Les lobbies ciblent les défenseurs de l’environnement : 146 tués ou disparus en 2024.
Claire Nouvian, fondatrice de l’ONG BLOOM, a été victime de menaces très violentes en juin dernier, son association ayant signalé des actes directs et des agressions physiques. En 2024, Global Witness a documenté 146 meurtres et disparitions de défenseurs des terres et de l’environnement, correspondant à « environ trois personnes […] tuées ou disparues chaque semaine ».
Des violences envers ceux qui cherchent à protéger la nature se produisent également en Europe. C’est l’expérience vécue par Claire Nouvian, fondatrice de l’ONG BLOOM, qui se bat contre la destruction des océans et la pêche industrielle. En juin dernier, son association et elle ont reçu des menaces très violentes.
« Les lobbies de la pêche industrielle se sont déchaînés contre nous. On a vu une palette d’actions qui s’est agrémentée d’actes directs, d’agressions physiques. Ils ont saboté nos câbles internet, usurpé l’identité de collègues, suivi des collègues dans le métro et dans la rue, y compris moi. Ils ont vandalisé ma porte, peinturlurée, jeté de la peinture noire à mon domicile, malgré les deux sas de sécurité. C’est donc allé très très loin. On va dire en gros que l’étape d’après, c’est vraiment l’arme à feu. Je ne vois pas vraiment ce qu’ils peuvent faire de plus, » a déclaré Claire Nouvian.
Un autre exemple des menaces pesant sur les défenseurs européens de l’environnement concerne les procédures-bâillons. En Bosnie, Sunčica Kovacević et Sara Tuševljak sont poursuivies en justice depuis quatre ans pour diffamation. Elles ont exprimé leur opposition à la construction de petites centrales hydroélectriques sur la rivière Kasindolska. Ces deux jeunes femmes ont réussi à faire suspendre la construction d’une centrale pour non-respect des charges techniques. La société bosniaque BUK les poursuit en justice pour diffamation, notamment en raison de leur campagne publique contre l’impact environnemental des projets hydrauliques de l’entreprise.
Sunčica Kovacević explique : « Ils nous demandent de retirer ce que l’on a dit sur leur projet et sur les conséquences pour notre communauté locale. Ils nous demandent aussi de payer pour les dommages. » Si elles perdent le procès, elles pourraient être condamnées à verser plus de 10.000 euros. Les poursuites ont débuté en 2022 et sont toujours en cours. La société bosniaque appartient en réalité à une autre entreprise, belge, nommée Green Invest.
Ces procédures-bâillons sont devenues courantes en Europe. Elles visent à faire taire les activistes et à épuiser financièrement les associations de défense de l’environnement.
Environ trois personnes sont tuées ou disparues chaque semaine tout au long de l’année 2024. « Global Witness a documenté 146 meurtres et disparitions à long terme de défenseurs des terres et de l’environnement en 2024 », indique l’ONG dans son rapport. Cela correspond à « environ trois personnes […] tuées ou disparues chaque semaine tout au long de l’année 2024 », souligne-t-elle.
Ce chiffre est en baisse par rapport à 2023 (196 cas), mais « cela n’indique pas que la situation des défenseurs s’améliore », pointe l’ONG, notant que le nombre de cas est sous-estimé dans plusieurs pays.
Selon Global Witness, plus de quatre cas documentés sur cinq se sont produits en Amérique latine. La Colombie demeure le pays le plus meurtrier pour les activistes écologistes, avec 48 assassinats recensés l’an dernier, après 79 en 2023. Le pays représente un tiers des victimes au niveau mondial.
« De nombreux peuples autochtones, communautés paysannes et afrodescendantes vivant en Colombie craignent de dénoncer les dégâts environnementaux infligés par les industries extractives, en particulier les défenseurs opérant à proximité de groupes armés et dans des zones de conflit, » souligne l’ONG.
La Colombie, confrontée à plusieurs groupes armés impliqués dans l’extraction minière illégale et le trafic de cocaïne, est suivie du Guatemala, du Mexique, du Brésil et des Philippines.
Depuis 2012, date à laquelle Global Witness a commencé son recensement, le nombre de défenseurs de l’environnement tués ou disparus s’élève à 2253 personnes.

