Guerre en Ukraine : Poutine tire profit de l’usure pour la Russie
Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a dénoncé la stratégie russe de gagner du temps pour prolonger la guerre. Selon Maurine Mercier, « Aujourd’hui on fait face à des attaques de centaines de drones sur les villes ukrainiennes alors qu’il y a encore un an, c’étaient des dizaines de drones qui arrivaient sur ces villes ».
Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a réaffirmé à plusieurs reprises que la stratégie russe consiste à gagner du temps pour prolonger le conflit. Cette analyse est confirmée par nos deux experts, qui soulignent plusieurs facteurs favorisant Vladimir Poutine.
En dépit des difficultés rencontrées par l’Ukraine pour renouveler ses effectifs militaires, la Russie bénéficie d’un avantage décisif : sa supériorité démographique. Maurine Mercier, journaliste basée à Kiev, explique : « La Russie a comme stratégie d’utiliser le temps, car il joue en sa faveur. Elle a définitivement plus d’hommes à disposition. Elle fait aussi tourner son industrie d’armement à plein régime alors que l’Ukraine, de facto, s’affaiblit ». Pour illustrer la montée en puissance de Moscou, elle cite un exemple concret : « Aujourd’hui, on fait face à des attaques de centaines de drones sur les villes ukrainiennes alors qu’il y a encore un an, c’étaient des dizaines de drones qui arrivaient sur ces villes ».
Certaines régions ressentent particulièrement cette intensification. À Kherson, une ville du sud proche de la ligne de front, « les civils sont systématiquement traqués par des drones russes dès qu’ils sortent de chez eux », décrit Maurine Mercier. Ce phénomène se vérifie tout au long de la ligne de front Sud et Est.
En parallèle, la politique occidentale contribue également à renforcer Vladimir Poutine. Federico Santopinto explique que depuis le début des hostilités, l’attitude des Occidentaux a été contradictoire. Durant le mandat de Joe Biden, les États-Unis et l’Europe ont fourni des armes à l’Ukraine tout en rejetant toute négociation avec la Russie. Aujourd’hui, Donald Trump aspire à initier des discussions avec Poutine et souhaite parvenir à un accord de paix. Toutefois, il projette de limiter considérablement l’envoi d’armements à l’Ukraine, laissant la responsabilité sur les Européens. Les États-Unis , selon Federico Santopinto, « ont un discours extrêmement ambigu ». Trump semble également envisager un désengagement, ce qui donne un espoir à Poutine. Plus le temps passe, plus l’Ukraine s’affaiblit militairement, surtout sans le soutien des États-Unis. Dans ce contexte, le président russe n’a aucun intérêt à négocier la paix.
Le politologue souligne qu’il n’est pas sensé d’espérer faire négocier Poutine sans une véritable pression sur son pays. « Pour pousser Vladimir Poutine à négocier la paix, il faut lui mettre la pression. Il faut même lui faire peur. En guerre, on ne négocie pas comme ça. En guerre, on met la pression, on annonce que l’adversaire va souffrir, mais après, on se montre disponible à discuter », précise Federico Santopinto.
La solution logique serait donc de d’abord renforcer militairement l’Ukraine afin de rétablir l’équilibre des forces et véritablement menacer le territoire russe, avant d’entamer des négociations de paix. Sans un changement de stratégie, le conflit risque de se prolonger, la Russie étant en mesure de maintenir cette guerre longtemps, tandis que l’Ukraine lutte contre l’épuisement de sa population et la pression du temps.
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