Que penser de la pétition de Philippe de Villers contre l’immigration ?
Début septembre, Philippe Le Jolis de Villiers de Saintignon, plus modestement appelé Philippe de Villiers, s’est lancé dans une grande campagne de promo pour la sortie prochaine de Populicide, son « livre testament » dans lequel il pleure, sur 418 pages, le « grand remplacement » du peuple français. Une pétition qui aurait dépassé le million de signatures.
Début septembre, Philippe Le Jolis de Villiers de Saintignon, plus connu sous le nom de Philippe de Villiers, a lancé une campagne de promotion pour son prochain ouvrage, Populicide, qu’il qualifie de « livre testament », dans lequel il déplore, sur 418 pages, le « grand remplacement » du peuple français. En parallèle, il a mis en ligne un site Web contenant une « pétition » visant à organiser un référendum sur l’immigration, ou plutôt contre l’immigration. Cette pétition aurait atteint plus d’un million de signatures.
Il est difficile de déterminer avec précision l’identité des personnes derrière le site « referendum-immigration.com ». Une analyse rapide du nom de domaine révèle qu’il a été créé le 5 septembre, mais que le propriétaire a été « supprimé pour des raisons de confidentialité ». Bien que Philippe de Villiers soit mentionné comme l’éditeur, le « directeur de la publication » et le « responsable du traitement des données » du site dans les « mentions légales », l’adresse physique fournie n’est pas la sienne, mais celle d’un immeuble parisien abritant plusieurs médias appartenant au milliardaire Vincent Bolloré, dont Europe 1 et CNews.
Cela n’a rien d’étonnant, sachant que le souverainiste de Vendée, qui soutient Éric Zemmour, anime une émission sur CNews, tous les vendredis, intitulée « Face à Philippe de Villiers ». Les liens entre l’auteur de la pétition et l’empire Bolloré sont transparents. Les signataires de la pétition doivent consentir à ce que leurs données soient transmises à « la société Lagardère Media » (qui fait partie de Vivendi) afin de recevoir les « bons plans » du JDD et JDNews. De plus, les médias du milliardaire ont largement couvert l’initiative de Philippe de Villiers, n’hésitant pas à mentionner l’adresse du site pour « consulter la pétition en ligne si vous ne l’avez pas déjà fait », y compris à la radio.
Le texte a également été massivement relayé sur les réseaux sociaux par l’extrême droite, que ce soit par des comptes anonymes ou par des personnalités comme Sébastien Chenu, vice-président du RN, ou la députée Reconquête Sarah Knafo. Sur X, cette dernière a qualifié le nombre de signatures revendiquées d’« engouement populaire ». De nombreux utilisateurs se félicitaient, lundi, d’avoir dépassé le million de signatures en moins d’une semaine, plus rapidement que pour la pétition contre la loi Duplomb.
« On a, de ce côté de la sphère politique, un potentiel fort de mobilisation sur les réseaux sociaux et sur Internet pour certaines causes », explique à 20 Minutes un spécialiste des enquêtes d’opinion d’un grand institut de sondage. Cependant, cette mobilisation doit être relativisée, selon lui, car « l’outil activé par Philippe de Villiers n’est pas totalement raccord juridiquement compte tenu de la difficulté à aller vérifier les signataires », souligne l’expert.
En effet, alors qu’il fallait s’identifier via France Connect pour signer la pétition contre la loi Duplomb, il suffit d’entrer une fausse identité et une adresse mail aléatoire pour signer celle du souverainiste vendéen, comme 20 Minutes a pu le constater. Ainsi, il sera impossible de connaître le nombre réel de personnes ayant signé cette pétition.

