PSG – Lens : « Comme des criminels transférés de prison » au Parc
Le 21 septembre, les supporteurs parisiens seront interdits de se rendre à Marseille, tandis que 1.000 Lensois ont pu venir soutenir leur équipe au Parc des Princes. Selon les témoignages, des CRS ont bloqué l’accès aux ultras lensois et une opération de fouille a été réalisée, contraire au protocole établi.

La gestion des déplacements des supporters en France continue de poser problème, comme en témoigne l’épisode 3.846 de cette saison. Il n’est plus rare que, selon les clubs et à la discrétion des préfectures, les fans visiteurs soient interdits d’accès au stade de l’hôte, ce qui sera le cas des Parisiens le 21 septembre à Marseille. En revanche, les supporters lensois ont pu se rendre en nombre (1.000) au Parc des Princes dimanche, même si leur déplacement était encadré par des mesures préfectorales.
Cependant, leur expérience à Paris s’est transformée en un véritable cauchemar, car beaucoup n’ont pas pu assister au match, et nombreux sont ceux qui n’ont même pas pu entrer dans le stade. Les Red Tigers, l’un des principaux groupes ultras, dénoncent une « organisation honteuse, catastrophique, volontairement provocatrice » dans un communiqué, affirmant que ce n’est pas un “incident isolé”, mais une méthode : « mise en scène autoritaire, isolement contrôlé, humiliation publique, violences policières présumées. »
Que s’est-il passé aux alentours de 17 heures ? « À mon arrivée, l’ambiance était glaciale, il y avait des CRS et de la sécurité partout, comme si nous étions des criminels en transfert de prison, relate Florian*, un supporter lensois. J’ai pu entrer dans le stade, mais les forces de l’ordre ont bloqué tous les bus contenant des ultras; personne ne pouvait sortir, même pour aller aux toilettes. »
« Certains avaient la tête défigurée »
D’après les témoignages recueillis, deux CRS bloquaient chaque entrée des véhicules et exigeaient que les supporters lensois sortent un par un pour une fouille intégrale, malgré le fait que cela contrevenait au protocole établi. Ces demandes ont été jugées humiliantes par les Lensois, qui ont donc refusé de quitter leurs véhicules.
« Puis, à un moment donné, ils ont décidé de sortir pour accéder à la fouille à l’entrée du stade, mais ils ont tous été bloqués, et c’est là que la situation a dégénéré », explique Florian. Les CRS, renforcés par la Brav-M**, « cette brigade tristement célèbre pour ses violences policières gratuites lors des mobilisations sociales », d’après les Red Tigers, ont alors utilisé matraques et gaz lacrymogènes contre les supporters lensois.
« Moi, j’ai vu la tête de certains totalement défigurée, méconnaissable, raconte Quentin*, présent aussi dans le parcage lensois. C’est inimaginable tout ce qu’ils ont pris dans la gueule. Pourquoi ils nous ont foutu la Brav-M ? C’est la première fois que, dans un stade de foot, on met la Brav-M pour les supporters adverses, on n’a pas compris. La Brav-M, c’est pour en découdre. »
Star-Wars, matraques et escorte
Au moment où les groupes ultras étaient bloqués à l’extérieur, de nombreux supporters lensois déjà dans le stade ont décidé, par solidarité, de sortir, même si le coup d’envoi du match n’avait pas encore été donné. « Nous avons retiré nos bâches et drapeaux et voulu sortir, poursuit Florian. Au début, ils ont voulu nous bloquer en haut du parcage, ce qui n’était pas normal. Nous avons donc tous forcé. Un steward de chez nous a trébuché dans les escaliers et s’est ouvert le crâne. Un membre de notre groupe est descendu pour l’aider, mais il a été interpellé par la sécurité, qui croyait qu’il l’agressait. »
Le groupe qui est sorti du Parc s’est retrouvé bloqué entre le stade et le parking, entouré de « bonhommes Star Wars équipés avec des matraques, cagoulés, avec des boucliers et des casques », rapporte Florian. Après l’intervention du capo des Red Tigers, ils ont finalement pu rejoindre le parking après la mi-temps. Les rares supporters restés dans le stade ont également reçu l’ordre de le quitter aux alentours de l’heure de jeu, tandis que Benjamin Parrot, le directeur général du RCL, a été vu en train de discuter avec ses supporters.
Même une fois réunis sur le parking, les ennuis des Lensois n’étaient pas terminés. Ils ont dû patienter près de deux heures avant de prendre la route en direction de l’Artois, escortés par les forces de l’ordre. « Ce n’était pas une escorte, c’était pire qu’Alcatraz, à chaque aire d’autoroute, une voiture de police bloquait l’accès, s’indigne Quentin. Nous ne pouvions pas nous arrêter. On a été traités comme des animaux, du bétail. »
« Les autorités ont cherché à semer le chaos »
Florian et Quentin, tous deux chevronnés des déplacements pour soutenir leur équipe à travers la France et l’Europe, assurent que c’est la première fois qu’une telle situation se produit. « La présence des forces de l’ordre peut se comprendre, car avec le foot, cela peut vite dégénérer, ajoute Florian. Mais pourquoi un tel traitement ? Les autorités ont juste cherché à semer le chaos. C’est à cause d’eux que tout a dégénéré. S’ils avaient respecté le protocole… »
Bien que ces incidents ne découragent pas Quentin et Florian de continuer leurs déplacements, ils s’interrogent sur l’accueil qui leur sera réservé lors du match entre le Paris FC et Lens, qui se jouera au stade Jean-Bouin, à proximité du Parc des Princes. « Honnêtement, ça fait peur de revenir dans la capitale, déplore Florian. Le stade est à 100 mètres, allons-nous subir le même traitement ? »
*Les prénoms ont été changés
**Contactée, la Préfecture de police n’avait pas encore répondu à nos sollicitations
