politiques de ne pas réagir suffisamment face à la violence à son encontre et celle de son parti. Il a appelé les formations de gauche à un « sursaut » en ce sens, affirmant son attachement à la liberté d’expression. Une invitée, membre des jeunes MR, a également constaté que sa veste avait été taguée d’une croix gammée. « Les mots n’ont plus aucun sens« , a-t-elle exprimé.
Bernard Quintin a appelé à la plus grande fermeté face aux auteurs de violence. « Sous le masque d’un prétendu activisme, un nombre croissant d’organisations sèment la violence, la haine de l’autre et parfois même l’antisémitisme dans notre pays. Nous appelons les autorités judiciaires à la plus grande fermeté face à tous les coupables de violence qui pourront être identifiés« , a-t-il ajouté.
Sur le terrain, un dispositif policier avait été mis en place par la zone de police locale de Liège suite à une double analyse de risque. Informé de la situation, le ministre a directement contacté la hiérarchie de la police afin d’envoyer toutes les troupes nécessaires. Peu avant 21h, il maintenait un contact permanent avec les autorités policières, selon son cabinet. Un rapport détaillé du dispositif prévu et des décisions prises a également été demandé aux autorités concernées.
Ce jeudi midi, la rectrice de l’Université de Liège, Anne-Sophie Nyssen, a annoncé par mail l’évacuation du bâtiment central : « Nous avons été informés par les forces de l’ordre de potentielles perturbations, ce qui nous amène à prendre des mesures particulières. »
Dans la soirée, le MR célébrait les 20 ans de la création du Centre Jean Gol, en mémoire du libéral liégeois. Les festivités se tenaient sur le campus du XX Août de l’ULiège. Cependant, des manifestants issus de plusieurs collectifs étaient attendus devant le campus pour protester contre la tenue de l’événement. « Nous refusons que l’université soit une vitrine pour un parti qui penche de plus en plus vers l’extrême droite et soutient les crimes de guerre à Gaza« , a déclaré les collectifs du Front Antifasciste de Liège, de Liège Occupation Free, de Waha Manif, du Cercle Féministe de Liège, de la Fédération de la Jeunesse Organisée et Combative (JOC) de Liège, des Étudiants ECCSA en colère et des Étudiant.e.s de Gauche en Action.
Un dispositif renforcé d’accueil et de sécurité a été mis en place dès 13h. Dans son message, la rectrice a invité la communauté universitaire à quitter le bâtiment pour 15h : « Afin d’éviter d’éventuels désagréments et de vous permettre d’anticiper, nous vous invitons à quitter le bâtiment pour 15 heures. »
Anne-Sophie Nyssen a également rappelé que les locaux de l’université accueillent régulièrement des activités externes : « Les salles de l’université sont louées pour des événements culturels et politiques, et ce depuis très longtemps. Nous le faisons volontiers dans un rôle sociétal. Nous permettons l’expression des diverses sensibilités politiques, idéologiques ou confessionnelles dans le respect des limites fixées par la loi. Chacun a évidemment le droit d’exprimer des points de vue divergents dans le même cadre légal. C’est l’essence même de la liberté d’expression et de la démocratie. »
Certains étudiants comprennent la raison de cette évacuation : « On a reçu un mail comme quoi on devait quitter les locaux vers 15h, car c’est un hommage en référence à un ancien ministre quelque chose comme ça, mais je n’en sais pas plus. Le seul souci, c’est qu’il fallait prévenir un peu à l’avance. Mais je peux comprendre qu’on fasse évacuer l’université. C’est un bâtiment qui compte pour la Ville. »
Cependant, d’autres ne partagent pas cet avis : « Si je ne me trompe pas, Georges-Louis Bouchez va venir ici. Et ces politiques sont profondément impopulaires notamment via le décret paysage et donc les étudiants, pour ces raisons, mais aussi pour des raisons liées à la Palestine notamment, ont décidé de protester. Je suis d’ailleurs aussi ici là pour ça. »
Pour rappel, la tombe de Jean Gol a été vandalisée dans le cimetière de Robermont à Liège, 30 ans jour pour jour après sa mort, a souligné sa fille, selon des informations de la Ville de Liège et de la police.

