Grève du 18 septembre : premiers cortèges et plus d’une centaine d’actions de blocage.

Blocage de lycées et de dépôts de bus, coupure d’eau en Martinique : plus d’une centaine d’actions ont été recensées ce jeudi matin en France par les autorités avant le début des premières manifestations.

A 10 heures, ces actions avaient rassemblé près de 8.000 personnes selon la gendarmerie et la police, cette dernière signalant plus d’une cinquantaine d’interpellations, 80 blocages en cours et deux gardes à vue.

« Est-ce que l’on a d’autres moyens pour être entendus avec un nouveau Premier ministre qui est encore une fois issu du camp du président de la République ? », s’est interrogé ce jeudi matin le leader du PCF Fabien Roussel sur RTL.

« C’est pour exprimer nos attentes de changement. Il faut que cela arrive jusqu’aux oreilles du nouveau Premier ministre pour qu’il entende ce cri du cœur qui vient du peuple pour vivre au mieux, vivre de son travail », a-t-il ajouté.

Sophie Binet accuse Bruno Retailleau de « mettre de l’huile sur le feu. » « Depuis ce matin, il y a des manifestantes et des manifestants qui sont gazés, violentés alors qu’ils sont pacifiques », s’est indignée ce jeudi la secrétaire générale de la CGT sur France Info.

Selon elle, « le 10 septembre, il n’y a pas eu particulièrement de violence, et aujourd’hui il n’y aura pas de violence à part les violences organisées à cause de la stratégie du maintien de l’ordre qui est déployée par le ministre démissionnaire ».

Il n’y a pas que les commerces qui se barricadent dans le centre-ville de Rennes. Sur la place de la République, toutes les vitres des abribus ont été enlevées ou bâchées pour éviter des dégradations. Dans la capitale bretonne, la manifestation partira à 13h de l’esplanade de Gaulle.

« C’est un moment très important avec des Françaises et des Français qui ont le sentiment d’avoir voté, d’avoir déjà manifesté et de n’avoir jamais été entendus, et qui donc, là, cherchent à créer un rapport de force avec le gouvernement », a estimé ce jeudi matin le premier secrétaire du Parti socialiste, Olivier Faure, sur TF1.

Une éventuelle contribution des ménages les plus aisés au redressement des finances publiques de la France doit être « juste » sans nuire à l’économie, a déclaré ce jeudi le premier président de la Cour des comptes, Pierre Moscovici.

« A l’évidence, il y a une demande sociale qui s’exprime, et qui est forte, de justice fiscale », a déclaré Pierre Moscovici sur France Inter, en cette journée de mobilisation sociale contre des mesures budgétaires perçues comme brutales.

À Paris, où entre 50.000 et 100.000 manifestants sont attendus, le cortège intersyndical s’élancera à 14 heures de la place de la Bastille pour se diriger ensuite vers la place de la République avant de rejoindre la place de la Nation dans un parcours assez traditionnel des manifestations syndicales.

Alors que le cortège s’élancera à 10h30 du Vieux-Port, la préfecture des Bouches-du-Rhône annonce 22 interpellations à proximité du centre commercial des Terrasses du Port. Une centaine de personnes ont également été contrôlées. « De nombreux masques, matériel de décontamination, bombes de peinture, pétards ont été saisis », précisent les autorités.

Elle devrait encore s’inviter dans les cortèges ce jeudi. Mais de quoi la lacrymo est-elle composée ? Pourquoi est-elle utilisée ? Et est-elle dangereuse pour la santé ? 20 Minutes vous dit tout sur la lacrymo.

A 7 heures, « 42 événements, dont 25 sur la voie publique », réunissant 1.200 manifestants, étaient recensés sur le territoire, selon une source policière faisant état de deux interpellations. Parmi les blocages, celui du lycée Maurice-Ravel dans le 20e arrondissement de Paris par au moins 300 lycéens brandissant des pancartes « bloque ton lycée contre l’austérité ».

A Marseille, des petits groupes qui tentaient de se rassembler ont été rapidement dispersés, parfois à coup de lacrymogènes, notamment dans le quartier de la Joliette, près du port. Des appels avaient été lancés sur les réseaux pour bloquer dans ce quartier le siège de l’armateur CMA-CGM, propriété du milliardaire Rodolphe Saadé.

Jean-Luc Mélenchon appelle les manifestants « à la plus grande discipline » en cette grande journée de mobilisation sociale. « Refusez tout débordement car c’est cela qu’espère et attend le ministre de l’Intérieur pour justifier sa propre violence habituelle contre le peuple », a écrit sur X le leader de la France insoumise, qui manifestera dans les rues de Marseille dans la matinée.

La préfecture du Var annonce sur son réseau X que deux opérations escargot sont en cours sur l’A57 et l’A50 aux entrées de Toulon.

Les pharmacies sont également mobilisées ce jeudi : environ neuf sur dix garderont le rideau baissé pour dénoncer la réduction des remises commerciales sur les génériques, une mesure destinée à réduire les dépenses de santé mais jugée catastrophique par la profession.

La situation est déjà tendue devant le lycée Ravel dans le 20e arrondissement de Paris, qui a été bloqué tôt ce matin par des manifestants. Les forces de l’ordre sont présentes en nombre sur place pour lever le blocage.

La RATP annonce ce jeudi matin des perturbations « conformes aux attentes » dans les transports parisiens. Comme annoncé dès mardi, à l’exception des lignes automatiques (la 1, la 4 et la 14), le métro ne circulera qu’aux heures de pointe, entre 6h30 et 9h30 puis entre 16h30 et 19h30. Pendant ces créneaux, le nombre de trains sera réduit sur toutes les lignes de métro non automatiques, jusqu’à 1 seul train sur 5 pour la ligne 3, et la desserte de certaines lignes s’arrêtera avant leur terminus, a précisé la RATP.

La situation est même « mieux que prévue » pour les lignes 9, 10 et 13, dont les fréquences seront finalement d’un train sur deux pour la première et d’un train sur trois pour les deux autres, contre un train sur trois et un train sur quatre prévu la veille. Les trains de la ligne 3, qui ne devait fonctionner que sur une partie du trajet, circuleront finalement sur toute la ligne, a ajouté la RATP. Dix stations seront fermées toute la journée, parmi lesquelles Place de Clichy, Opéra, Bastille ou République.

Pour le RER A, ligne la plus fréquentée d’Europe, 3 trains sur 4 circuleront en heures de pointe et 2 sur 3 en heures creuses. Concernant le RER B, qui relie notamment Paris à l’aéroport Charles-de-Gaulle, seul un train sur 2 circulera toute la journée. Les autres lignes de RER seront également perturbées, surtout la D et la E.

Alors que les autorités annoncent la présence de 5.000 à 8.000 « individus dangereux » dans les différents cortèges, Bruno Retailleau affiche la plus grande fermeté. « Nous serons intraitables », a indiqué ce jeudi matin le ministre de l’Intérieur démissionnaire.

« La consigne est très claire : dès qu’il y a le moindre dérapage, il faut que les forces de l’ordre aillent au contact pour interpeller, pour remettre les individus à la justice. La consigne est simple. C’est de ne supporter aucun blocage quand il y a blocage, c’est de ne supporter aucun blocage. Quand il y a blocage, on débloque », a poursuivi le ministre de l’Intérieur.

Une tentative de sabotage sur un réseau d’eau en Martinique a été déjouée et « des points de blocage débloqués » en région parisienne, a annoncé ce jeudi Bruno Retailleau. En Martinique, « il y a eu une tentative de sabotage sur un réseau d’eau, une vanne qui était fermée », a expliqué le ministre démissionnaire de l’Intérieur à la presse lors d’un déplacement porte d’Orléans. Selon une source au sein de la gendarmerie, à la Trinité (Martinique), une vanne d’eau a été volontairement fermée sur le site « Directoire », destiné à l’acheminement de l’eau dans le Sud du département, impactant 150.000 personnes. L’accès a depuis été rétabli.

« On a eu des tentatives de blocages sur Paris. Autour de Paris, c’est des dépôts de bus à Aubervilliers, par exemple, à Saint-Denis. On a déjà débloqué un certain nombre de blocages. D’autres tentatives sont en cours, elles subiront le même sort : nous débloquerons les dépôts partout en France », a encore assuré Bruno Retailleau.

Pour bien comprendre le mécontentement des pharmaciens, rien de plus simple : il vous suffit de lire notre article sur ce mouvement.

Une autre grève a lieu également ce jeudi. Les pharmaciens se mobilisent pour dénoncer la réduction des remises commerciales sur les médicaments génériques. Environ neuf officines sur 10 vont rester fermées.

Paru mercredi, un sondage Elabe pour BFM TV montre qu’une majorité de Français soutient cette journée de mobilisation intersyndicale. En effet, 56 % des Français approuvent ce mouvement social. Parmi ceux-ci, 31 % soutiennent la mobilisation et 25 % se montrent sympathiques envers celle-ci. À l’inverse, 25 % la désapprouvent, dont 14 % qui y sont opposés et 11 % hostiles.