Chili : Retrouvailles 46 ans après le vol de ses filles jumelles
Au Chili, une femme et ses filles jumelles avaient été séparées seulement huit mois après la naissance de celles-ci, en 1979. En 2020, la mère a contacté une ONG chilienne nommée « Nos Buscamos » dans l’espoir de retrouver ses filles.
Au Chili, une femme et ses filles jumelles avaient été séparées seulement huit mois après leur naissance, en 1979. Leur famille a été victime d’un vaste trafic d’enfants survenu sous la dictature d’Augusto Pinochet. Grâce à une enquête ADN, les trois femmes ont pu se retrouver à Concepción 46 ans plus tard, le mercredi 10 septembre, rapporte CNN. Ce fut un moment particulièrement émouvant pour la mère, aujourd’hui âgée de 64 ans.
« Pour moi, c’était comme donner naissance à mes filles, mais en version adulte », a-t-elle confié. La mère n’avait que 19 ans lorsqu’elle a donné naissance à ses filles. Huit mois plus tard, lors d’une visite de routine chez le médecin, ses enfants lui ont été retirés, la clinique publique l’accusant de ne pas les nourrir correctement. À partir de là, les actes de naissance de ses filles ont été falsifiés pour effacer la trace des parents. Elle a finalement découvert par le tribunal qu’elles avaient été adoptées par un couple italien.
Cette situation est malheureusement courante sous le régime de Pinochet. Il est estimé qu’entre 1973 et 1990, des milliers de bébés ont été volés à leurs mères biologiques, souvent vulnérables et pauvres, et vendus à des couples, principalement aux États-Unis et en Europe. Le nombre de cas pourrait atteindre 25.000. Parfois, il s’agissait de nouveau-nés donnés par des familles pour cacher une grossesse socialement embarrassante d’une de leurs filles. De nombreux professionnels tels que des médecins, des prêtres, des religieuses, des travailleurs sociaux, des avocats et même des juges ont contribué à ce trafic très lucratif.
Ces « enfants du silence » n’ont été révélés au grand public qu’en 2014 suite à une enquête d’un site d’investigation chilien. Les premières poursuites judiciaires n’ont été engagées qu’en juin dernier. Parallèlement, une ONG chilienne, « Nos Buscamos » (« Nous nous cherchons »), a été créée pour réunir les enfants adoptés illégalement dans le monde entier et leurs parents biologiques. C’est cette ONG que la mère a contactée en 2020 dans l’espoir de retrouver ses filles.
Un lien a finalement pu être établi en mars 2025 entre la mère et l’un de ses petits-enfants grâce à une banque d’ADN aux États-Unis, gérée par une plateforme généalogique en ligne. Bien que les deux filles n’aient aucun souvenir de leur mère biologique et ne parlent pas encore espagnol, les retrouvailles ont été particulièrement émouvantes. La sexagénaire a eu une pensée pour toutes les mères qui n’ont pas encore eu cette chance. « Frappez à toutes les portes, car aujourd’hui, grâce à la technologie, il y a plus de possibilités », a-t-elle encouragé.

