Belgique

Réforme du chômage : afflux de demandes, « les gens ne sont pas rassurés »

Dans le centre d’insertion socioprofessionnelle Funoc, situé à Gilly, 1400 personnes se forment chaque année, comprenant des chômeurs et des personnes issues du CPAS. Vincent, 59 ans, est au chômage depuis 20 ans et se forme à l’horticulture, tandis que Claudy, 50 ans, ancien ouvrier polyvalent, se forme pour travailler dans le secteur des sanitaires après avoir été au chômage pendant une petite dizaine d’années.


Cette recherche de formation visant à accéder à un emploi et à éviter l’écueil de l’exclusion liée au chômage a été observée par notre équipe de reportage dans un centre d’insertion socioprofessionnelle, la Funoc, situé à Gilly, dans la région de Charleroi. Sur place, des demandeurs d’emploi se forment à différents métiers dans l’espoir de retrouver un travail.

C’est le cas de Vincent, 59 ans, qui se forme à l’horticulture. Au chômage depuis 20 ans, il a une expérience diversifiée, ayant travaillé dans plusieurs secteurs. Après avoir passé une partie de sa carrière dans l’imprimerie, il a été intérimaire dans le secteur aéroportuaire et dans le domaine de la cuisine. L’annonce imminente de la fin de ses allocations de chômage le préoccupe, car à 59 ans, il s’interroge sur sa capacité à retrouver un emploi.

« Malgré tous mes acquis, ça va être compliqué », évalue-t-il. « On va devoir prendre des boulots précaires sous-payés parce qu’on n’aura pas le choix », dit-il, craignant que les entreprises préfèrent embaucher à bas prix ces demandeurs d’emploi dans une situation critique. « Je suis en stress complet, je me demande si on ne va pas tous tomber dans la précarité. C’est une mesure antisociale », explique Vincent, qui vit actuellement avec des allocations de chômage de 1500 euros, une situation qu’il juge « limite ».

Se former dans l’espoir de retrouver un travail, c’est également le cas de Claudy, 50 ans, ancien ouvrier polyvalent. Passé par le secteur de l’intérim, il a fait des études de chauffagiste il y a plusieurs années et se forme maintenant pour travailler dans le secteur des sanitaires. Au chômage depuis environ dix ans, la perspective de perdre ses allocations de chômage lui fait peur, notamment pour sa famille. « On ne sait pas comment on va se nourrir, comment on va se débrouiller pour mettre quelque chose sur la table », insiste-t-il, affirmant vivre aujourd’hui avec environ 1200 euros.

Du côté des formateurs de ce centre d’insertion socioprofessionnelle, la réforme du chômage et la limitation des allocations à deux ans ont entraîné divers changements. « Il y a un gros travail de pédagogie à faire pour informer les gens afin qu’ils soient bien conscients de ce qui les attend », résume Thierry Tournoy, responsable de la Funoc, qui forme chaque année 1400 personnes, chômeurs comme individus issus du CPAS. Il explique que certains sont touchés par la réforme mais ne sont pas informés au moment de recevoir le courrier de l’Onem.

D’autres demandeurs d’emploi semblent saisir les enjeux de la situation. Cela a généré « une accélération des demandes de formation », selon Thierry Tournoy. « Les gens sont en panique et cherchent des solutions, même si cela les amène à s’engager dans une formation qui ne leur convient pas et pour laquelle ils n’ont pratiquement aucune chance de déboucher sur un emploi, puisque cela ne fonctionne pas », ajoute-t-il. Il mentionne aussi « des gens qui souhaitent absolument s’inscrire à une formation dans les métiers en pénurie afin d’obtenir une dispense concernant la suppression des allocations ».

En effet, les demandeurs d’emploi en formation pourront conserver leurs allocations durant la durée de leur apprentissage.